mercredi 31 mars 2010

À la télé aussi c'est la crise du logement

Aujourd’hui j’ai regardé la TÉLÉ. Fait assez rare pour qu’il soit souligné, ça m’arrive en cas de tension immense (je suis immensément tendue ces jours-ci). Je compte pas les fois où je regarde La grande librairie sur France 5, émission conçue, réalisée et diffusée uniquement pour MOI (en effet je ne connais personne, mais PERSONNE qui regarde cette émission, et même qui en soupçonne l’existence, alors que c’est en prime time mais c’est vrai que ça manque un peu de filles à poil, d’araignées et de cobayes à torturer). Je tiens d’ailleurs à remercier François Busnel et à lui témoigner ma gratitude. Faire déplacer des auteurs et les faire causer rien que pour moi alors que certains jeudis je peux même pas regarder, quand j’ai trop de travail, ça me touche.

Bref ce soir j’ai regardé M6. On y voit des gens qui veulent vendre leur maison moche, un type vient et il leur fait une maison jolie, et pile quand elle devient vivable (avant c'était une horreur genre bazar africain avec des murs orange ou faux rustique avec carrelage à fleufleurs) ben faut qu'ils la quittent puisqu'elle est vendue du coup. J'ai pas bien compris le concept de "maintenant que ta maison est vivable tu dégages et tu vas en détruire une autre avec ta déco pourrie » mais en tout cas ça rend tout le monde très content, les dames pleurent et les maris ont la gorge qui se serre tout ça. Et je dois dire que les transformations sont impressionnantes (surtout quand ils mettent des placards, haaaa, les placards!), toi on te filerait les maisons franchement tu serais obligé d'y aller à la démolisseuse tellement elles sont irrécupérables, et en fait non, un ptit coup d'enduit par-dessus le carrelage hideux et on se croirait dans le catalogue Habitat.

Évidemment, on est sur M6 alors le monsieur (appelons-le Stéphane, il tourne la tête quand on l’appelle comme ça), Stéphane donc, a un petit ton condescendant de rigueur pour ces pauvres glandus pas foutus de vendre leur baraque tout seul et qui, en outre, ont la prétention de tenir à leur cigogne-cache-pot-porte-pyjama (j’invente pas, mon imagination a des limites quand même). Il leur fait virer TOUTES leurs affaires, repeindre TOUTE leur maison, et à la fin quand il leur a bien prouvé à quel point ils étaient trop des nuls aux goûts de chiottes il fait durer le suspense à coup de « j’ai une boooooooooooonne nouvelle ! » (Ben oui on se doute que s’il l’avait pas vendue, la turne, il serait pas diffusé l’épisode. Ou alors sous un autre titre, genre « maison à chier » au lieu de « maison à vendre. »

Et eux ils sont contents contents contents. Alors 1) leur baraque elle est vendue moins cher que ce qu’ils voulaient, 2) Toutes leurs affaires sont au garde-meubles (ou au dépotoir, parce que bon) et ils sont plus chez eux (ils doivent y vivre quand même !) et ya genre une table-deux chaises et des luminaires (oui dans ces émission-là ya pas de lampe. Jamais. Ya que des luminaires. Une lampe, c’est trop ringard. Exemple au quotidien : Non mais c’est pas vrai, qui qu’a encore laissé le luminaire allumé dans les chiottes ! Ou encore: Chérie, les plombs ont sauté, passe-moi le luminaire de poche!) donc niveau confort c’est Robinson ou la vie sauvage (mais moderne! Mo-derne! On peut pas vendre si c'est pas moderne - comprendre gris ou taupe, en fait.) 3) ils se sont fait ridiculiser devant des millions de téléspectateurs et de ménagères de moins de 50 ans au cerveau disponible et 4) maintenant qu’ils ont une maison potable, ils doivent se tirer ailleurs.

