lundi 3 décembre 2012

Encore un matin

6h45.
Le réveil s'allume doucement en se prenant pour un soleil qui se lève, et émet des chants d'oiseau dont le cynisme ne m'échappe pas. En effet il fait noir comme dans un cul, et les vrais oiseaux pioncent. Eux n'ont pas une collégienne à réveiller et à nourrir, moi si.

Stratégie du matin (au cordeau, l'ordre et le minutage sont très très importants): Allumer la lampe de chevet. Se lever. Éviter le chat affamé qui commence sa campagne "un croc-en-jambe contre une barquette de pâtée." Allumer très vite et sans regarder le couloir-la cuisine (ne pas regarder surtout ne pas regarder)-le salon. Aller faire pipi, mettre un t-shirt.

6h48.
C'est le pire moment. Il faut aller dans la cuisine avant que le chat ne fasse un malaise, et surtout parce qu'il faut préparer le bol de chocolat de la collégienne susmentionnée et roupillante.
Or, c'est vers potron-minet (ou entre chien et loup, en tout cas à l'un de ces moments que l'on a appris en cours de français au collège, j'ai aussi at the crack of dawn pour ceux qui aiment bien les langues étrangères ailleurs que dans leur bouche) que la cuisine devient vraiment intéressante en termes de vie parallèle.

Deux possibilités: ils sont repartis se coucher, ou ils sont toujours là.

S'ils sont repartis se coucher, alors j'évite le hurlement hystérique/la tachycardie/d'invoquer en vain le nom du seigneur/les grosses larmes qui coulent à l'intérieur des joues (sisi)/les chaînes de gros mots que m'a appris mon père (beaucoup plus sympa que les chaînes de lettres ou de mails avec des ptites leucémiques A négatif qui attendent ton sang pour pas mourir (comment ils savent que je suis A négatif? Bordel?), comme nomdedieudeputaindebordeldemerde (oui, en un seul mot)). S'ils sont repartis se coucher, donc, je n'évite quand même pas d'entrer dans la cuisine comme une squaw en légère surcharge pondérale avec la grâce de la bisonne, petit pas à petit pas, petit coup d'oeil par petit coup d'oeil...

La technique, c'est de regarder d'abord par terre au milieu du lino. Comme ça si yen a sur les côtés qui n'ont pas fini de décaniller, ils ont encore une chance. Et moi j'ai encore une chance de ne pas les voir. Et petit à petit, d'agrandir le champ de vision par à coups: à droite, à gauche, à droite, pour remonter vers le lieu du crime: l'évier. Là si yen a pas, c'est bon, je peux m'avancer vers le milieu de la cuisine et me saisir du bol, du chocolat, non sans avoir allumé la radio des fois qu'ils auraient envie d'écouter France Inter eux aussi. Ils sont repartis mais je sais très bien qu'ils sont là, qu'ils me regardent. Qu'ils m'écoutent. C'est pour ça que je leur parle d'ailleurs. (Oui je parle à mes cafards, est-ce vraiment plus névrosé que de murmurer à l'oreille des loups ou de danser avec les chevaux?)

S'ils sont encore là, la technique c'est un délicat enchaînement de hurlement bref et mourant, juron, larme intérieure, début de crise cardiaque (et puis je me rappelle que je suis excessivement jeune et dépourvue de la moindre trace de choléstérol alors j'arrête) et c'est là que je cherche l'OBJET.

On ne peut pas tuer un cafard avec n'importe quoi.

(L'autre soir j'ai essayé avec ma main (et un sac plastique). J'ai tué ma main).

Déjà tout objet rigide est à proscrire: par une loi physique mystérieuse et absolument partiale à l'endroit des cafards, tout objet rigide atterrissant sur leur carapace laissera forcément un angle mort, même si c'est pile au milieu et qu'il était drôlement plat, l'objet, permettant à la bête de prendre ses pattes à son non-cou et de se tirer à toute vitesse de sous la casserole/cafetière/grille-pain/assiette (grave erreur, l'assiette)(surtout avec des restes de sauce, ça en colle partout, ça attire les cafards, hé oui)/table de cuisine (j'en ai pas, c'est trop ptit chez moi) et après on se retrouve à taper furieusement partout par terre c'est totalement contre-productif, on ne le chope ja-mais, on se fait mal, on réveille tout l'immeuble, on maudit sa mère et la grognasse de Paris Habitat qui veut pas désinsectiser, bref, on se garantit un réveil en beauté et une journée radieuse.

