Avant, j'avais des cafards et des voisins qui se balançaient des chaises à la tronche, tout en tapant leurs gamins. Dans un immeuble insonorisé moyen, c'était pas la fête du slip.
L'immeuble dans lequel je vis actuellement a été conçu par un architecte fou et sadique, qui, devançant Deproges qui avait juré qu'il piègerait son corps pour qu'il explose à la gueule du premier qui le triturerait post-mortem, a imaginé une caisse de résonance à visée locative et il doit bien se marrer du fond de sa tombe (je vais au Père Lachaise régulièrement, si je le trouve je le déterre).
Et j'ai des nouveaux voisins.
Et ils crachent (beaucoup), pètent, toussent, marchent (les cons), parlent (non mais sans blague), écoutent un transistor (pffff), bref, vivent et j'entends TOUT.
Oui, je les entends cracher.
(Et éternuer. Et quand je leur dis "à vos souhaits", ils me remercient même pas, bravo).
(Le fait qu'eux m'entendent faire toutes les joyeuses activités humaines qui sont notre lot sonore et quotidien, à moi et mes enfants, m'indiffère totalement. Ma mauvaise foi peut atteindre des sommets si je veux. Certes cet immeuble est une caisse de tambour, mais c'est MOI que ça gêne le plus. J'ai dit).
Et puis alors là depuis deux jours, ils poncent. De 9h du matin à 21h30. Mes mômes sont des zombies et oui, j'y suis allée, oui. Pour un premier contact, c'est de la balle.
Alors bon, je voudrais bien savoir ce que j'ai fait dans ma vie d'avant pour mériter ça sans déconner. C'est déjà pas une sinécure de trouver à se loger à Paris, et le montant de mon loyer me laisse juste assez de thunes pour, heu, ben pour payer le loyer suivant en fait, alors pourquoi nom d'une pipe à merde je peux pas être tranquille?????
La liste des trucs que j'ai dû faire dans ma vie antérieure:
- avoir torturé une concierge
- avoir fait cocu mon architecte de mari
- avoir fait tomber un chaton dans les fondations d'un immeuble haussmanien (inspiration Zola, sauf que lui c'était pas un chaton, et celui qui trouve dans quel bouquin c'est gagne une paire de bouchons d'oreilles, mis une seule fois)
- avoir empoisonné un adjoint au maire au logement à la sardine pas fraîche
- avoir avorté à la ponceuse électrique avant la loi Weil
- avoir filé un logement social à un agent immobilier
Bon en attendant on peut toujours avancer qu'au moins je n'ai plus de cafards, et ça, ça n'a pas de prix, et tous les jours je remercie mon karma de ne m'avoir plongée dans un nid de cafards que quatre ans et demi au XXIe siècle (parce qu'au siècle précédent j'avais aussi joué à la fille qui hurle dans un appart où ils me couraient dessus pendant la nuit, mais c'est une autre histoire).
Du coup, maintenant j'ai ça:
C'est à peine plus propre mais c'est autrement plus mignon. Pourquoi? Vu que par rapport à un cafard, c'est quand même gigantesque, pourquoi est-ce que ça ne me fait pas hurler, frissonner, sauter, pleurer de rage et de dégoût? Les poils? La queue? (Oui le terrain devient glissant je sais).
J'en ai déduit que c'était le côté mammifère qui me faisait relativiser et accepter la cohabitation (c'est pas comme si j'avais le choix non plus). Mais aussi, et surtout, le fait d'avoir baigné toute ma vie dans une culture qui dit qu'une souris, c'est mignon. Contrairement à un blaireau, un iguane, une araignée ou un ragondin (si je trouve un ragondin sur ma gazinière mon coeur risque de lâcher quand même).
Donc il aurait fallu qu'on me répétât depuis toute petite qu'un cafard c'est trop chou, le bruit de la ponceuse trop joli, les coups de marteau über-sympa et les crachats des voisins vachement rigolo pour que ma vie soit une fête. A quoi ça tient quand même (à un imparfait du subjonctif, apparemment).
Et pendant ce temps, je tiens à souligner que c'est vraiment la crise pour tout le monde:
J'ai encore fait une affaire, moi.
Rharharharha! J'adore ! :)
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