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mardi 6 mai 2014

Crac boum ouin

Râââ mais je suis maudite de la voisinerie.

Avant, j'avais des cafards et des voisins qui se balançaient des chaises à la tronche, tout en tapant leurs gamins. Dans un immeuble insonorisé moyen, c'était pas la fête du slip.

L'immeuble dans lequel je vis actuellement a été conçu par un architecte fou et sadique, qui, devançant Deproges qui avait juré qu'il piègerait son corps pour qu'il explose à la gueule du premier qui le triturerait post-mortem, a imaginé une caisse de résonance à visée locative et il doit bien se marrer du fond de sa tombe (je vais au Père Lachaise régulièrement, si je le trouve je le déterre).

Et j'ai des nouveaux voisins.
Et ils crachent (beaucoup), pètent, toussent, marchent (les cons), parlent (non mais sans blague), écoutent un transistor (pffff), bref, vivent et j'entends TOUT.
Oui, je les entends cracher.
(Et éternuer. Et quand je leur dis "à vos souhaits", ils me remercient même pas, bravo).
(Le fait qu'eux m'entendent faire toutes les joyeuses activités humaines qui sont notre lot sonore et quotidien, à moi et mes enfants, m'indiffère totalement. Ma mauvaise foi peut atteindre des sommets si je veux. Certes cet immeuble est une caisse de tambour, mais c'est MOI que ça gêne le plus. J'ai dit).
Et puis alors là depuis deux jours, ils poncent. De 9h du matin à 21h30. Mes mômes sont des zombies et oui, j'y suis allée, oui. Pour un premier contact, c'est de la balle.

Alors bon, je voudrais bien savoir ce que j'ai fait dans ma vie d'avant pour mériter ça sans déconner. C'est déjà pas une sinécure de trouver à se loger à Paris, et le montant de mon loyer me laisse juste assez de thunes pour, heu, ben pour payer le loyer suivant en fait, alors pourquoi nom d'une pipe à merde je peux pas être tranquille?????

La liste des trucs que j'ai dû faire dans ma vie antérieure:
- avoir torturé une concierge
- avoir fait cocu mon architecte de mari
- avoir fait tomber un chaton dans les fondations d'un immeuble haussmanien (inspiration Zola, sauf que lui c'était pas un chaton, et celui qui trouve dans quel bouquin c'est gagne une paire de bouchons d'oreilles, mis une seule fois)
- avoir empoisonné un adjoint au maire au logement à la sardine pas fraîche
- avoir avorté à la ponceuse électrique avant la loi Weil
- avoir filé un logement social à un agent immobilier

Bon en attendant on peut toujours avancer qu'au moins je n'ai plus de cafards, et ça, ça n'a pas de prix, et tous les jours je remercie mon karma de ne m'avoir plongée dans un nid de cafards que quatre ans et demi au XXIe siècle (parce qu'au siècle précédent j'avais aussi joué à la fille qui hurle dans un appart où ils me couraient dessus pendant la nuit, mais c'est une autre histoire).

Du coup, maintenant j'ai ça:


C'est à peine plus propre mais c'est autrement plus mignon. Pourquoi? Vu que par rapport à un cafard, c'est quand même gigantesque, pourquoi est-ce que ça ne me fait pas hurler, frissonner, sauter, pleurer de rage et de dégoût? Les poils? La queue? (Oui le terrain devient glissant je sais).

J'en ai déduit que c'était le côté mammifère qui me faisait relativiser et accepter la cohabitation (c'est pas comme si j'avais le choix non plus). Mais aussi, et surtout, le fait d'avoir baigné toute ma vie dans une culture qui dit qu'une souris, c'est mignon. Contrairement à un blaireau, un iguane, une araignée ou un ragondin (si je trouve un ragondin sur ma gazinière mon coeur risque de lâcher quand même).

Donc il aurait fallu qu'on me répétât depuis toute petite qu'un cafard c'est trop chou, le bruit de la ponceuse trop joli, les coups de marteau über-sympa et les crachats des voisins vachement rigolo pour que ma vie soit une fête. A quoi ça tient quand même (à un imparfait du subjonctif, apparemment).

