jeudi 19 mars 2015

pot et chagrin

Aujourd'hui dans le métro, Barbès-Belleville. Genre cinquante ans, grisonnant, un genre de fils naturel de Hugues Auffray et de Cheb Mami. Du raï sur les rails.
Il chante une jolie chanson en arabe, et s'accompagne à la guitare. Sa chanson terminée, il nous parle. Voici ce qu'il nous dit.
"Faut s'unir! Faut être unis!! Parce que quand on est unis, on est heu....ben ensemble quoi. Ya des gens, ils veulent séparer les autres. C'est pas bien. Quand on voit des gens mariés qui sont heureux, ben on devrait pas essayer de les séparer. Parce que yen a qui essaient. Ya des hommes, ils voient une femme qui est heureuse avec son mari, ben ils la draguent. Mais ya des femmes aussi, elle draguent les maris des autres! Alors bon, quand vous êtes dans la rue, et que vous voyez quelqu'un avec un pain, vous allez pas lui prendre alors que vous avez une baguette de pain à la maison!!!! C'est la jalousie ça, c'est MAL.
Alors faut tous être unis hein. Qu'on soit noir, blanc, arabe, juif, musulman, chrétien, bouddhiste, on a tous le sang de la même couleur.
Et on fait tous CACA PAR TERRE.
Personne ne chie en l'air.
Parce que quand on chie en l'air, ÇA VOUS RETOMBE SUR LA GUEULE."

Là j'étais arrivée à Belleville. J'ai dû descendre. En me tenant les côtes.
Je voudrais tant, oh oui je voudrais tant que mon cerveau soit capable, l'espace de cinq stations de métro et la tête pleine de notes de musiques, de passer de on est ensemble à faut pas chier en l'air.
Mais je n'ai pas encore atteint le niveau poétique nécessaire. Je continue d'essayer.

(Au retour j'ai discuté avec un clodo qui m'a raconté "La peau de chagrin", que je n'avais pas relu depuis vingt ans au moins. C'était chouette sauf qu'il sentait très mauvais et qu'il m'a expliqué comment il ne pouvait jamais dormir, parce que le conducteur du Noctambus le fout toujours à la porte du bus au terminus, sans le laisser faire le trajet dans l'autre sens. Alors il est obligé de descendre du bus, d'attendre 30 minutes dans le froid qu'arrive celui d'après. Et au petit matin, il prend le train pour Rambouillet, parce que c'est long et qu'il peut, avec la carte Navigo qu'il lui reste. Mais qu'à l'heure de pointe, entre 7 et 9h, quand les gens vont travailler, il est obligé de se lever et de céder sa place. Quand je suis descendue, à Barbès, il a repris son trajet dans la rame en beuglant JE SUIS LE MARQUIIIIIS. Celui de la peau de chagrin. Qui se suicide lentement en regardant sa vie rétrécir sous ses yeux.)




Je la trouve belle, Juliette :)

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