dimanche 31 janvier 2010

Tirade à mon bailleur (ou les vers du nez)

Ah non ! C’est un peu court, jeune homme !

On pourrait dire, pour sûr, qu’vous vous payez ma pomme !

Et en variant le ton ! Par exemple, tenez :

Agressif : Moi madame, si j’avais un tel toit

Je me garderais bien de m’en mordre les doigts !

Amical : Mais tous ces champignons de rien ne vous servent !

Lancez-vous donc, Madame, dans l’commerce des conserves !

Descriptif : C’est un loft ! Un palais ! Un palace !

Que dis-je, un palace ? C’est un bel édicule !

Curieux : De quoi sert ce joli vestibule ?

De chatière, Madame, ou de boîte à cafards ?

Gracieux : Aimez-vous à ce point le bizarre

Que maternellement, vous vous acharnassiez

A cultiver mycoses et laids invertébrés ?

Truculent : Ca Madame, lorsque dans l’ascenseur

Un reptile cané vous met du baume au cœur

Finit-il rôti, au sel…ou à la vapeur ?

Prévenant : Gardez-vous, en sortant les poubelles,

De glisser dans la fange de votre tour de Babel !

Tendre : Mais qu’ils sont mignons ces petits !

Et qu’ils ont l’air triste dans ces murs tout pourris !

Pédant : L’animal, seul, Madame, que Sarkozy

Appelle Bessortefeuguaynautpécrèssébalkany

Dût avoir tant d’orgueil sous si peu de jugeote !

Cavalier : Quoi, l’amie, mais que vous êtes sotte !

Si vous êtes mal logée, c’est bien de votre faute !

Emphatique : C’est la demeure d’une reine !

Admiratif : c’est de l’amiante, ou de la laine ?

Lyrique : Est-ce un bateau ? Est-ce le Titanic ?

Naïf : Comment ça on vous prend pour une bique ?

Respectueux : Souffrez, Madame, qu’on vous salue

Vous y êtes encore, en en ayant plein le cul !

Campagnard : c’est ben pratique, qu’il pleuve dans la cuisine,

Ca économise l’eau pour cuire les aubergines !

Militaire : Aux abris !

Pratique : C’est toujours ça de pris !

Assurément, Madame, vos cafards sont ravis.

Enfin, parodiant tout Paris Habitat :

La voilà donc, cette turne, qui des nerfs d’Iguana

A détruit l’harmonie ! Et pourtant ya pas d’quoi !

Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit,

Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit.

Mais d’esprit, ô le plus lamentable des bailleurs,

Vous n’en eûtes jamais, et j’ajoute d’ailleurs,

que de lettres vous n’avez que les trois qui forment le mot sot !

Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut

Pour pouvoir lire mes lettres et comprendre mes maux

Que vous n’en eussiez pas répondu au quart

De la moitié du commencement d’une, car

Si votre publicité sort tambour et trompettes,

En vrai tu ne fais, rien, Bailleur, tu te la pètes.


(Tous mes remerciements à Edmond Rostand, qui donne des orgasmes au cerveau.)

mardi 26 janvier 2010

Cafard du matin, chagrin

Cafard du soir, chagrin tout pareil.

Ce matin (un lapin, non, je l'ai déjà faite celle-là), ce matin disais-je, Cosette et Gavroche ont fait la connaissance de leur premier cafard.

Jusque-là j'avais réussi à leur dissimuler le bestiaire en les déguisant habilement en raisins secs ou en M&M's, mais là, entre la tartine et le jus d'orange, le raisin sec sur pattes qui tourne en rond dans la cuisine, j'ai pas pu leur faire avaler (ou alors ce sont peut-être mes hurlements hystériques et matutinaux qui leur ont mis la puce à l'oreille, allez savoir).

Une main virile et néanmoins peu velue (on ne peut pas tout avoir) ayant écrabouillé puis disposé du bestiaux devant un public en délire et un chat absolument indifférent qui miaulait sans discontinuer pour exiger sa pitance, à côté du cafard qui lui tournait tout pareil sous le cul d'une bouteille d'huile d'olive vide ("Merde le fond n'est pas plat" a constaté la main virile répugnant à écraser le monstre à mains nues), Gavroche vint interrompre la douche maternelle pour s'enquérir: "Maman, c'était une bête ou un cafard?"

La même question que je me suis posée hier devant la télé, dis-donc.




vendredi 22 janvier 2010

Ouf.

Me voilà rassurée. Ce midi, je suis montée au Bengladesh pour la troisième fois en trois jours, pour signaler que ploc, il pleut toujours dans ma cuisine, surtout à l'heure des repas.
Le voisin m'a assuré que le remplaçant du gardien allait passer: "Il va venir hier!"
C'est pas demain, la veille?
Ploc.

jeudi 21 janvier 2010

Les Gaulois n'avaient peur que d'une chose...