Je suis perplexe.

jeudi 25 mars 2010

I'm sending an SOS to the world

Cher Monsieur RIVP/SIEMP/SAGI/Toit et joie (sisi ça existe)/SEMIDEP/SAGECO/SGIM,

Je me permets de vous déranger pendant votre conseil d’administration/pause Nespresso/réunion au sommet/course de taxi/dégustation de sushi bio pour me présenter à vous.
Je suis une charmante trentenaire dotée de deux adorables enfants qui ne font aucun bruit et n’ont jamais dessiné sur les murs. J’ai des pieds de velours dont la taille considérable me permet de jouir d’une bonne prise au sol, et par conséquent je ne trébuche ni ne tombe jamais. Mes mains sont toujours propres grâce à Dove© et quand il m’arrive de frôler les murs, ça ne marque pas.
Je n’écoute la musique qu’au casque, je ne regarde pas la télévision. Je ne cuisine qu’à la vapeur, en ouvrant tout grand les fenêtres. Je suis une voisine avenante et j’aide toujours la mamie du 7e à monter ses packs de 7 kilos de croquettes pour son chat. J’aide le gardien dans ses corvées quotidiennes, et je suis toujours partante pour distribuer le courrier à la place du facteur. En outre, je fais gracieusement les vitres de tous les locataires de l’immeuble, intérieur et extérieur, même celles des paliers, en varap et sans échafaudage.
Je suis aussi très contente de nettoyer le trottoir devant l’immeuble, au jet, à la brosse à chiottes et même à la brosse à dents si ça peut rendre service.

Je paie mon loyer avec une régularité de cycle menstruel, et j’en rajoute un petit peu en nature (cookies, chili con carne, pâtes au saumon) quand je viens m’en acquitter directement à l’antenne locale. Je vous en prie, ça me fait plaisir.

Je ne me plains jamais de l’état de mon logement, que je m’attache à toujours tenir dans un état de propreté impeccable reflétant la qualité des appartements loués par la RIVP/SIEMP/SAGI/Toit et joie (sisi ça existe)/SEMIDEP/SAGECO/SGIM.

Bref, et pour résumer, je suis une véritable valeur ajouté pour tout bailleur social et société d’économie mixte.
Alors je vous en prie, Monsieur RIVP/SIEMP/SAGI/Toit et joie (sisi ça existe)/SEMIDEP/SAGECO/SGIM, VENEZ ME CHERCHER.

Sortez-moi de cette boîte à cafard/rats/amiante/tarés de l’engueulade en vingt-sept langues (mais quand c’est des insultes, miracle, on devient polyglotte, on comprend tout !)/canalisations qui fuient/baignoires qui se bouchent/plafond qui pleuvent. Je suis prête à payer, très cher, à traduire gratuit pendant 25 ans avec intérêts à taux variables, à sortir moi-même les poubelles et à me convertir au tri sélectif (Le gérant dans la poubelle jauuuune….le voisin dans la poubelle veeeerte…)

Je demande pas grand-chose. Un grand 3 pièces, un ptit 4 pièces, allez, si yen a plus vous pouvez me le mettre quand même. Une, deux terrasses, je suis pas regardante. Mais je veux plus habiter chez Paris Habitat. D’ailleurs, quand on regarde bien, Habitat, c’est l’imparfait du subjonctif du verbe habiter. Comme dans : « Pour se sentir bien, il aurait fallu qu’elle habitât dans un logement qui ne puât pas du cul ». Comme quoi, Grévisse et Pivot ne me contrediront pas, c’est vraiment pas possible.

vendredi 19 mars 2010

Voeu pieu

Le gérant a une nouvelle méthode pour chasser les cafards.

Se basant sans doute sur tout un tas d'étude vachement savantes probablement financées par Paris-Habitat qui ne se refuse rien, il a déduit que le niveau d'alphabétisation des blattes était sûrement plus élevé que celui de certains Premiers ministres qui ne font pas la différence entre "blessé" et "mort" (faut pas lui en vouloir, il devait avoir un sourcil dans l'oeil).
Donc il a fait afficher la semaine dernière un avis proclamant que des agents de désinsectisation passeraient dans les appartements coller des ptites crottes-poison derrière nos lavabos (imparable).

Le type est jamais passé (et croyez-moi, je guette).

J'en déduis que l'affichette ne nous était pas destinée, à nous autres locataires, mais aux principaux intéressés qui, affolés à l'idée de tomber sur ces appétissantes coulures couleur morve, ont vite fait leurs bagages et sont partis sur les dures routes de l'exode, quand ils ne se sont pas carrément fait hara-kiri direct en se jetant du 11e étage du vide-ordure.