Non ce qu'il faut c'est un objet à la fois dur et souple, efficace et qui ne pardonne pas.(Ca fait rêver, hein?)

Un tapette c'est idéal évidemment, un livre c'est bien aussi. Seulement la tapette de la maison (zavez vu, je fais même pas de jeu de mots graveleux?) ayant été subtilisée par les mômes (pour?), il me reste les livres de cuisine, qui sont évidemment de l'autre côté du barrage de cafards du matin, bref j'ai rien et je tourne en rond sur moi-même en vociférant, voire pire, je le regarde, il me regarde, je le regarde, il me regarde, il se barre, je hurle.

(Parfois il se barre dans un endroit qui n'existe pas. Genre le mur. Il rentre dans le mur. Ce qui permet de faire de beaux rêves la nuit suivante, à l'idée des parpaings grouillant de cafards qui permettent à notre HLM de tenir debout. Et de me demander toute la journée s'il est encore là. Si ça se trouve d'ailleurs les parpaings ils sont en cafard en fait. Ca expliquerait pas mal de trucs).

Ce matin-là javais eu de la chance, c'était l'option numéro un: 6h48, personne. Notez j'avais payé la veille puisque j'en avais zigouillé un kamikaze qui n'avait pas attendu que je me couche pour tenter la traversée gamelle du chat-frigo en solitaire. J'ai chopé un sac plastique qui trainait et dans un réflexe que j'ai ô combien regretté je l'ai massacré à la main, tapant dessus en hurlant à mesure que je sentais son corps s'aplatir sous ma paume qui avait envie de vomir (oui je vomis des mains des fois). J'étais dans une telle rage que je l'ai achevé avec le gros livre de cuisine de Jamie Oliver (que je vous recommande au passage, pas seulement parce qu'il est efficace contre les cafards), et que quand j'ai voulu ramasser les morceaux il avait considérablement gagné en surface et en platitude (moi j'avais perdu approximativement six mois d'espérance de vie, je dirais).

Donc j'ouvre le lave-vaisselle pour prendre un bol.

C'était leur planque.


Des millions de cafards se sont mis à grouiller en tous sens en vrombissant de leurs menaçantes antennes trois cafards se sont mis à courir. Un sous le lave-vaisselle. Un sur la tranche de la porte du lave-vaisselle. Et un je sais plus où tant la douleur m'égare.

J'ai hurlé. J'ai rejeté la porte de la machine de toutes mes forces et j'ai fait un bond qui ferait rougir Newton et sa pauvre loi de la gravité. Là les mômes réveillés par mon beuglement sont arrivés en courant: maman maman qu'est-ce que t'as, qu'est-ce qu'y se passe???? C'est rien, ya un cafard leur répondis-je, mère courage toute en abnégation, le cheveux en pétard et l'œil torve.
Ah, ont-ils répondu, avant de repartir, blasés.

Je décidai alors de préparer le petit déjeuner en regardant le plafond, et de ne reposer les yeux sur le lino qu'une fois le jour bien arrimé.

A midi, j'entrai dans la cuisine. A terre, un cadavre retourné attendait la sépulture. J'avais refermé le lave-vaisselle avec tant de force que le choc l'avait tué.

Le soir, je me dis que je ne pouvais le laisser là. Armée d'une feuille de papier, je m'approchai du répugnant macchabée. J'avais décidé de commencer une collection et de le garder dans un pot, pour l'envoyer ensuite par la poste, avec des copains à lui, aux gens qui s'en foutent que chez moi ce soit un repaire de bestioles.

J'ai glissé la feuille sous le cadavre du matin et de mon innocence (non ça c'est n'importe quoi mais j'aime bien faire du style des fois). J'ai soulevé la feuille pour le faire glisser dans le pot.

Et là, il s'est mis à bouger les pattes.

Vite, vite, je l'ai mis dans le pot, vite j'ai vissé le couvercle en vomissant des mains.

Le lendemain matin, aux toilettes, j'ai eu la joie d'en croiser un autre, un bien gros, qui a attendu sagement que j'aille chercher un flacon d'insecticide et que je le spraye pendant de loooongues secondes asphyxiantes (pour tout le monde). Il est mort dans d'atroces souffrances et contre la poubelle. Chouette, ricanai-je, secouée d'un spasme de glauquitude, je vais l'envoyer rejoindre son copain dans le flacon, ça va aller vite ma collec'.

