lundi 28 décembre 2009

Circonvolutions neuronales

Après avoir relâché la porte de l'ascenseur sur le macchabée du reptile (), Cosette, Gavroche et moi dévalâmes l'escalier en apnée (que quelqu'un m'explique quel dieu inepte nécessite qu'on lui sacrifie une sardine en la jetant dans l'huile bouillante dès huit heures du matin? Ca soigne la grippe ? Ca se trempe dans le café? Et pendant qu'on y est, je voudrais le nom de l'architecte fou qui a inventé l'escalier en béton relié directement à la VMC inversée, j'ai deux mots à lui dire) et nous jetâmes dans la rue. Au bout de quelques pas je remarquai une souris étripée négligemment jetée en travers du trottoir, et j'en déduisis que la journée était thématique, et qu'en toute logique nous croiserions une autruche pendue ou un kangourou écorché avant d'arriver à l'école. (Faut dire qu'on marche une demi-heure, il peut s'en passer, des trucs chouettes).
En fait, non.

Après un passage obligé au troquet pour me remettre de mes émotions (d'accord, raconter ça aux copines sur le mode hystérique-je-vous-l'avais-dit-que j'habitais-chez-les-fous), je décidai d'en référer à la plus haute autorité qui soit en matière d'ascenseur: le gardien. C'est pas n'importe qui, le gardien.

Mais entre-temps, mon cerveau avait eu tout le loisir d'imaginer l'origine du crime.
Comment était-il arrivé là, l'iguane?

Je réalisai avec horreur que mes voisins du dessus, non contents de communiquer à coups de chaises bengladeshis (bengladeshoises? bengladouilles?) et de laisser fuir leur robinet dans mon plafond de cuisine, de réveiller exprès leurs enfants à trois heures du matin pour les forcer à jouer à la corde à sauter en criant la Marseillaise en bengalî (bengalien? bengalisien?) (faut leur reconnaître une certaine cohérence quand même), se nourrissaient d'iguanes frits qu'ils élevaient directement dans leur trois pièces. D'où les aboiements incohérents et les coups de chaise (je vous l'apprends, les iguanes, ça aboie, et quand on les tue à coups de chaise la chair est plus tendre, demandez à n'importe quel boucher bengladeshien). Et ce que je prenais pour des hurlements de type conjugal n'était en fait que des exhortations à viser le saurien afin de préparer le repas du soir (D'où la célèbre expression bengalatte: le mobilier ikéa c'est pas cher mais ça casse pas trois pattes à un iguane).
Bref, le pauvre iguane avait pas dû faire long feu (de Bengale).

jeudi 24 décembre 2009

Les cafards se cachent pour mourir



"Noël c'est pas la fête pour tout le monde", hoqueta Gaspard le cafard juste avant de rendre son âme à Dieu sur un coin de mon évier, pas plus tard qu'à midi.

Gaspard, toi l'heureux coquin qui ce soir croiseras le Père Noël en pleine descente, demande-lui de ma part (outre une réincarnation en Afghan-période de guerre pour Besson, Sarko et leurs sbires, de préférence en femme parce que comme ça ils en profiteront mieux), une jolie maison toute proprette pour Cosette, Gavroche, le chat et moi.

Gaspard a fini au cimetière des cafards (l'aspirateur, donc, à ne pas confondre avec le cimetière marin où je les inhume à grand renfort de canard WC).