Et comme mon gérant, c'est pas n'importe qui, il en a remis une couche et le lendemain du massacre, il a fait remettre une affichette proclamant que le même exterminator passerait deux jours plus tard.

Ca, c'était pour les trois pauvres cafards qui auraient été en vacances ou au boulot le jour de la première affiche, et qu'auraient pas eu le temps de la lire. D'ailleurs, ça a dû leur faire sacrément un choc de rentrer chez eux et de trouver sur la table du salon des mots genre "chéri je te quitte, le monsieur doit passer déposer des coulures qui tuent, c'est le gérant qui l'a dit, je prends les mômes et je retourne chez ma mère, hors de question que je laisse les gosses vivre dans cet environnement toxique, déjà que ya des humains partout c'est dégueulasse, je t'avais prévenu, signé Ginette".

Du coup, de désespoir, ceux qui restent ont dû commettre l'irréparable (ou enfin partir vivre leur fantasme aux Seychelles avec Janine) et du coup, hop, tout bénef, ya plus un seul insecte dans tout l'immeuble et ça a rien coûté.

Trop fort mon gérant.

Ploc.

vendredi 12 mars 2010

Yen a plus, j'vous l'mets quand même?



Vaut mieux avoir une bouille à baise qu'une tête à claques, moi je dis.

mardi 9 mars 2010

A mains nues

Il est 23h52.Le HLM est endormi. Dans la poubelle repose le cadavre encore tiède d'un cafard sorti de sous le congélo. Pas de bol, celui-là souffrait d'une anomalie génétique: il n'était pas photophobe comme les copains. Du coup quand j'ai ouvert le congélateur pour dégommer l'iceberg qui en empêche la fermeture, il s'est taillé en courant dans la mauvaise direction.

Prise d'une rage folle et justement, vu que j'avais besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un pour compenser le fait que j'allais devoir consacrer les vingt minutes qui suivraient à tailler un iceberg au pic à glace en plastique, c'est déjà pénible cette température qu'il fait dehors madame Michu, alors si c'est en plus pour se geler les miches dans le bac à glaçons à la maison où va-t-on, je me suis saisie - que dis-je, j'ai arraché d'un geste violent mais toujours élégant et féminin bien sûr - une feuille de sopalin, et je lui ai fait sa fête, à la bestiole. Deux fois. La première, je l'ai prise à la gorge pour tenter de l'asphyxier ou de le garotter à la Franco - mais j'ai dû me tromper de côté, ce que j'ai pris pour son cou devait être son cul, je sais pas, bref il a continué à courir en hurlant (sisi les miens ils hurlent) et j'ai dû opter pour la solution de secours: l'écrabouillage à la haïtienne.

J'aimerais pouvoir les filer en pâture au chat après, telle la cruelle Romaine jetant aux lions les restes de son gladiateur à la garantie périmée, mais mon fauve personnel s'en tamponne le coquillard et pour lui, hors des pâtées dégueu leader Price, point de salut.

Je me demande si c'est pas eux qui font exprès d'entrouvrir en douce, toutes les nuits, mon congélateur, pour que s'y forme cette calotte glaciaire énergivore et éjecteuse de porte et pouvoir se gaver de toutes les miettasses mouillées qui finiront tôt ou tard par en dégouliner - à moins qu'ils ne le fassent juste pour le plaisir de m'emmerder.

Gaffe les blattes, dans trois jours ya monsieur Paris-Habitat qui passera avec sa pipette mettre du vilain poison sous mon évier, et on va voir ce qu'on va voir.

Ben là ils ne hurlent plus. Je les entends qui rigolent.

mercredi 3 mars 2010

Chantier

Jour numéro un.
Je me réveille à l'aube, les peintres doivent arriver à huit heures. Technique du matin: d'abord allumer dans la cuisine, repartir en courant, faire un ptit pipi et revenir dans la cuisine faire le petit déj. C'est la ruse qui permet aux cafards matinaux de repartir vite fait dans leurs pénates pour la journée, et de pas me retrouver nez-à-nez devant Nicolas le cancrelat AVANT ma ricoré.
Sauf que là, j'allume, et paf-cling. L'ampoule explose (ici c'est une fois tous les quinze jours), les plombs sautent, l'ampoule éclate et vient se briser par terre, fichant une trouille monstre au chat et provoquant à coup sûr une sévère augmentation des infarctus du myocarde chez la population de cafards de ma cuisine.