Et pendant ce temps, je tiens à souligner que c'est vraiment la crise pour tout le monde:


J'ai encore fait une affaire, moi.




dimanche 20 janvier 2013

2013, année de la chaise.

Les voisins sont bruyants. Tous. Sauf la Mamie d'en dessous, qui est un fossile silencieux à la vie moquetée, et dont je n'entends parler que quand l'un des mes diaboliques appareils ménagers déborde, inonde et fait pleuvoir chez elle. Ou quand j'arrose mon basilic, que ça coule sur sa fenêtre et qu'elle est pas contente (ça doit mouiller la moquette). Le basilic ests tombé lors de la dernière tempête, donc nos rapports sont plutôt neutres.

En revanche la voisine d'à côté hurle en polonais environ tout le temps. Sur son fils ou sur personne. Comme notre cloison commune est celle du salon, ça ne m'empêche pas de dormir.
Les voisins du dessus crient beaucoup, et font tomber pas mal de trucs. C'est surtout le père qui gueule, éventuellement le fils aîné, qui doit avoir dans les 15 ans.  Parfois des meubles tombent. Les chaises doivent voler bas. La mère je l'entends moins, et la fille, qui a onze ans, je ne l'entends pas. Sauf lorsqu'elle pleure.

Un soir de janvier, vers 22heures et des brouettes, moi je travaillais à mon bureau, Mozart dans les oreilles. Et la petite du dessus s'est mise à hurler. Elle a l'âge de la mienne, mes tripes maternelles ne peuvent s'empêcher de faire des comparaisons. Sauf que la mienne, elle n'a jamais hurlé comme ça. Une fois peut-être quand un bout de son doigt est resté dans l'encadrement de la porte et que la porte a claqué, elle a passé le mur du son. Ya longtemps.

La petite se met à hurler, mon coeur se serre, la fonction culpabilité de mon cerveau se met sur "on," je dis à Mozart de jouer plus fort, je bosse. Ce n'est pas la première fois. Qu'est-ce que je peux faire? Monter avec mon costume de justicière bien-pensante occidentale, tambouriner à la porte et leur hurler qu'on n'assomme pas une gamine de onze ans à l'heure où les braves gens dorment, quoi qu'elle ait fait? Je le prendrais comment, moi, si la voisine d'à côté venait me faire la morale quand je hurle sur mon fils ou qu'il se prend une fessée?

Mais elle ne s'arrête pas. Elle hurle et elle proteste. Pas comme quand on se prend une paire de baffes, que le choc est violent et soudain s'arrête, non, comme si on lui faisait quelque chose.

Je ne travaille plus. J'ai étouffé Mozart. La boule de mon ventre est montée à la gorge.

Elle ne s'arrête pas. Ca doit faire quoi, une minute? C'est long, une branlée d'une minute non?

Qu'est-ce qu'ils lui font?

Brusquement je passe en mode "extinction cérébrale." c'est insupportable d'entendre cette gamine hurler, et tant pis pour ce qui pourrait m'arriver à moi, si je monte, seule, femme, nuitamment, chez ces gens.

Parce qu'aussi lâche et indigne que cela paraisse, c'est bien pour protéger notre peau que le plus souvent, on ne défend pas celle des autres, fussent-ils des enfants. Pour agir, il faut neutraliser son côté pensant, celui qui dit mais tu vas t'en prendre une aussi!!! Que ce soit pour la gamine du dessus, le clodo qui se fait emmerder, souvent, trop souvent, le cerveau a raison des tripes et trouve la bonne excuse pour pas y aller.

Bon là mes tripes me sont montées à la gorge, et moi je suis montée au cinquième après avoir enfilé des sabots et attrapé mes clés au passage.

