samedi 18 juillet 2015

Bricolages

Je ne suis pas en vacances, les vacances c'est totalement petit bourgeois.

(Si vous changez deux ou trois lettres à cette phrase, ça fait "je suis tellement dans la dèche que je vais partir en vacances de 17h à 18h30 le 15 août, probablement dans l'Intermarché climatisé du boulevard Ornano".)

En ce moment je traduis un livre (et j'arrose des plantes et je nourris des chats -- je m'entraîne à être vieille et seule, quoi) sur un film de de Palma. Du coup j'ai dû regarder ce film qui a tout un tas de mérites et un bon paquet de ressorts comiques parfaitement involontaires. Je l'ai visionné juste avant de finir de bricoler dans la chambre de Gavroche avant son retour de vacances (= poser des étagères. Avec une perceuse. A percussion. Alors que ça devrait être interdit de me mettre ce genre d'outil entre les mains, déjà quand on me donne une cuillère je me coupe).

Dans ce film il y a une jeune femme très très belle qui se fait suivre par un bon paquet de vicelards (bon ils sont deux. Mais comme disait Brassens le pluriel ne vaut rien à l'homme, et comme disait moi il vaut pas grand chose à la femme surtout si elle n'est pas consentante). Yen a un des deux qui veut sa peau. Et pour lui prouver, il essaie de la tuer avec ça:


Oui, voilà, donc une perceuse GÉANTE avec une GROSSE mèche (pas du tout phallique non non) et il lui met des ptits coups, hop un ptit coup dans le ventre, et hop un ptit coup dans le dos, jusqu'à ce que finalement il la fasse tomber par terre et là

(Ma fille lit ce blog. Ma chérie s'il te plaît arrête de lire et regarde plutôt ça.)

(Oui je sais, ma fille a 14 ans et c'est peut-être un peu tôt pour lui faire découvrir ces histoires de lapins mais un jour il faut se colleter avec la réalité).


il lui transperce le ventre et emporté par son enthousiasme il transperce aussi le plancher, à la grande joie du deuxième vicelard occupé à se faire bouffer par un chien à l'étage du dessous qui voit la mèche de la perceuse traverser le plafond et une douche de sang tomber à deux mètres de sa tronche (évidemment il était amoureux de la fille au trou, ce qui ne fait que rendre la situation plus cruelle) (d'un autre côté c'est un peu le plus grand looseur de l'année donc on a du mal à s'apitoyer).

Bref ça aurait été un film pioché au hasard j'aurais arrêté dès le premier chatouillis à coup de perceuse mais là je DEVAIS regarder, j'ai donc tout vu, un coussin serré sur le ventre, en hurlant encore plus fort que la fille trucidée (et les filles trucidées des années 80 elles criaient fort).

Ensuite c'était fini, le héros-looseur avait un sursaut de lucidité et comprenait qu'on s'était foutu de sa gueule, et trois ou quatre incohérences plus tard (le méchant tue une autre fille qui se réveille au bord de sa tombe puis se rendort dans sa tombe puis se réveille quand le gentil lui tombe dessus et croit que c'est lui le méchant mais heureusement le chien du méchant saute sur le méchant alors que c'est son maître et qu'il y a un quart d'heure il voulait bouffer le gentil et tout finit par des chansons) (bon ça a l'air nul comme ça mais c'est pas mal dans l'ensemble, notamment parce que ça parle aussi beaucoup de sexe et de masturbation féminine ce qui est extrêmement rare dans le cinéma américain de l'époque--même si évidemment c'est vu uniquement sous l'angle du voyeurisme par un spectateur masculin, faut pas déconner avec ça), trois ou quatre incohérences plus tard donc (cette phrase est beaucoup trop longue) il se tape enfin la blonde.

Et moi je peux finir de bricoler dans la chambre de Gavroche. À la perceuse.


Et incidemment, tant qu'à baigner dans une marre de sang et puisqu'on ne se lasse pas de parler de règles, j'ai l'habitude de regretter que les pubs pour protections féminines soient connes et utilisent du liquide bleu, tout ça.