...nous c'est que le ciel nous tombe sur la tête quand on fait pipi.






Ploc. Mais Hachem est grand, et m'a envoyé un triumvirat de Paris Habitat qui m'a promis - ploc - que les peintures seraient refaites, aux frais de la princesse (il était temps qu'elle se bouge les miches, la princesse...), et pas parce que j'avais fait un blog, non, rien à voir. Ploc. Le triumvirat promet aussi de raboter sous les portes (pourquoi pas? Je n'ai rien contre les portes cul-de-jatte) pour faire circuler l'air (de rien). Et pas parce que j'ai fait un blog, non, non.
Il convient de noter qu'ici on dort/se lave/pisse/cuisine toutes portes ouvertes car nous n'avons aucune pudeur les enfants, le chat et moi (surtout le chat qui va jusqu'à chier dans la cuisine, ploc, de préférence à la verticale de son cerveau c'est-à-dire juuuuste à côté de la caisse) et que donc l'air a déjà toute liberté -ploc -pour circuler (d'ailleurs on a même supprimé deux plocs, heu, deux portes dans cette maison, c'est dire si on est des amoureux de la liberté de circulation, un vrai espace Schengen des courants d'air). J'ajoute en passant que même la porte du cagibi ne ferme pas puisque le loquet a rendu l'âme trois mois après notre aménagement. Ploc. Donc ça va être fait, les peintures. Un jour. Et pas parce que j'ai fait un blog. D'ailleurs, Monsieur Triumvirat me l'a bien dit. Trois fois. Et a souligné que lui, il vivait dans un vieil immeuble plein de plomb. J'ai même pas pensé à lui proposer d'échanger nos turnes, c'est ballot, il aurait sûrement accepté car d'après lui, sur mon blog (qui n'est pas responsable de son passage chez moi, je vous l'ai dit?) on croirait que je vis dans une véritable ferme, alors qu'en fait quand on connaît, pas du tout (par connaître comprendre: passer dix minutes et coller une feuille de PQ sur la VMC pour vérifier qu'elle fonctionne, et ma ptite madame faut nettoyer ça de temps en temps, hein.) Il a aussi ajouté "Bon, vous avez fait un blog, c'est votre droit, hein, mais bon...." Oui, je sais, en Chine ça se passerait pas comme ça.
Ploc.
Bon, c'est quoi ces plocs?
Ah ben tiens, il pleut dans la cuisine maintenant.






Allez, tous avec moi: "I'm cooooooking in the rain..."



PS: la vie est bien faite. Il pleut dans la cuisine, certes. Mais en plein dans l'évier. De quoi je me plains? Ploc.

jeudi 14 janvier 2010

Sous-direction, oui.

J'ai trouvé ce courrier dans ma boîte il y a trois jours. C'est une réponse à une de mes lettres à la mairie de Paris, dans laquelle je leur expliquais, photos de champignons immondes à l'appui, que je voulais non seulement changer de logement mais aussi de bailleur, vu que Paris Habitat et moi, on est au bord du divorce pour faute lourde.

Analysons cette brillante réponse.



"Madame,"
Jusque-là ça va. Quoique si j'étais pointilleuse, je soulignerais qu'étant limite fille-mère, ils pourraient me donner du Mademoiselle.

"Vous avez bien voulu appeler mon attention sur votre souhait de changer de logement social."

Oui, je suis assez sympa d'avoir bien voulu me donner cette peine, je trouve aussi. Sauf que ce n'est plus un souhait, là, c'est une supplique. J'espère que ton attention m'a entendue.

"Dès lors que vous êtes déjà locataire d'un organisme gestionnaire de logements sociaux"

Comprendre: c'est toi, contribuable lambda, qui paies mes champignons. Enfin moi aussi un peu, hein, car ce cher Trésor ne me dispense pas de la gabelle et ne veut pas être payé en peau d'iguane.

"Je vous informe que votre demande d'échange de logement doit être déposée directement auprès de votre bailleur actuel."

Et moi je vous informe que si vous aviez pris la peine de lire mon courrier et/ou d'allumer votre cerveau, vous auriez vu que l'objet de mon message était que je voulais justement changer de bailleur.

"Je crois utile de vous préciser que cette demande devra être motivée avec soin"

Je crois utile de vous préciser qu'il y a des champignons sur les murs, des bouts de peintures dans le bol du petit-déjeuner, des iguanes dans l'ascenseur, de l'amiante dans les couloirs et des cafards dans le lave-vaisselle. Je crois utile aussi de vous préciser que là, vous me prenez vraiment pour une conne.