Je suis devant leur porte, la petite hurle toujours. Je mets le doigt sur l'oeilleton, et je sonne. Les hurlements s'arrêtent immédiatement. On chuchote. On approche. On n'ouvre pas. Je sonne. je re-sonne. Je re-re-re-sonne. Je laisse le doigt sur la sonnette. Ils m'énervent. Ils peuvent quand meme pas faire semblant de pas être là, non seulement ils tapent leur gamine mais en plus ils me prennent pour une conne.

La porte s'ouvre, c'est le grand ado de 15 ans. "Elle va bien ta soeur? Je l'entends crier qu'est-ce qu'il se passe?"

Et là, la réponse qui tue:

"Elle est tombée de sa chaise".

Ah ouf. J'ai eu peur, à un moment j'ai cru qu'ils la tabassaient dites-donc. Mais si elle est juste tombée de sa chaise, c'est normal qu'à onze ans elle hurle comme si on lui arrachait une dent sans anesthésie. C'est vrai, yen a qui en sont morts il paraît.

"Je peux la voir?"

J'avance dans le couloir, la petite est là, dans l'encadrement de la porte d'une chambre, en larmes, la tête basse.
"Ca va? Qu'est-ce qui t'est arrivé?"
"..tombée de la chaise."
"Quelle chaise? Où ça?"
Elle me désigne la direction du salon du bout du menton. Le grand frère a disparu, les parents ne jugent pas intéressant d'être là, ils restent dans le salon. Ca doit être normal qu'une parfaite inconnue rentre chez vous le soir poser des question à votre gamine.
"T'as mal où?"
Elle me désigne le milieu de son dos. Je le touche, elle ne réagit pas. Je lui prends le bras, lui montre une cicatrice bizarre, qui pourrait être une brûlure--ou une tache de naissance un peu croûteuse. "C'est quoi ça ma puce?" "Je sais pas."

"Alors t'es tombée de ta chaise? Mais ça t'arrive souvent de tomber d'une chaise comme ça?"
Elle garde la tête baissée. Murmure.
"Oui."

Je lui dis que je suis en dessous. Qu'elle peut venir quand elle veut. Si elle a un problème. Ou pas. Je repars, le fils qui m'entends ouvrir la porte vient la refermer derrière moi.

Je rentre chez moi, les vannes s'ouvrent, je chiale dix minutes et..j'appelle le 119. Où une dame m'explique après que je lui ai tout raconté que chaque famille a ses méthodes d'éducation. Que tant qu'il n'y a pas de violence conjugale (sic) manifeste, et étant donné qu'ils m'ont laissée entrer, tout va pour le mieux. Sinon ils ne m'auraient pas laissée pénétrer chez eux. Pas moyen de lui faire comprendre qu'à 11 ans on ne se fait pas mal en tombant d'une chaise au point de hurler de douleur pendant des plombes, que j'ai une fille de onze ans, j'ai une vague idée du fonctionnement de la machine, et que je vois bien que quelque chose ne va pas. Mais non; elle m'assure que tant que je n'ai rien vu, il ne s'est rien passé. Alors quels sont les signes, lui demandé-je? Quels indices justifient qu'on appelle ce fameux 119? Eh ben c'est trèèèèèès simple: "Si vous voyez des parents être violents en public, par exemple".

Ah ben oui suis-je bête. Si la mère lui colle un coup de ceinture devant l'école ou que son père la viole dans l'ascenseur devant moi, je rappelle.

Il paraît qu'on ne peut rien faire.