Je l'ai quand même laissé mariner toute une journée dans sa flaque d'insecticide pour être sûre. Le soir il y était toujours. Je suis allée chercher le flacon du mort.

Quand j'ai dévissé le bocal pour y glisser le nouveau copain, le mort de la veille s'est mis à remuer les antennes.

 J'ai pas pu. J'ai refermé le bocal et jeté le cafard vaporisé dans les chiottes (j'ai pas vu qu'il était pas parti tout de suite, du coup je lui ai fait pipi dessus un peu plus tard, ajoutant l'outrage au meurtre, je suis comme ça).

J'ose plus regarder le mort qui reste dans le bocal. J'ai peur de le voir rigoler.



PS: c'est mon 100e post. C'est gentil d'être encore là.





samedi 3 novembre 2012

Animal rit

"Un matin que je partais disperser mon passé (non, un bout de mon passé, faut pas rêver hein) aux quatre vents d'un volcan en colère, alors que la voisine raciste dormait, que la mère célibataire polonaise ne criait pas encore, que la voisine aigrie n'avait encore aucun enfant en trottinette à se mettre sous la hargne, que la Mamie à chien ne squattait pas encore l'ascenseur avec son cabot aussi tremblant et fou de solitude qu'elle, que les voisins en "amicale" (oxymore en un mot, les membres de cette association étant tout sauf amicaux avec quiconque) n'avaient pas encore pris leur plume pour se plaindre auprès du bailleur que les chats du gardiens évoluaient en toute liberté dans la cour tels des animaux sauvages et furieux voire pleins de maladies, que le bailleur n'avait pas encore fait afficher par le gardien lui-même, au pilori de la honte, un avis de ranger ses propres chats, telles les confessions publiques avec panneau autour du cou des meilleures années du Grand Bond en Avant, que les voisins du dessus ne réveillaient pas encore tout l'étage en se hurlant des bengladaiseries à la tronche, que mes cafards faisaient encore la teuf dans la cuisine, que Ginette n'avait pas encore alpagué un passant pour l'envoyer acheter ses sèches et se mettre à pleurer qu'elle aimait bien sa ptite maman qu'était morte maintenant, que les mômes du 2e n'étaient pas encore sortis au Lidl faire à trois (3 ans, 5 ans, 7 ans) les courses pour les parents que personne n'a jamais vu sortir de chez eux, que le gros Monsieur qui sent pas bon n'était pas parti faire sa balade en poussant le fauteuil roulant vide qui lui sert de déambulateur (ou peut-être croit-il promener un être aimé disparu ou enfui), j'ai croisé une souris dans le hall. Elle courait très très vite, elle avait l'air très très en retard, elle a peut-être même regardé sa montre et elle était peut-être en gants blancs, je sais pas, j'étais dans le gaz, il était tôt, je voulais pas rater mon avion."

Extrait de "Alice au pays des HLM," éditions J'ai Bu.

mardi 25 septembre 2012

samedi 11 août 2012

Confessions

On est en couple depuis....pfffff ça me semble une éternité, et il fait trop chaud pour faire des maths. (Ou alors des factures à la limite. Pour le petit côté "je joue à la caissière." Et le grand côté "money makes the world go round").

Bien sûr, nous eûmes des orages comme disait Jacques, mais c'est tout de même l'amour fol.
Évidemment j'ai l'impression, toujours, que c'est moi qui mène la danse, que je décide de tout. Que si je ne fais rien, il ne se passe rien, mais peau de balle, hein. Que si je décide de rester au lit toute la journée, alors d'accord,  on fait comme ça, on verra bien ce qui arrivera (et il arrive toujours la même chose: je me lève, parce que j'ai autant de volonté qu'une endive cuite parfois).

On se voit beaucoup. La nuit, évidemment, mais le jour, aussi. Tous les jours. Sinon c'est le manque direct, la boule à l'estomac (c'est beau hein? Sauf que pour l'héro ou le crack c'est pareil je vous rappelle. Alors bon finalement, non. Ca fait plutôt peur qu'autre chose une telle dépendance).

Je sais qu'il en voit d'autres que moi. Il sait que parfois je passe deux heures sans penser à lui. Mais c'est dans le contrat. On est bien comme ça. Des fois je chiale. Lui, jamais. Mais il sait se rendre infiniment chiant, et tenir longtemps. Et on me demande régulièrement si je n'ai pas envie de le quitter, d'en changer.