PIP(Pourris en paix).



mardi 22 décembre 2009

Dégradant




Le saviez-vous, l'amiante ce n'est dangereux que quand c'est dégradé. Bon un peu aussi quand on travaille avec (demandez aux ouvriers contaminés dans les années 1970 par exemple. Ah ben non chuis bête ils sont tous morts. Ben demandez à leurs veuves).
Nous ici dans notre HLM de l'amiante on en a plein: dans les couloirs, dans le hall d'entrée (dans la colle des dalles de lino pour être tatillonne), dans les conduits d'aération (sic), de vide-ordure, enfin partout sauf dans les logements, quoi.
Paris Habitat, très respectueux des lois même quand on lui met pas le couteau sous la gorge, a fait expertiser tout ça assez récemment (avant que j'aménage en 2008 mais ils ont omis de me filer le rapport à la signature du bail, faut pas leur en vouloir c'était les vacances, ils avaient même perdu la clé de la porte blindée anti-squatt, c'était chouette, j'étais là avec mon camion plein de ma vie, un appart devant, un appart derrière, et nulle part où poser mes valises, bref) et les experts ont déduit que de l'amiante, ça yen avait mais pas d'inquiétude, c'est PAS DÉGRADÉ.
Ouf. Cosette, Gavroche, le chat et moi, sans parler des trois millions d'autres locataires, on l'a échappé belle! Paris Habitat veille sur nous.

Seulement voilà, dans le hall de l'immeuble, yavait des dalles éventrées qui montraient sans pudeur tout ce qu'elles avaient dans le ventre. De la colle donc. De l'amiante, par conséquent. Mais pas dégradée, on vous dit. Eh ben c'est dommage qu'on s'en serve plus, parce que si là c'est pas dégradé, c'est que c'est drôlement résistant et l'humanité perd un sacré matériau.

Or donc, quand j'ai envoyé la jolie photo que voilà (figure un, enfin celle du dessous, j'arrive pas à les placer les photos!!!) à la mairie du XVIIIe, service logement tout ça, ben ça a tout à coup eu beaucoup plus d'effet que quand j'étais allée pétarader chez le gérant (qui avait pris bonne note. Ah oui on va faire quelque chose. Gniiiiiiiiiiiiii...silence radio.) C'est-à-dire que trois jours plus tard, les quatre dalles de lino étaient arrachées et à la place on avait du rien (c'est à dire du HLM à vif en gros, c'est pas très choli mais ça fait moins peur que la colle à l'amiante à vif voyez).

Et comme Paris Habitat ne fait pas les choses à moitié, au bout de deux-trois semaines ils ont remis des dalles (Thésée vous dans le fond!) (Oui,bon.) Les trèèès cholies dalles qu'on a dans les apparts, et qui vont merveilleusement bien avec les vieilles qui restent, millésime 1976 (figure deux, donc).

Parce qu'à Paris Habitat, on ne mégote pas non plus avec le recyclage (et l'esthétique visiblement). (refaites un tour figure deux, c'est sympa quand même).

Donc cette amiante dont on voit les jolies nuances sombres dans la colle qui bée de cette merveilleuse photographie (hop, re-figure un), ben elle n'est PAS DÉGRADÉE. C'est l'expert qui l'a dit.
Donc on ne la respirait pas en passant tous les jours dans le couloir prendre l'ascenseur ou promener son iguane.

(Incidemment, il y a une nounou avec des tout petits au rez-de-chaussée. Vous je sais pas mais moi ça me hérisse le duvet d'imaginer la plèvre sans défense de ces mômes qui passaient des journées le nez au niveau de cette amiante non dégradée).

Bon, enfin, le pire est évité. dans les conduits d'aération, l'amiante n'est pas dégradée, non plus.

Non plus.

Ouf...non parce que sinon, houlala la galère, pour désamianter tout ça ça coûterait trop cher (bravo à ceux qui ont deviné que c'est monsieur mon gérant qui me l'a dit).