samedi 3 novembre 2012

Animal rit

"Un matin que je partais disperser mon passé (non, un bout de mon passé, faut pas rêver hein) aux quatre vents d'un volcan en colère, alors que la voisine raciste dormait, que la mère célibataire polonaise ne criait pas encore, que la voisine aigrie n'avait encore aucun enfant en trottinette à se mettre sous la hargne, que la Mamie à chien ne squattait pas encore l'ascenseur avec son cabot aussi tremblant et fou de solitude qu'elle, que les voisins en "amicale" (oxymore en un mot, les membres de cette association étant tout sauf amicaux avec quiconque) n'avaient pas encore pris leur plume pour se plaindre auprès du bailleur que les chats du gardiens évoluaient en toute liberté dans la cour tels des animaux sauvages et furieux voire pleins de maladies, que le bailleur n'avait pas encore fait afficher par le gardien lui-même, au pilori de la honte, un avis de ranger ses propres chats, telles les confessions publiques avec panneau autour du cou des meilleures années du Grand Bond en Avant, que les voisins du dessus ne réveillaient pas encore tout l'étage en se hurlant des bengladaiseries à la tronche, que mes cafards faisaient encore la teuf dans la cuisine, que Ginette n'avait pas encore alpagué un passant pour l'envoyer acheter ses sèches et se mettre à pleurer qu'elle aimait bien sa ptite maman qu'était morte maintenant, que les mômes du 2e n'étaient pas encore sortis au Lidl faire à trois (3 ans, 5 ans, 7 ans) les courses pour les parents que personne n'a jamais vu sortir de chez eux, que le gros Monsieur qui sent pas bon n'était pas parti faire sa balade en poussant le fauteuil roulant vide qui lui sert de déambulateur (ou peut-être croit-il promener un être aimé disparu ou enfui), j'ai croisé une souris dans le hall. Elle courait très très vite, elle avait l'air très très en retard, elle a peut-être même regardé sa montre et elle était peut-être en gants blancs, je sais pas, j'étais dans le gaz, il était tôt, je voulais pas rater mon avion."

Extrait de "Alice au pays des HLM," éditions J'ai Bu.

dimanche 8 avril 2012

Sous-texte

Devinette: de celui qui se glissa dans ma boîte aux lettres ou de celui qui fut scotché sur ma porte, sauras-tu reconnaître le vrai poisson d'avril?






Je n'ai pas eu la chance de voir la queue d'un technicien.

"Euro service décline toute responsabilité pour l'entretien des appareils inaccessibles (...) dans les appartements dont l'accès lui a été rendu impossible par la présence d’enfants en bas âge ou d’animaux pouvant présenter un danger pour nos techniciens"

C'est quoi ces manières de souligner mes enfants en bas âge et mes animaux?

En terme d'enfants en bas âge, oui, c'est vrai, Gavroche approche les huit ans et demi, il fait lui-même ses piqûres quotidiennes maintenant et armé d'un stylo injecteur il peut s'avérer assez redoutable. Et je mets au défi n'importe quel technicien spécialiste des mécanismes de chasse d'eau de lui faire réciter sa table de sept sans se faire hara-kiri. Il ne mord pas, mais il est capable de parler non-stop pendant sept heures, et faire décéder le tympan le plus aguerri aux bruits de robinetterie. Donc c'est peut-être lui qui a empêché un quelconque technicien d'approcher la sonnette.

Ou alors ce sont mes animaux. Le Chat, qui pèse un demi-Gavroche et se déplace à l'allure d'une limace neurasthénique, et qui sert d'oreiller à toute la famille sans bouger une moustache. L'iguane de l'ascenseur, dont les mannes hantent les couloirs et les cages d'escalier.
Ou mes cafards? C'est vrai que les deux derniers que j'ai exterminés avaient l'oeil mauvais.

Bref. Dans les cages à poules, on élève des enfants méchants.

Moi j'aurais ajouté "vos vieux" aussi, parce que le venin raciste de certains présente un réel danger pour tout ce qui passe.







mardi 14 février 2012

Pas là

Parfois je vais sur mon blog voir si quelqu'un l'a mis à jour pendant mon absence.

Ca marche jamais.

Il est aussi mal entretenu qu'un ascenseur de Paris Habitat.

(Si ça c'est pas du raccrochage aux branches thématiques alors je veux bien bouffer de l'iguane).

