mercredi 21 avril 2010

Ginette

Ginette habite au rez-de-chaussée du Hall 3 (le 1er Hall, donc. Ici il y a trois hall, le 3, le 4 et le 5. Visiblement, on nous a volé les deux premiers. Que quiconque veuille piquer un immeuble de Paris Habitat dépasse mon entendement, mais bon). C'est l'immeuble qui donne sur la rue, et dont la porte d'entrée est aménagée pour les handicapés, comme Ginette. C'est à dire qu'activée avec le biper, elle est sensée s'ouvrir toute seule - et l'honnêteté me force à admettre que parfois, elle marche. Souvent, non. Mais de toute façon ça ne sert strictement à rien cette porte automatique pour handicapés, puisque pour y parvenir il faut en franchir d'abord deux pas automatiques...Bienvenu chez Paris-Ubutat.

Souvent je croise Ginette dans le Hall et elle me crie "vous me tenez la porte hein mon ptit, vous me la tenez" et elle met trois mille minutes à faire les cinq mètres pendant que je lui tiens la porte et qu'elle me tient la jambe. Et donc, parfois Ginette ne peut pas rentrer chez elle, quand la porte marche pas, elle dont la balade se limite à aller dans le hall emmerder le gardien. Parce qu'elle a besoin de son déambulateur pour mouvoir sa considérable masse.

Avant, Ginette aimait bien sortir dans la petite cour entre le Hall 3 et la rue, et s'assoir sur le muret de pierre qui délimite le coin de verdure servant de poubelle aux locataires convaincus que le jet de déchets par la fenêtre est un sport socialement acceptable, ou qui confondent fenêtre et vide-ordure. On en a BEAUCOUP. Bref Ginette se maquillait comme un camion volé, prenait son déambulateur à deux mains (elle est grosse, très grosse Ginette, et très lente), et allait s'asseoir sur le muret, d'où elle interpelait les locataires entrants et sortants, principalement pour leur taxer des clopes, leur demander d'aller lui en acheter et les insulter copieusement quand ils n'obtempéraient pas (moi une fois elle m'a traitée de traînée parce que j'avais pas le temps d'aller lui en acheter. "Tu vas voir ton maquereau, oui!" qu'elle a gouaillé, me transportant en une seconde à une autre époque. Elle a dû être poissonnière aux Halles vers 1925 à mon avis Ginette).

Et puis l'année dernière, Paris Habitat a fait poser un rail sur le muret. En fer. Avec des boulons bien bien enfoncés dans le béton pour que ça ne bouge pas, de la belle ouvrage. Un rail bien pointu qui fait un peu penser, dans le principe, aux sièges tordus de la RATP conçus pour dissuader les SDF d'y poser leur misère, un instant. Le rail, c'était pas pour installer une quelconque grille, ou des pots de fleurs, non. Pour rien. Ou peut-être juste pour emmerder Ginette. Et ça marche très bien. Le popotin de Ginette, il peut pas se poser là-dessus. Quand il fait beau, Ginette au lieu de s'asseoir sur le muret dehors elle ouvre sa fenêtre et elle hèle les badauds depuis son rez-de-chaussée.

Bravo les gars de Paris Habitat, beau boulot. Ca, c'est du social!

dimanche 11 avril 2010

Dr Maison, au secours...


Oui je sais, côté bande-son, ça laisse à désirer, mais pour ce qui est des effets spécieux, heu, spéciaux, pardon, c'est du lourd.

En guest-star, I'm proud to present la lampe à l'agonie la plus longue du monde, deux semaines de clignotement sans assistance respiratoire, c'est pas dans un hôpital américain qu'on l'aurait laissée tomber comme ça (oui je regarde Dr House en ce moment.)

Côté figuration, remarquez la présence de la bande de lino marronasse - pour ceux qui ont raté un épisode, après moult trépignements et caprices sous prétexte que le trou avec amiante apparente ne m'allait pas au teint, Paris Habitat l'a bouché avec cette bande de lino quasi-raccord, c'est dingue on n'y voit que du feu et le couloir y gagne considérablement en esthétique.

Notez aussi les murs aux carrelages arrachés avec les dents par des jeunes en "insertion" qui passent une journée toutes les deux semaines environ se faire insérer par Paris Habitat, mais là en ce moment ils doivent être en formation option colle (j'espère qu'ils n'ont pas les mêmes formateurs que les peintres qui sont passés par mon appart sinon on est mal).

C'est dans cette belle ambiance de parking souterrain que nous rentrons chez nous. A cette heure, le gardien est en dépression et le facteur sort tous les jours du hall en pleurant. Moi-même je suis pas fraîche-fraîche, surtout quand je rentre très tard la nuit et que j'affronte ce cadre enjôleur. Heureusement je ne suis pas seule, et à la maison je suis toujours sûre d'être accueillie à pattes ouvertes par de gentils cafards qui sortent en courant de la cuisine, l'antenne avenante, pour me souhaiter la bienvenue.

Dr House, des ptites pilules roses me feraient pas de mal.