Pour ceux qui auraient l'esprit assez mal placé pour dire que quand même, leur expertise c'est de la merdasse, qu'on se fout des pauvres qui peuvent bien choper un ptit cancer t'façon ils fument, déjà, que les ouvriers qui ont arraché les dalles amiantées ça les étonnerait qu'ils aient porté la combinaison et les masques requis par les autorités sanitaires et tout ça et tout ça (bon je les ai pas vus faire, si ça se trouve ils l'avaient mais si on peut pas faire du mauvais esprit chez soi où va-t-on?), à tous ceux là je répondrai: oui mais au moins, ici, ça brûlera pas.





samedi 19 décembre 2009

Un curry

Je me sens moins seule.
À l'autre bout du monde, une femme a les mêmes préoccupations que moi.
Delhi-Habitat n'a pas l'air de mieux s'en sortir.



mercredi 16 décembre 2009

Le téléphone pleure

Ô bailleur adoré, bras qui œuvre dans l’ombre

A fournir un toit à ceux qui sont sans un

Refusés par moult proprios que trop encombre

Un nom qui sonne trop pauvre, voire trop maghrébin.


Toi qui ne te contentes pas de louer le gîte

Mais rajoutes parfois, et pour le même prix,

Le couvert : champignons, cafards, voisins et mites,

Le gardien, le gérant c’est cadeau ; c’est gratuit !


Quelle générosité ! Et quelle grandeur d’âme !

Las, si l’amour aveugle, la bonté te rend sourd !

Quand ton téléphone sonne, ton encéphalogramme

Est plat comme une limande et moi je fais un four.

mardi 15 décembre 2009

Mon gérant, ma bataille


Quand, au bout de quelques mois dans mon petit nid douillet je suis rendue compte que ma peinture tombait petit à petit (pas à cause des champignons, attention, suivez, mais juste parce que par endroit, la peinture, elle n'adhère ni à mes idées de déco, ni au mur), je suis allée voir le gérant. Je lui ai dit que bon, pour moi ça avait l'air trop tard mais fallait quand même dire à l'entreprise qui rénovait les apparts que leur boulot c'était du nul (genre on remet un joint propre par-dessus le joint sale autour de la baignoire, ni vu ni connu j't'embrouille, et les paris sont ouverts, au bout de combien de mois le sale refait surface? J'ai deux à droite, trois au fond, on me dit quatre au téléphone, New York dit quatre, bravo, ils sont forts ces Américains, et pourtant c'est des étrangers et les étrangers, c'est bien connu, ça attire les cafards, c'est ma voisine du fond du couloir à la coiffure en brosse mode troisième Reich qui m'l'a dit - oui je sais ça n'a rien à voir, j'avais juste envie de dire du mal de cette mégère qui ne me parle plus depuis qu'elle m'a vu faire des gouzi-gouzis à de tout ptits enfants qui doivent attirer de tout ptits cafards, si c'est au prorata de la taille bien sûr, et j'espère que non car vu comme les miens sont rondouillets - mes cafards, mais suivez, quoi! - ça m'étonnerait à peine que ma balance m'insulte la prochaine fois que je monterai dessus. (Là j'ai mis un point parce que j'ai pitié de ta respiration, lecteur, mais quand t'auras un peu pris l'habitude je t'emmènerai dans le monde des phrases à tiroirs où la logorrhée en apnée fait voir des étoiles, des ptites lumières, même parfois des champignons sur les murs.))
Je disais donc au gérant qu'il fallait les prévenir, les ouvriers embauchés par Paris Habitat: faut arrêter la gouache sur les murs, ça tient pas. Le malabar autour de la baignoire non plus.

L'air compatissant il m'a répondu: "Ah ben non madame, vous savez, c'est trop tard."
D'accord ça c'est bon, on a compris, mais bon ya whatmillions d'apparts à rénover dans un avenir proche, à moins qu'on soit à Dubaï ici et qu'on fasse que du neuf, mais je l'aurais su, hein. Je lis le journal. Donc, prévenez, merci.