Comme j'ai pas le temps je vous raconte pas que les cafards ont muté, probablement nourris par les gros bouts de peintures qui tombent du mur du salon, ni que l'autre jour yavait des jouets de bébé partout dans la cour, éparpillés (j'ai cherché le bébé qui allait avec mais visiblement les rats étaient passés avant moi, j'ai retrouvé qu'un os), ni que la peinture qui tombe du mur de la cuisine ressemble à un profil de statue d'île de Pâques (il essaie de me dire quelque chose, mais quoi? Si c'est "tire-toi", c'est bien vu mon pote mais va falloir être un tantinet plus réactif), ni que la dame du fond du couloir a affiché dans l'ascenseur un petit mot où yavait marqué "Un crachat et un mouchoir. Où est l'hygiène?"

J'ai bien trouvé le crachat et le mouchoir, mais j'ai pas du tout trouvé l'hygiène.

Si vous la retrouvez, vous, merci de la rapporter au Hall 5, 4e étage, gauche au fond. Merci pour la voisine. Qui commence à sentir.

samedi 26 novembre 2011

Home is where it hurts





A part ça, comme la vie est un éternel recommencement, j'ai une fuite.

Et comme d'habitude, dans la cuisine, au même endroit que la dernière fois, sur le même mur, mais cette fois-ci groooos soulagement le plafond n'est pas touché. Pas de ploc, donc. (Mes voisins en revanche ils ont le plafond gravement fissuré j'ai l'impression. Chez eux ça doit être la douche permanente vue le nombre de fuites qu'ils m'injectent à l'année, et ça n'a pas l'air de les déranger plus que ça).

En revanche ça touche aussi le mur du salon car mon mur fonctionnant dans les deux sens, il est pourvu de deux côtés (et après on dira que Paris Habitat fait pas bien les choses!)

Bref le découragement me re-gagne mais quand même, pour le principe, en croisant les voisins je leur ai fait part de mon petit souci (je commence à recevoir des lettres anonymes de mon assurance, genre Si tu continues à goutter du mur morue on coupe le robinet, signé le Corbeau), en articulant bien (ça c'est pour le plaisir, car ils comprennent très bien tout en fait, sinon à quoi ça sert d'écouter la télé très fort toute la journée) que ya une fuite chez vous (genre ils ont pas remarqué que c'était Aqua Alta dans la cuisine) merci de réparer la fuite ou je vous envoie la note (ahahaha).

Le jeune homme qui parle toujours pour sa maman (ou pour sa soeur, c'est mignon ces ptites femelles mais ça n'a pas ça de tête, tout le monde le sait) m'a répondu que bien sûr, ils allaient appeler un pompier.

Voilà voilààààààà.....

lundi 9 mai 2011

Oh la la

Des nouvelles, vite, en passant, parce qu'on ne sait jamais, si ça se trouve les blogs mal entretenus ils les jettent à la poubelle un peu comme moi je fais avec les jouets qui traînent dans la chambre de Cosette et Gavroche alors que je leur ai dit cent fois de RANGER. Et d'ailleurs dans ces cas-là parfois j'en arrive à jeter des trucs comestibles dans une autre vie et à qui dame nature a fait le merveilleux cadeau de la vie (c'est-à-dire qu'ils se reproduisent, voire se laissent pousser les poils, et collent, mais collent). D'un autre côté un blog poilu voilà qui serait original.

En fait il ne se passe pas grand-chose dans mon HLM en ce moment: l'ascenseur est en panne depuis un bon mois, ya une fuite devant la porte de ma cave, où j'ai failli périr d'insuffisance respiratoire (c'est l'apnée ou l'asphyxie, choisis ton camp camarade, on pourrait en faire un camp d'entraînement rétroactif pour les pioupious de la guerre de 14, ya l'odeur, les détritus, les rats, les coulures, la mitraille du vide-ordure, ça manque juste un peu d'Allemands mais on va pas chipoter), Ginette attend son aide-ménagère plantée dans le hall maquillée comme une prostituée estonienne (mais de 200 kilos et en déambulateur, des amateurs?), l'escalier pue pour rivaliser avec la cave, les voisins hurlent (c'est le printemps), les chats braillent (c'est le printemps), l'élagage des trois pauvres arbres devant ma fenêtre a été si violent cette année qu'ils ont décidé de décéder, le Monsieur très grand, très noir et très souriant du 7e adore me dire qu'il me trouve très jolie avec des yeux qui sentent le cul quand on est coincés dans l'ascenseur, bref tout va bien.

