mercredi 13 janvier 2016

racolage

Après l'agression d'un enseignant juif à Marseille, les députés Meyer Habib (UDI) et Claude Goasguen (LR) ont porté une kippa à l'assemblée (pas dans l'hémicycle quand même). Non non ce n'est pas du tout un coup de com, faut pas croire.


«Si demain, c’est un musulman, je porterai un croissant», renchérit Goasguen. «Et une croix, si c’est un chrétien», liste Habib.


Espérons que la prochaine victime ne sera pas nudiste alors.
(Et si c'est un boulanger musulman, est-ce qu'il portera un croissant ET un pain au chocolat?)

J'ai l'air énervée comme ça mais c'est juste que les politiques me les brisent à s'afficher partout telle la putain qui cherche désespérément le client (et encore j'ai vraiment  mais alors vraiment RIEN contre les putains).

La religion c'est comme la masturbation; ça se fait tout seul à la maison ou alors entre gens consentants. Mais pas devant le monde, merci, j'ai pas fini de manger.

dimanche 10 janvier 2016

Bi nerfs.


Alors nous voilà partis pour l'année des bis, apparemment. Ben oui, 2016 est bissextile il paraît (oui les combinaisons de jeux de mot grivois sont infinies, c'en est décourageant, et je me laisse décourager. Mais allez-y, vous).
Et puis il y a cette histoire de déchéance de (bi)nationalité.
Laissez-moi vous dire que je suis très déchue justement.

Evidemment je trouve ça crétin d'un point de vue strictement judiciaire, mais on l'a bien assez répété, que ça ne servait à rien dans la lutte contre le terrorisme, je ne vais pas vous faire l'affront d'en rajouter une couche (comme disait van Gogh).

Mais alors qu'un gouvernement de gauche (si, le PS c'est la gauche) tombe dans le retour de l'ordre moral à ce point, ça me dépite (comme disait Angelina).

Car qui déchoit d'habitude? Devinez qui? Les humains (soyons lucides, bien souvent les femmes hein, relisez Hugo, Sue et les autres) qui tombent dans la fange MORALE. Soit qu'elles deviennent putes ou qu'elles ne s'occupent pas de leurs marmots, ou si c'est des hommes qu'ils deviennent poivrots et du coup manquent à leurs devoirs d'époux-et-de-pères (et de soutiens de famille). Ou encore qu'ils manquent à leurs devoirs de chrétiens (parce qu'avec la religion la fête est plus folle, comme disait Charlie).

Et paf. Le ban de la société. L'excommunication. La mise à l'index. La déchéance.

C'est vrai quoi, on ne déchoit pas les animaux. On ne déchoit pas les objets. On ne déchoit pas les associations, les entreprises, les organisations, les écoles, les préfectures, les arbres, les omelettes. Non, pour déchoir il faut avoir une âme. Ou une nationalité, donc (enfin deux. Ou bien une? Nos édiles se tâtent.)

Donc voilà l'État qui décide qu'il est en droit de juger de la valeur de l'âme d'un citoyen (oui ce citoyen est dans le cas qui nous occupe un terroriste abject qu'on a très envie de pendre par les couilles. Mais justement, on ne le fait pas, parce que lui aussi a le même genre d'envie et regardez le résultat quand tout le monde laisse libre cours à ses fantasmes de vengeance? On avait dit je crois avec le contrat social et tout le bazar qu'on inventait la justice, impartiale (hum), pour régler les problèmes. Donc on ne pend personne par les couilles, et on ne laisse pas non plus des gens en massacrer d'autres impunément à la mitraillette), donc voilà l'État disais-je avant de me coller moi-même des bâtons dans la phrase, qui décide que tel citoyen est indigne est qu'il faut le déchoir.

Bon je suis linguiste, donc je manque d’objectivité, mais n’y a-t-il vraiment qu'à moi qu'il fait mal, ce verbe-là?

Dans le sens théologique, déchoir veut dire perdre l'état de grâce originel. Là ce serait l'état de français qu'on perdrait en tuant des gens de cette façon (en revanche quand on en tue parce qu'on est fou de jalousie, ou détraqué sexuel, mu par l’appât du gain ou pour voir l'effet que ça fait, ça passe. On est éventuellement condamné, mais on ne perd pas l'état de grâce originel. Ouf).

Déchoir ça veut aussi dire «tomber dans un état inférieur à celui où on était auparavant.» Donc imaginons qu'un Franco-belge commette un attentat, bim, il est déchu, il devient uniquement belge. Inférieur, donc. (Nos amis belges apprécieront).

Et alors attention, quand il est question de coller la déchéance au rencart, on la remplace par...l'indignité nationale. Là je développe où vous avez compris l'idée?

Bref, voilà le grand retour de l'ordre moral destiné à remplacer la réflexion, les remises en question du fonctionnement de notre société (parce qu'après tout, pour ceux qui décident de ce genre de connerie, elle fonctionne plutôt bien, non?)

Certes, on m’opposera que déchéance de nationalité et indignité nationale sont des expressions gravées dans le marbre de l’histoire de France, qu’il ne faut pas s’attacher aux mots, que c’est le symbole qui prime. Sauf que si on s’attache au symbole, alors force est reconnaître que c’est un symbole auquel ce sont plutôt les partis de droite, conservateurs et moralisateurs (suivez mon regard) qui sont attachés.

Outre le fait qu’un autre pays est censé récupérer un terroriste dont il n’aura que faire (on a hâte que la mesure soit votée partout, pour qu’on puisse jouer à «tu me files deux terroristes déchus je t’en rends trois»), d’un point de vue symbolique justement, c’est lourd. Je n’ai rien contre les symboles, bien au contraire. Ils sont nécessaires à nos esprits émotifs et assoiffés de jolies images unificatrices. Mais ils ne soignent pas les maux, ils ne résolvent pas les problèmes, et c’est moche de les présenter comme des solutions alors que ce ne sont que des cache-misère.