Le quitter?

Évidemment j'y pense. D'autant que ça ne se passe pas toujours très bien avec les enfants. Ils ont une relation particulière avec lui. Parfois ils le regardent avec des étoiles dans les yeux. Ils en parlent à leurs potes comme si c'était le meilleur du monde, comme si le simple fait que j'entretienne une relation durable avec lui pouvait entretenir une légitime fierté.

Mais la plupart du temps, ils ne l'aiment pas. Pas trop. Ils sont trop gentils (allez, soyons modestes: trop bien élevés) pour le dire en face, mais je vois bien qu'ils lui reprochent le temps que je lui consacre, dans leur certitude naïve que ce temps leur serait automatiquement réattribué si je mettais fin à notre relation (c'est cela oui.) Et d'ailleurs même le chat est jaloux et vient régulièrement me coller des coups de pattes quand je passe trop de temps avec lui à son goût.

Bref ça fait longtemps qu'on est ensemble, et là je viens de décider unilatéralement de faire une pause. Trois semaines, et je pars en vacances. Cataclysme affectif!!! La boule au creux de l'estomac est déjà arrivée, alors que je ne suis même pas encore partie, et qu'il est là, à côté de moi, et même qu'il me regarde écrire en attendant que je m'occupe de lui (oui, bon, j'arrive!) Il est pas trop pour: il m'a déjà dit qu'il me couperait les vivres le temps de ma "disparition". Ben tant pis je me débrouillerai avec les sous que j'ai (ça va je pars pas à Hawaii non plus).

Ca n'a pas été une décision facile à prendre, c'est même un déchirement. Mais il reste (il garde l'appart, que les cafards et le basilic ne dépérissent pas trop), je ne lui laisse même pas le chat qui prend son mois de congé à l'autre bout de l'arrondissement, ni l'ordi dont je ne me sépare jamais... Je vois bien qu'il est pas content: il m'a empêché de dormir toute la nuit le salaud (oui j'ai le droit de l'insulter, si vous saviez dans quel état il me met parfois, c'est pas cher payé la vengeance). Il reste. Enfin, j'espère qu'il reste. Je lutte contre la petite voix diabolique qui me dit qu'en trois semaines, il m'oubliera, et qu'il faudra tout recommencer avec un autre.

Je pars.

Salut, le taf.


mardi 3 juillet 2012

Choc

Il ne sera pas dit que l'été est pourri, car cette semaine, un de mes plus vieux rêves s'est réalisé: il a plu, oui, mais du chocolat.

Je déambulais avec désinvolture dans les dépendances de ma propriété (=je traversais la cour au milieu des trois blocs de HLM), le sourire aux lèvres (=tiens, ça sent pas la sardine, pourtant il est déjà 9h30) et l'œil vif (=en dormant à moitié) quand soudain, à un centimètre de mon corps, SPLATCH, a atterri sans douceur un petit chocolat suisse au lait encore emballé (j'ai mis des majuscules parce qu'il a crié en tombant vu que soit il venait de très très haut soit il avait pris pas mal d'élan).

Comme quoi on a beaucoup exagéré le niveau social des locataires de HLM parce que quand on en est à balancer du chocolat, suisse de surcroît, par les fenêtres, c'est qu'on ne manque pas de hamburgers (en revanche je n'ai pas encore reçu d'écran plat sur la tronche, ce qui est assez surprenant parce qu'une fois sur deux quand je vais à la cave je vois des gros cartons vide d'écrans plasma. Mais à passer par la fenêtre c'est moins facile.)

Je ne l'ai pas ramassé parce que j'ai ma dignité (ou mal au dos).

Sinon après le bel espoir du mois dernier (rappel des épisodes précédents: on m'a proposé un appartement, qu'il fallait que j'accepte sans savoir où il était, j'ai accepté), on a eu l'honneur de m'informer que le logement avait été attribué à quelqu'un d'autre, que j'étais arrivée 3e à la commission, et que si la personne se désistait j'aurais l'appart.

Et la 2e famille alors? Demandais-je naïvement.

La 2e famille, elle n'a pas été retenue. Donc je suis bien 3e, mais sur 2.

Fatigue.


lundi 28 mai 2012

C'est pas la fête du slip quand....