A très vite.

lundi 24 janvier 2011

Nuit grave.

Dimanche, alors que je me traînais les savates pour rentrer chez moi, les godillots alourdis par les vestiges d'un peu affable virus gastro-entérochiant, décomposée et blafarde, le moral dans les bas de contention et la mèche aussi crépue que grisonnante (ça fait envie, hein), je me fis héler- -que dis-je, alpaguer, accrocher, capturer même - par Ginette.

Ginette, immense baleine aux contours flous, appuyée sur son déambulateur rafistolé au gros scotch noir (ça va péter, mon Dieu faites que je ne sois pas là le jour où ça va péter), amarrée au milieu du Hall, se mit à claironner d'une voix de cor de brume mâtinée d'une arrière-gorge de lavandière poissarde, BONJOUR MON PTIIIIIIIIIIIIIIIIIIT faut aller me chercher des cigarettes elle s'ra gentille!

Alors d'habitude, oui, elle est assez gentille, elle tient les portes aux mémés, elle sourit aux marmots et elle donne la piécette à la bonne cause. Mais les lendemains de gastro qui chiantent, elle a la gentillesse parfumée au smecta et elle veut plus trop qu'on l'emmerde.

Hélas. J'ai tenté un timide "Écoutez là Ginette ça va pas être possible, je suis malade et..."
Et vlan!! La bonde s'est ouverte et une cascade de mots dépoitraillés m'est tombée sur la tête. Ginette s'est mise à beugler "Mais moi je suis handicapééééééééééééée je vais MOURIIIIIR (je vous mets les majuscules mais vous en prendrez jamais autant dans la vue que ce que j'ai pris dans les oreilles) je suis MALAAAAAAAAAAAADE..."

"Mais Ginette, ai-je tenté (vraiment pas motivée) en tentant de respirer dans cette déferlante baveuse, c'est DIMANCHE! Le tabac est fermé!"

Et là pof! Miracle, le robinet s'est fermé d'un coup sec, Ginette a sorti son larfeuille, m'a collé six euros dans la pogne et m'a dit tranquillement "Mais porte de St Ouen yen a un d'ouvert le dimanche, c'est pas loin."

C'est comme ça qu'au lieu de me recoller au plumard devant une improbable série constipante à mâcher tranquillement du riz au smecta je me suis retrouvée porte de St Ouen à acheter des Rothmans bleues, que j'ai même pas pu en carotter une ou deux, je fume plus depuis dix piges.

Fumer tue? Je demande à voir, moi.


jeudi 4 novembre 2010

Marteau, pis coeur

Quand les Feux de l'amoûûr de la voisine du dessous (oh Joooooohn, pourquoi m'as-tu caché que j'attendais un enfant de toi?) sont couverts par les coups de marteau polyglottes du voisin du dessus, grande est la solitude de la traductrice esseulée.

(Je ne sais pas à qui attribuer le © de ce Shaddock, je l'ai pompé sur le site d'une dame qui l'avait pompé sans dire où).

lundi 4 octobre 2010

pluploc

Il ne pleut plus dans la cuisine.
(Sauf la nuit dernière dans mon rêve, et c'était la mousson.)

J'ai envoyé aux voisins du dessus Monsieur D. un homme très très grand et trèèèès costaud, ainsi que pas mal noir, et qui en impose un max. Que quand il te regarde avec un sourire tu voudrais qu'il soit ton grand frère ou qu'il ait été là le jour où cette raclure de Christine D. t'a monté un guet-apens en CE1 et que tu t'es fait casser la gueule par tous ses potes au fond de la cour, alors que toi t'y allais pour jouer à l'élastique (t'aurais dû te méfier de cette envie soudaine de jouer avec toi au fond de la cour, derrière les toilettes, pendant que les maîtresses grillaient leurs clopes en salle des prof), bref, ce jour-là ça aurait été bien pratique d'avoir un géant très musclé pour leur rectifier la façade.