"notamment en fournissant les éléments qui justifient ce changement"

D'accord. Je vais faire comme une amie de ma belle-mère; je vais capturer des cafards vivants et les envoyer dans une enveloppe bulle à votre secrétaire. Elle sera contente du cadeau. Les intestins d'iguane à l'amiante, je mets avec ou séparément?


"(évolution de votre situation familiale par exemple)."

Ca évolue grave. Mon fils de 6 ans sait maintenant faire la différence entre un cafard mâle et une femelle, et il peut citer dix types de moisissures différents.

"Je vous prie de croire, Madame, à l'assurance de ma considération distinguée."

Je vous prie de croire que ça se voit, que vous n'avez pas lu ma lettre, Madame Pour le Chef de Service.



dimanche 10 janvier 2010

Je vois....

On dirait un graphique de la courbe de popularité d'un roitelet-président.
On dirait la ligne bleue des Vosges.
On dirait les dents de la mer.
On dirait une grasse coulée de...lait qui dégouline sur une fenêtre. Sale, la fenêtre.
On dirait une nappe en papier déchirée.

On dirait que je chausse du 41.
On dirait la peinture qui tombe par plaque au-dessus d'un mur constellé de moisissures.
On dirait un appartement de Paris Habitat qui tombe en lambeaux dans l'indifférence générale.
On dirait le mur des lamentations qui sépare le lit de la mère lasse des enfants qui dorment.

C'est le mur de ma chambre, quoi.






jeudi 7 janvier 2010

Le STH elle aime

Le STH (Service Technique de l'Habitat) est passé à ma demande, sous la forme d'un charmant inspecteur, pour mettre le nez sur mes murs et sniffer quelques champignons. Il en a déduit que oh la la, non seulement c'est dans un état pitoyable (qu'il soit béni jusqu'à la douzième génération) mais qu'en outre l'origine du problème des champignons est aussi mystérieuse qu'inexplicable (rejoignant ainsi l'opinion d'un plombier de passage - mais pas celle de mon gérant le libre-penseur, pour qui "c'est peut-être pas des champignons." En effet, c'est peut-être, je sais pas moi, du goudron? Qu'on me trouve des plumes, je lui fais un dessin.)

Soit dit en passant ce monsieur était fort charmant et ne s'est pas formalisé le moins du monde quand Gavroche lui a balancé "Bonjour Monsieur, oh on dirait un Chinois" sur quoi Cosette a renchéri pour défendre son frère à qui je faisais une grimace de désapprobation (en même temps qu'un pitoyable sourire d'excuse à Monsieur STH, le résultat devait être assez effrayant, avec le recul): "C'est vrai, il les reconnait bien, à cause des yeux."

Comme disait feu Jacques M., les enfants sont formidables.

Conséquence, le STH va envoyer une mise en demeure à Paris Habitat pour remettre en état (et croyez-moi ya du boulot, et ça risque d'être très rigolo quand il faudra empiler tous les meubles de la maison, le chat et les enfants dans le cagibi de 3m2 pour refaire toutes les peintures. Oui, le cagibi est le seul et unique endroit de l'appartement où la peinture ne tombe pas comme la dignité dans un clip de l'UMP. A moins que ce ne soit parce que le niveau de bordel qui y règne empêche de voir les murs? Je dis pas.)

Si la mise à demeure fait effet (dans l'hypothèse où elle ne soit pas adressée à un demeuré, je ne vise personne, c'est juste histoire de faire un bon (?) mot...), j'en profiterai pour faire repeindre tout l'appartement en rose et jaune.

Si elle reste lettre morte (situation de l'extrême! Mais osons repousser les bornes de l'imagination!) alors le STH portera l'affaire devant le tribunal (de police m'a-t-on dit, j'attends confirmation).

Entre temps, plongée en méditation devant les couches de peintures successives parsemant le sol de ma chambre à coucher, j'ai réalisé avec une stupéfaction teintée de découragement que le diagnostic plomb qui m'avait été fourni à l'entrée dans l'appartement ne concernait sûrement que la dernière couche de peinture étalée à la hâte et qui, dans de nombreuses pièces, ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Et que dans le mille-feuille bariolé caché dessous (à une époque historiquement proche sans doute de la mort de Jeanne d'Arc, des locataires avaient peint le mur de ce qui est ma chambre aujourd'hui en vert bien foncé), il yavait peut-être assez de plomb pour remplir la carabine que doit sans doute briquer avec amour la mégère raciste du fond du couloir, au cas où des étrangers viendraient mettre à mal son identité nationale.

mardi 5 janvier 2010

Pas gégène



C'est anxiogène?
Carcinogène?
Faridondaine.
C'est vaccinogène.
Hallucinogène.
Hétérogène.
Un tantinet psychogène.
Vaguement sans gêne.
Parfois lacrymogène.
C'est pourtant pas mes œstrogènes...