...j'ai pas blogué depuis presque deux mois, parce que quand j'ai une idée, je la mets dans mon tiroir cérébral à idée de post et je me coince le doigts dedans en le refermant. Du coup je l'ouvre plus jamais. ca lui apprendra.

...les cafards ne se cachent plus pour mourir. Juste après le 6 mai, décrétant que le changement, c'est maintenant, Gaspard le cafard est sorti fêter ça au milieu de la cuisine en PLEIN JOUR. Comme il avait beaucoup bu et écouté de la musique très fort avec ses potes dans l'ascenseur la veille (j'ai des preuves) (et j'ai aussi des preuves qu'ils se sont barrés avant de finir de ranger, bande de sagouins)
sa gueule de bois a été plus forte que lui et il est mort.

(Ou alors, c'était un cafard de l'UMP. Il a posé un geste de révolte, un sacrifice, un ultime cafardicide, à 20h01 sa décision était prise, il a tenté de noyer son chagrin dans le Minute Maid à l'orange en vain, il a écouté Mireille Mathieu dans l'ascenseur en boucle sans que son désespoir ne le quitte, et a pris sa décision dans un moment de dignité rare qu'on aurait souhaité lui voir au cours des années qui ont précédé, il s'est dit demain, dès l'aube, à l'heure où blanchira le lino de la cuisine, je me fais hara-kiri).
(Oui, je l'ai un peu aidé en l'écrasant sobrement dans un sopalin. Mais sans hurler comme une hystérique parce que
1)pour  moi aussi, le changement c'est maintenant, je voulais savoir si j'étais cap de négocier un nuisible sans piquer une crise, je sais que je peux, c'est bon, j'ai le droit de recommencer à hurler et
2) moi aussi j'étais pas fraîche de la veille et crier aurait sûrement fait décéder l'oreille qu'il me reste. (Oui, je n'ai qu'une oreille. Mais je fais pas mon intéressante comme l'autre van Gogues et je le dessine pas sur les toits. Juste je le hurle sur mon blog).

...on me propose un nouvel appart, à la condition que je dise OUI, que je remplisse un dossier avec douze kilos de justificatifs et de photocopies, le bulletin de naissance de la vache laitière de l'oncle de la bignole, et qu'on refuse de me dire OÙ il est. Car je le saurai SI mon dossier est accepté en commission et SI c'est moi qui suis retenue (on est trois sur le coup). Pourquoi refuser de me dire à quel niveau du périph se situe ce potentiellement splendide logement social? Pour éviter qu'on soudoie la gardienne? Que je m'y rende avec fusil à pompe et silencieux, pour me planquer dans un placard et attendre la venue des deux autres familles sur le coup, et plop, plop!? Ou juste pour faire chier le monde (moi je suis employée au service logement et j'ai droit de vie ou de mort sur tes neeeeeeeerfs alors t'as qu'à te faire une poëlée de cafards au germes de blé bio je dirai rieeeeeeen, espèce de morue libérale et monoparentale).

...j'ai tellement de travail que je me dis que merde, les vacances arrivent, c'est chiant ça je vais pas pouvoir travailler.

...je me rappelle que ma mère lit ce blog et que donc je peux pas parler de cul comme je voudrais.




dimanche 8 avril 2012

Sous-texte

Devinette: de celui qui se glissa dans ma boîte aux lettres ou de celui qui fut scotché sur ma porte, sauras-tu reconnaître le vrai poisson d'avril?






Je n'ai pas eu la chance de voir la queue d'un technicien.

"Euro service décline toute responsabilité pour l'entretien des appareils inaccessibles (...) dans les appartements dont l'accès lui a été rendu impossible par la présence d’enfants en bas âge ou d’animaux pouvant présenter un danger pour nos techniciens"

C'est quoi ces manières de souligner mes enfants en bas âge et mes animaux?

En terme d'enfants en bas âge, oui, c'est vrai, Gavroche approche les huit ans et demi, il fait lui-même ses piqûres quotidiennes maintenant et armé d'un stylo injecteur il peut s'avérer assez redoutable. Et je mets au défi n'importe quel technicien spécialiste des mécanismes de chasse d'eau de lui faire réciter sa table de sept sans se faire hara-kiri. Il ne mord pas, mais il est capable de parler non-stop pendant sept heures, et faire décéder le tympan le plus aguerri aux bruits de robinetterie. Donc c'est peut-être lui qui a empêché un quelconque technicien d'approcher la sonnette.