Là en l'occurrence, parce que finalement les clichés ont la vie dure et qu'un grand noir baraqué fait toujours meilleure impression qu'une petite blanche sans couilles, surtout quand il s'agit de revenir sur le droit chemin et de réparer un robinet, la force a eu raison de la bêtise et deux jours plus tard ça ne ploquait plus.

Le tout sans prononcer un seul mot de bangladais.

Je suis même pas sûre que Monsieur D. ait eu besoin de leur dire qu'il était expert en assurance.

mercredi 21 avril 2010

Ginette

Ginette habite au rez-de-chaussée du Hall 3 (le 1er Hall, donc. Ici il y a trois hall, le 3, le 4 et le 5. Visiblement, on nous a volé les deux premiers. Que quiconque veuille piquer un immeuble de Paris Habitat dépasse mon entendement, mais bon). C'est l'immeuble qui donne sur la rue, et dont la porte d'entrée est aménagée pour les handicapés, comme Ginette. C'est à dire qu'activée avec le biper, elle est sensée s'ouvrir toute seule - et l'honnêteté me force à admettre que parfois, elle marche. Souvent, non. Mais de toute façon ça ne sert strictement à rien cette porte automatique pour handicapés, puisque pour y parvenir il faut en franchir d'abord deux pas automatiques...Bienvenu chez Paris-Ubutat.

Souvent je croise Ginette dans le Hall et elle me crie "vous me tenez la porte hein mon ptit, vous me la tenez" et elle met trois mille minutes à faire les cinq mètres pendant que je lui tiens la porte et qu'elle me tient la jambe. Et donc, parfois Ginette ne peut pas rentrer chez elle, quand la porte marche pas, elle dont la balade se limite à aller dans le hall emmerder le gardien. Parce qu'elle a besoin de son déambulateur pour mouvoir sa considérable masse.

Avant, Ginette aimait bien sortir dans la petite cour entre le Hall 3 et la rue, et s'assoir sur le muret de pierre qui délimite le coin de verdure servant de poubelle aux locataires convaincus que le jet de déchets par la fenêtre est un sport socialement acceptable, ou qui confondent fenêtre et vide-ordure. On en a BEAUCOUP. Bref Ginette se maquillait comme un camion volé, prenait son déambulateur à deux mains (elle est grosse, très grosse Ginette, et très lente), et allait s'asseoir sur le muret, d'où elle interpelait les locataires entrants et sortants, principalement pour leur taxer des clopes, leur demander d'aller lui en acheter et les insulter copieusement quand ils n'obtempéraient pas (moi une fois elle m'a traitée de traînée parce que j'avais pas le temps d'aller lui en acheter. "Tu vas voir ton maquereau, oui!" qu'elle a gouaillé, me transportant en une seconde à une autre époque. Elle a dû être poissonnière aux Halles vers 1925 à mon avis Ginette).

Et puis l'année dernière, Paris Habitat a fait poser un rail sur le muret. En fer. Avec des boulons bien bien enfoncés dans le béton pour que ça ne bouge pas, de la belle ouvrage. Un rail bien pointu qui fait un peu penser, dans le principe, aux sièges tordus de la RATP conçus pour dissuader les SDF d'y poser leur misère, un instant. Le rail, c'était pas pour installer une quelconque grille, ou des pots de fleurs, non. Pour rien. Ou peut-être juste pour emmerder Ginette. Et ça marche très bien. Le popotin de Ginette, il peut pas se poser là-dessus. Quand il fait beau, Ginette au lieu de s'asseoir sur le muret dehors elle ouvre sa fenêtre et elle hèle les badauds depuis son rez-de-chaussée.

Bravo les gars de Paris Habitat, beau boulot. Ca, c'est du social!