Et puis j'ai vu cette pub, et je me suis dit que finalement, c'était ptête mieux qu'on reste un peu sur le liquide bleu et les nénettes à qui le dérèglement hormonal donne des envies incoercibles de danser en justaucorps blancs sur la plage et de caresser des chats, plutôt que d'utiliser les règles pour humilier encore un peu plus les femmes et leur montrer à quel point leur corps est dégueulasse:


Ce post parfaitement aléatoire vous est offert par  Intermarché et l'association des amis des parenthèses.

mercredi 8 juillet 2015

oh les filles

Hier soir, à 22h30, entre le Red Castle district et Montmartre sur Boboland, je me suis fait accoster par un charmant quasi-jeune homme qui, après m'avoir expliqué en quelques mots l'effet que j'exerçais sur ses sens (hémadame zêtes charmante j'adore les femmes comme vous) (notez que j'ai passé le cap de Mademoiselle vous êtes charmante, ça fiche un coup), est allé droit au but et m'a demandé avec beaucoup de politesse et une subtilité de bison est-ce que je voudrais bien monter avec lui, là, tout de suite?

Je me suis détaillée avec étonnement, car il ne me semblait pas être accoutrée d'atours indiquant la putitude (et d'ailleurs pour une fois j'avais même pas de décolleté, comme quoi la beauté--ahem--est intérieure) (et j'ai vraiment rien contre la putitude, mais bon en général ya une vitrine, et là je l'avais pas) et j'ai répondu que non ça va, pas tellement envie d'aller me faire sauter à Château Rouge en milieu de soirée dans un appartement inconnu par un type qui ne l'était pas moins.

Vous allez dire que je suis difficile, et que si ça se trouve j'aurais passé un super moment, et quand on essaie pas on peut pas savoir si on aime (ou comment les platitudes d'une banalité affligeante qu'on sert à table à nos moutards nous reviennent dans la tronche façon boomerang).

Certes.
Mais j'ai le droit de pas avoir envie?

Là j'ai eu du bol, le gars n'a pas tellement insisté. Il m'est arrivé après avoir ainsi refusé de galantes avances du même tonneau de me faire copieusement insulter, ou culpabiliser (ouais tu me connais même pas, chuis pas assez bien pour toi, etc etc).

Et c'est curieux parce que parfois, ça marche. Je veux pas dire que je suis ce genre de type (sérieux ya des filles qui les suivent gratuitement?)  Mais dans la mesure où je ne trouve rien à répondre sur le champ au type qui m'ENGUEULE parce que je ne veux pas le suivre/le sucer/prendre un café, juste après je me trouve vaguement conne, bizarrement mal à l'aise, d'avoir dû envoyer chier un type que je ne connaissais pas.

Un peu comme le jour où je me suis retrouvée nez à nez avec un mec qui me voulait vraiment beaucoup de mal, et que je me suis dit Vas-y, frappe-le, maintenant, sinon tu y passes, et qu'une petite voix dans ma tête a dit hopopopo, hé, il ne t'a ENCORE rien fait. On tape pas la première, c'est pas poli. D'abord lui, et ensuite s'il t'a pas écrasé trop fort la tête contre le mur, tu protestes.

Mais BORDEL d'où elle vient cette voix? Pourquoi on ne peut pas être à moitié aussi agressive que les types qui nous emmerdent? Comment ils ont fait, nos éducateurs, les médias, la société, pour nous garder aussi passives devant les harceleurs? Aussi désarmées devant les connards qui nous tripotent, qui nous suivent, ou qui nous harcèlent dans la rue? Quand je m'improvise un mari pour qu'on arrête de me faire chier (j'invente rien, j'ai dû le faire cette semaine ça aussi, le type il m'a suivie pendant une demi-heure sans que je m'en aperçoive et après il est venu me dire tout ce que j'avais fait pendant qu'il me suivait, où je m'étais arrêtée, ce que j'avais regardé et acheté, ce qui n'était pas du tout anxiogène) après je me sens toujours un peu coupable d'avoir menti. Ce qui est doublement dingue: premièrement de me sentir mal à l'aise d'avoir eu un comportement d'autodéfense, et deuxièmement de me sentir conne...d'avoir été mal à l'aise.


On est pas rendues, hein.