Ou alors ce sont mes animaux. Le Chat, qui pèse un demi-Gavroche et se déplace à l'allure d'une limace neurasthénique, et qui sert d'oreiller à toute la famille sans bouger une moustache. L'iguane de l'ascenseur, dont les mannes hantent les couloirs et les cages d'escalier.
Ou mes cafards? C'est vrai que les deux derniers que j'ai exterminés avaient l'oeil mauvais.

Bref. Dans les cages à poules, on élève des enfants méchants.

Moi j'aurais ajouté "vos vieux" aussi, parce que le venin raciste de certains présente un réel danger pour tout ce qui passe.







vendredi 16 mars 2012

logorrhée

Il faut dédramatiser le HLM.
Pie IX était épileptique. (Molière aussi).
Je ne sais pas comment on fait les papas.
The show must go on.

S'il savait que le silence est d'or il fermerait sa gueule plus souvent.
La boîte de réception c'est plus souvent une boîte de déception.
La traduction ne fait pas le bonheur. La trouduction non plus.
(oh!)

Il ne faut pas confondre un conflit de connards et un confit de canard.
Les tic-tac orange sont faits avec des bébé surimis.
Veni vidi vomi.
Ginette a fleuri, c'est le printemps.

Fausse adresse, fausse commune.
Je chie sur la sérénité. Elle me le rend bien.

Et n'oubliez pas: Radio Paris ment!

(Cette logorrhée sémantique vous était offerte par l'association des craqueuses de nougats amidonnées au sperme de banane).


mardi 14 février 2012

Pas là

Parfois je vais sur mon blog voir si quelqu'un l'a mis à jour pendant mon absence.

Ca marche jamais.

Il est aussi mal entretenu qu'un ascenseur de Paris Habitat.

(Si ça c'est pas du raccrochage aux branches thématiques alors je veux bien bouffer de l'iguane).

Comme j'ai pas le temps je vous raconte pas que les cafards ont muté, probablement nourris par les gros bouts de peintures qui tombent du mur du salon, ni que l'autre jour yavait des jouets de bébé partout dans la cour, éparpillés (j'ai cherché le bébé qui allait avec mais visiblement les rats étaient passés avant moi, j'ai retrouvé qu'un os), ni que la peinture qui tombe du mur de la cuisine ressemble à un profil de statue d'île de Pâques (il essaie de me dire quelque chose, mais quoi? Si c'est "tire-toi", c'est bien vu mon pote mais va falloir être un tantinet plus réactif), ni que la dame du fond du couloir a affiché dans l'ascenseur un petit mot où yavait marqué "Un crachat et un mouchoir. Où est l'hygiène?"

J'ai bien trouvé le crachat et le mouchoir, mais j'ai pas du tout trouvé l'hygiène.

Si vous la retrouvez, vous, merci de la rapporter au Hall 5, 4e étage, gauche au fond. Merci pour la voisine. Qui commence à sentir.

vendredi 20 janvier 2012

Il m'a vue nue




Je me croyais seule, je ne m'y attendais pas.

Je viens de me lever, j'ai la tête chiffonnée de mille rêves improbables et au goût amer, je suis vaguement de mauvais poil à l'idée des tuiles prévisibles de la journée, je suis à jeun, bref, j'ai pas envie qu'on m'emmerde, et encore moins qu'on me surprenne alors que j'ai l'oeil terne du petit matin et le téton qui fait la gueule.

J'ouvre la porte de la salle de bain, lumière, bing, il est là, devant moi, et je suis totalement désarmée. Nue. Lui aussi. Il me regarde, il frémit, je le vois, je hurle.

Je hurle, mais dans ma tête pour ne pas réveiller les enfants, pour ne pas qu'ils me surprennent hystérique et déshabillée avec un parfait inconnu dans ma salle de bain.

Si ça se trouve il est resté là toute la nuit, tapi en silence, à m'attendre. Ou pire, il est venu me regarder pendant que je dormais, il s'est glissé sous les draps à côté de moi, il m'a frôlée et je n'ai rien senti. Il m'a humée, touchée, et est reparti m'attendre pour être sûr de me surprendre.

A-t-il entendu mon hurlement intérieur? Conclu que trop c'est trop? Abandonnant la partie, il s'est mis à courir à toute vitesse sur le mur rose de la salle de bain pour se réfugier derrière un tuyau, et moi je n'ai même pas essayé de l'écraser - je n'avais rien.

Ce soir je vais bien dormir.