De bon augure. Je pratique donc un sacrifice propitiatoire en immolant une blatte pour amadouer les dieux du bricolage visiblement pas bien réveillés et de la sainte trinité enduit-ponçage-peinture.

Les peintres ont commencé à bosser à 8heures (+les trois heures de décalage-horaire du Leroy-Merlinistan, bref la matinée a été courte), et moi j'ai travaillé dans le 0,47m2 qui me reste devant mon bureau puisque les deux chambres et la salle de bain ont été déversées dans le salon par mes gros bras musclés pendant le ouikende. Ca tient. Juste.

J'ai réussi à les convaincre d'utiliser MA peinture verte pour la chambre des enfants (le Boss, ou "Monsieur Ben Oui", m'a fait courir tout le quartier pour trouver des rouleaux et des pinceaux, pour finalement y aller lui-même vu que ce que je ramenais, c'était jamais les bons poils ou la bonne forme- j'ai un budget pinceau qui inspirerait le respect au responsable du budget Rolex de l'Élysée.)

L'ambiance jusqu'à présent c'est donc un doux mélange d'odeurs d'enduit, de peinture acrylique (très efficace pour mettre de l'animation dans un salon un peu morne, au bout d'une couche dans la chambre les vapeurs sont venues voir si je travaillais bien et mon ordi s'est mis à tanguer, et les ptites étoiles à danser, c'est mes clients qui vont être contents, un peu de psychédélisme dans les traductions c'est sooooo 70's), d'odeur franche et virile des ouvriers (je vous fais un dessin?), la poussière du ponçage (non monsieur l'agent, je sais j'ai les narines blanches mais c'est pas ce que vous croyez), la découverte d'une langue étrangère (je crois qu'ils parlent tous pakistanais, même le monsieur chinois), des martèlements des ouvriers dans le hall, en bas, qui cassent tous les carrelages blancs et verts pour les remplacer par des marron et beige (le carrelage du rez-de-chaussée, c'est la seule chose qui n'avait pas besoin d'être restaurée dans l'immeuble. Et c'est la seule chose qui le sera, visiblement. Il semblerait que la perspective de faire mousser les initiatives sociales de Paris Habitat - c'est un chantier d'insertion, comprendre des ptits jeunes qui travaillent sans protection sur les oreilles, le nez dans l'amiante - prime les considérations pratiques telles que "et si on remplaçait les colonnes d'eau qui fuient ou les ascenseurs qui tressautent", et, à intervalles réguliers, le chat qui vient s'asseoir devant moi pour se mettre à pleurer sur le ton "qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça". Il est au bord de commettre l'irréparable, mon chat. Je crois qu'il est en train de tenter un suicide par absorption de croquettes. Ou alors il essaie de traiter son trouble émotionnel par la nourriture.

Bref.

Aujourd'hui, c'est plus calme: à huit heures un ouvrier est venu me dire qu'il repartait, appelé ailleurs par son patron (t'as raison, et mon chantier à moi, il te plaît pas, mon chantier?) Monsieur Ben Oui n'a pas encore pointé le bout de son nez à plus de onze heures, et le Monsieur chinois qui parle pakistanais enduit tout seul et rebouche méticuleusement tous les trous des chevilles laissés par les étagères, ce qui me permettra de passer mon temps libre à RETROUER les murs quand je voudrai remettre les étagères en question. Toutes les fenêtres sont ouvertes, je bosse en doudoune, j'ai des stalactites qui commencent à se former au bout des cils et les nerfs bien tendus.




Et pour l'anecdote, ya plus de lumière dans les parties communes. Conséquence, dans le couloir de mon palier (et tous les autre d'ailleurs, ya pas de raison, tous égaux dans mon HLM!) il fait noir comme dans le cul d'un ours, et il faut chercher sa porte au briquet.

Et quand on se réfugie dans l'ascenseur, seul endroit éclairé de l'immeuble, soulagé par la fin de cette oppressante obscurité épaisse comme du nutella réfrigéré, on se retrouve devant le miroir sur lequel un amateur d'humour paramilitaire a dessiné la cible d'un viseur de fusil à lunette. Et Ya quoi au milieu? Ben ya moi.

Et une bonne journée à vous!