lundi 24 janvier 2011

Nuit grave.

Dimanche, alors que je me traînais les savates pour rentrer chez moi, les godillots alourdis par les vestiges d'un peu affable virus gastro-entérochiant, décomposée et blafarde, le moral dans les bas de contention et la mèche aussi crépue que grisonnante (ça fait envie, hein), je me fis héler- -que dis-je, alpaguer, accrocher, capturer même - par Ginette.

Ginette, immense baleine aux contours flous, appuyée sur son déambulateur rafistolé au gros scotch noir (ça va péter, mon Dieu faites que je ne sois pas là le jour où ça va péter), amarrée au milieu du Hall, se mit à claironner d'une voix de cor de brume mâtinée d'une arrière-gorge de lavandière poissarde, BONJOUR MON PTIIIIIIIIIIIIIIIIIIT faut aller me chercher des cigarettes elle s'ra gentille!

Alors d'habitude, oui, elle est assez gentille, elle tient les portes aux mémés, elle sourit aux marmots et elle donne la piécette à la bonne cause. Mais les lendemains de gastro qui chiantent, elle a la gentillesse parfumée au smecta et elle veut plus trop qu'on l'emmerde.

Hélas. J'ai tenté un timide "Écoutez là Ginette ça va pas être possible, je suis malade et..."
Et vlan!! La bonde s'est ouverte et une cascade de mots dépoitraillés m'est tombée sur la tête. Ginette s'est mise à beugler "Mais moi je suis handicapééééééééééééée je vais MOURIIIIIR (je vous mets les majuscules mais vous en prendrez jamais autant dans la vue que ce que j'ai pris dans les oreilles) je suis MALAAAAAAAAAAAADE..."

"Mais Ginette, ai-je tenté (vraiment pas motivée) en tentant de respirer dans cette déferlante baveuse, c'est DIMANCHE! Le tabac est fermé!"

Et là pof! Miracle, le robinet s'est fermé d'un coup sec, Ginette a sorti son larfeuille, m'a collé six euros dans la pogne et m'a dit tranquillement "Mais porte de St Ouen yen a un d'ouvert le dimanche, c'est pas loin."

C'est comme ça qu'au lieu de me recoller au plumard devant une improbable série constipante à mâcher tranquillement du riz au smecta je me suis retrouvée porte de St Ouen à acheter des Rothmans bleues, que j'ai même pas pu en carotter une ou deux, je fume plus depuis dix piges.

Fumer tue? Je demande à voir, moi.


lundi 17 janvier 2011

Désolée...

...mais en ce moment, je suis coincée dans l'ascenseur.

Odon et moi, on se fait un morpion.

(Oui, j'ai décidé d'appeler l'iguane Odon).

(Je fais ce que bon me chante, je suis maîtresse de cet endroit, HAHAHA, si je veux je déclare la dictature absolue et je décrète que tous les mercredis c'est ma fête et qu'il faut m'abreuver de chocolat et vaporiser du Baygon tout autour de moi quand je me déplace, et jeter ces jolis grains de mort-aux rats roses sur mon passage. Et j'ai droit de vie et de mort sur tout rampant qui ose se présenter devant mes yeux. Et si je veux je peux exercer un droit de cuissage sur le gardien, mais franchement, non en fait. Non non, n'insistez pas, même pas pour de l'argent, faut pas déconner, ya des limites à la déprime. Je vais lui filer des étrennes déjà, ça va bien).

Vous pouvez disposer.


samedi 1 janvier 2011

Sous le signe du cafard

A une heure vingt-huit ce premier matin d'une année qui, pour être nouvelle aux yeux des adeptes du calendrier grégorien, n'a rien pour augurer de lendemains qui chantent ailleurs qu'à La Star Ac, c'est-à-dire en amateurs et sans but plus noble que celui d'être vus et reconnus pour ce qu'ils ne sont pas, j'ai célébré le premier jour du reste de ma vie de locataire de ce HLM de déprime en écrabouillant un gigantesque cancrelat affolé.

Je crois que j'ai eu leur chef.

A moins que...

Celui qui part tout seul, en éclaireur, pour les autres, affrontant tous les risques, celui de se faire surprendre et aplatir par une chaussure (ou une boîte en carton en l'occurrence), prospecter s'il n'y aurait pas de quoi nourrir la tribu dans les confins oubliés d'un radiateur qui fuit et dont la chaleur humide est propice à la profusion de vermine et autres champignons, celui-là, pour impressionnant qu'il fût (et je ne souhaite pas même paix à son âme, je m'en tamponne les antennes, j'ai d'autres cafards à fouetter en ce moment que de pleurer sur un insecte), avait-il la moindre chance d'être un jour un chef?

Ca m'étonnerait. Quand on est malin, on ne s'expose pas, on envoie les autres, et on en tire les conclusions qui s'imposent. Il a succombé? Après tout, il s'était lancé, et il aurait été le premier à jouir du butin si les antennes de la chance lui avaient souri.

En gros, j'ai écrabouillé un Kerviel. Il a pris pour tous les autres, seul coupable, seul responsable. Il repose dans la poubelle, les entrailles collées à une boîte de dentifrice vide. Mais la machine et toujours là, et grouille dans l'ombre. Elle m'attend au tournant d'une tisane irréfléchie, ou d'un petit déjeuner comateux.

Bonne année!