"Ah ben non mais ils pourront rien faire, madame, hein, c'est trop tard."
Je ne l'ai pas mordu parce que mes vaccins ne sont pas jour et qu'il a une tête à filer le tétanos.
Mais j'ai eu une pensée émue pour la mère, qui, il y a moins de quarante ans, a mis au monde dans la douleur ce petit être rond, rose et braillard, et qui s'est exclamée, affolée: "MAIS IL N'A PAS DE CERVEAU!" et à qui les sage-femmes ont répondu, compatissantes:
"Ah ben non, mais on peut rien faire, hein, Madame, il est trop tard."

lundi 14 décembre 2009

Marcel


Marcel aime à se promener dans les longs couloirs humides et suintants de la Grande Vordure, il aime remonter les conduits recouverts de poudre fine à l'arôme si particulier. Un des frères de Marcel a ouvert un Bar à Sniff au carrefour de deux conduits, et guide les bobos amateurs de sensations dans leur dégustation. Ici on peut humer des effluves d'eaux usées, là des particules élémentaires, ici des remontées de la cuve où se mélangent eaux de vaisselles et déchets des toilettes - un délice. Rien ne vaut évidemment les spécialités du conduit d'aération – on vient d'aussi loin que la rue Ordener ou la rue Championnet pour sniffer, à prix d'or un long rail "amiante 76." C'est dangereux, c'est pour ça que c'est bon.
Marcel n'est pas né de la dernière fuite de colonne. Il n'y reste jamais trop longtemps. Après un passage au bar à Sniff, Marcel en a trop vu se précipiter en pleine lumière et mourir grillé. D’autres deviennent tellement stones qu’ils boulottent les boulettes d’acide borique, que même les enfants savent que c’est du poison et qu’il ne faut pas jouer avec.
Mais Marcel, c’est le plus fort ! Un ptit sniff derrière la carapace et hop, le voilà assez sûr de lui pour inviter la jolie Germaine du 2e à grignoter un morceau, et qui sait, peut-être se laissera-t-elle caresser les antennes…
Germaine, elle, elle court vite, je l’ai ratée.
Mais Marcel, il est tout plat.
Comme quoi, l'amiante, c'est de la merde.

jeudi 10 décembre 2009

mercredi 9 décembre 2009

Recette d'automne


L'omelette d'iguane aux champignons de Paris

Ingrédients:
- un iguane bien mûr et bien plein
- des champignons de Paris (Habitat)
- une chambre d'enfants
- un fouet

Dans votre ascenseur, prélevez quelques œufs auprès de votre iguane habituel. Battez-les.
Prélevez un bon kilo de champignons sur le mur de la chambre de Cosette (8 ans) et Gavroche (6 ans) (oui je suis fan d'Hugo et je le revendique).
Battez-les.
Appelez le gérant de Paris Habitat et le gardien d'immeuble pour faire constater l'étendue des dégât.
Battez-les.

Laissez reposer six mois au moins.

Durée de la recette: trèèèèèès longue.
Coût: pour les nerfs €€€
Facilité: débutants


La photo n'illustre qu'une partie du mur de la chambre des enfants.
Dans sa grande mansuétude, Paris Habitat m'a dépêché mon gérant au bout de moult protestations et harcèlements de ma part. A ma question "Mais vous, vous feriez dormir vos enfants là-dedans?" l'homme a eu cette justification péremptoire:
"Ah ben moi toute façon, j'ai pas d'enfants."

CQFD.

mardi 8 décembre 2009

Inventaire




L'ex-Opac (et nouvellement Paris-Habitat) ne loue pas toujours que quatre murs et un toit.
Parfois, pour quelques euros, on a plus, beaucoup plus.
Des champignons, des cafards, un iguane, un chat, des lardons, de l'amiante, un ascenseur, un raton-laveur©...

Le chat et les lardons, je revendique, c'est moi.
Le reste, c'est eux.
(Le raton laveur, c'est les Frères Jacques).
Voici ce qu'un matin (un lapin) nous trouvâmes, la chair de ma chair et moi, dès potron-minet, dans notre (grand) ascenseur. Au niveau de l'échelle, pour vous donner une idée, le cadre sur le mur du fond c'est la trappe qui permet de faire passer les cercueils (eh oui, tout le monde le sait, quand on obtient un HLM à Paris on n'en sort que les pieds devant.)