dimanche 3 avril 2016

Blues

Après la jupe trop courte ou trop longue, voici un nouveau moyen de reprocher leur apparence aux collégiennes: la couleur des cheveux.

Tina, élève de 3e d’un collège du Var, a été exclue de son établissement parce qu’elle avait teint ses cheveux en bleu. Elle n’a eu le droit de retourner en classe... qu’avec une perruque.

«Si nous acceptions une telle originalité, nous ouvririons la porte à un effet boule de neige que nous ne pourrions plus maîtriser» a justifié la proviseure. Et comment la blâmer? Imaginez le cataclysme, si tous les collégiens décidaient de se teindre les cheveux en bleu (ou en rose)! Les conséquences seraient catastrophiques: ils auraient tous... euh, eh bien, les cheveux bleus ou roses (ce qui ne serait plus du tout original, pour le coup.)

Pour cette cheffe d’établissement, arborer à 15 ans une tignasse d’une couleur improbable est donc une bien plus grande originalité que d’obliger une adolescente non alopécique à se coller des cheveux qui ne lui appartiennent pas par-dessus les siens pour avoir le droit d’étudier.

On cherche le rapport. Tout comme dans le cas de cette proviseure–adjointe d’un collège du 18e arrondissement qui estime, elle aussi, que les cheveux teints (en vert) «ce n’est pas une tenue pour travailler», on doit donc en conclure que la couleur de la chevelure a une incidence directe sur les facultés cognitives. Ça doit être écrit en tout petit sur les boîtes de teinture: «Effets secondaires: troubles des apprentissages, originalité, effet boule de neige, risque de ratage du brevet des collège.»

Ou alors, on peut déduire qu’encore une fois, on refuse à une femme le droit de décider à quoi doit ressembler son corps sous prétexte de ne pas perturber les convenances et l’ordre social. Qu’il convient de cacher l’expression de la liberté féminine qui n’a pas à se manifester hors des sentiers battus. Ce message sexiste vous est gracieusement délivré par les représentants de l’éducation nationale.

L’incident rappelle le film Diabolo Menthe, de Diane Kurys, où une collégienne est débarbouillée de force par sa professeure parce qu’elle a osé porter du rouge à lèvres. La scène se déroule en 1963. Un demi-siècle plus tard, quelle réponse apporter au même genre de censure?


Yaurait bien ça, par exemple....