Cher voleur de valise,
Toi qui as trouvé que mon sac de voyage rouge à fleurs était très à ton goût, je te félicite. De toute évidence on a les mêmes, et moi aussi je le trouvais très joli. Tu n'as peut-être pas remarqué que dans la poche intérieure, il y a le plan d'une capitale européenne, je l'avais laissé exprès, en souvenir, j'aimais bien tomber dessus sans m'y attendre et retourner en pensée, un moment, dans un coin de bien-être qui ne reviendra pas,
Toi qui vas pouvoir mettre ma jupe neuve que j'avais depuis une semaine et que j'ai mise sept fois car elle avait accédé violemment au statut de jupe préférée, sauf si tu es un gars auquel cas tu vas devoir la mettre en cachette le soir devant ton miroir pour voir ce que ça fait, pour pas qu'on te jette des pierres ou que ta femme appelle sa soeur en pleurant que tu veux changer de sexe et que t'oses pas lui dire et qu'elle se doutait bien qu'il y avait quelque chose vu que tu la touchais plus depuis des mois,
Toi qui vas pouvoir aller courir avec des baskets de compète si tu chausses du 41 ou à peu près, sache que tu seras le troisième à les user, tu verras c'est de la bonne came, avec ça on n'a pas mal au dos, contrairement à celles qu'on m'a offertes depuis, qui sont plus jolies certes mais qui amortissent moins,
Toi qui vas te demander quel genre de femme met dans la même valise un tanga en dentelle verte avec beaucoup plus de dentelle que de tanga, qu'on se demande à quoi ça sert autant ne pas mettre de culotte, et un slip en coton d'une affligeante banalité,
Toi qui vas pouvoir récurer tes chiottes avec ma brosse à dents, nourrir tes pompes avec ma crème Nivea, soigner tes complexes avec mes remèdes,
Toi qui vas pouvoir porter ou offrir mon joli pull noir offert par ma meilleure amie, porté par elle puis par moi depuis au moins quinze ans, et dont je venais juste de raccommoder un accroc au coude, super fiérasse parce que ça se voyait pas du tout (tu peux chercher mon vieux, il a l'air neuf et moi j'ai l'air bien con),
Toi qui vas porter, arborer, offrir, jeter un petit bout de ma vie qu'un jour de désespoir mon karma m'a suggéré d'abandonner dans un train qui partait plus loin que moi, trouvant avec raison que décidément, j'avais déjà assez de choses à porter comme ça, et qu'il fallait m'alléger un peu,
Je ne t'en veux pas. Un jour, toi aussi tu abandonneras dans un train ou ailleurs un petit bout de ta vie et tu te diras que c'est matériel, que l'essentiel on ne peut pas te l'enlever. Même si quand même, pour la jupe, j'ai bien les boules.
Post dédié à mon Boubou, dans la valise du fond de mon coeur depuis 25 ans, je te tiens la main en pensée mon chéri.
samedi 16 novembre 2013
samedi 12 octobre 2013
Réclame
Alors je suis allée au théâtre, parce que c'était offert, parce qu'il y avait un cocktail après, parce que Mimy Matthie rôde dans le coin et que, quand même, on n'a pas l'occasion de voir de grandes stars tous les jours.
(Oui, c'est facile. Si, j'ai le droit de me moquer. Moi aussi, j'ai des problèmes de taille).
J'y suis allée aussi parce que je connais l'auteure de la pièce et qu'elle écrit magnifiquement des mots qui reflètent souvent ma pensée sauf que chez moi c'est du goubli-boulga et chez elle c'est juste simple. ("Ce qui se conçoit bien s'exprime clairement, et les mots pour le dire vous viennent aisément" m'a fait apprendre un sinistre prof de français en seconde. Tu parles. Ce qui se conçoit bien est une boule de sentiments obscurs et douloureux qui sort en bégayant dans le meilleur des cas et que tout le monde comprend de travers, oui. Sauf pour elle.) En plus elle est belle et drôle (oui c'est agaçant. Je suis sûre qu'elle a un vice caché. Genre elle a foutu son poisson rouge aux chiottes quand elle avait trois ans, ou elle pique des sacs de petites vieilles pendant ses loisirs, c'est pas possible autrement.)
Spoiler: la metteuse en scène est également de mes connaissances, on a été séparées à la naissance et on s'est retrouvées un peu tard on avait déjà fait nos vies, mais on finira dans la même maison de retraite à faire exprès sous nous pour faire chier les infirmières (ou nos gosses)--on se rattrapera à ce moment-là. En attendant elle défoule ses névroses en dirigeant comme une folle des acteurs qui sont bien inspirés de lui obéir au doigt et à l'oeil, sinon elle menace de péter du cerveau. Et elle en est capable.
Donc bon autant dire que j'y allais avec un a priori positif et BINGO c'était bien. Quand on est en couple, ça nous conforte dans l'idée qu'on serait mieux célibataire, mais que quand même on est bien content d'avoir quelqu'un contre qui se serrer les nuits de cauchemars. Quand on est seul, en sort en soupirant que ça doit être agréable d'avoir quelqu'un sur qui cracher sa hargne, mais que le chat fait quand même moins chier quand on le vire pour assouvir un soudain besoin de solitude. Quand on aime le cul ça tombe bien, yen a plein. Quand on aime les beaux genoux alors là, là c'est l'orgasme assuré: Audrey Dana joue merveilleusement bien mais on s'en rend à peine compte tant il est dur de quitter ses magnifiques creux poplités du regard. Quand à l'homme--oui ils sont deux--Sami Bouajila, il a les genoux parfaitement à la hauteur.
Ca ne raconte pas l'histoire d'un couple qui, déçu de la défaite électorale de François Bayrou, décide de détourner le métro pour partir sauver les éléphants d'Amazonie. Malheureusement arrivés porte d'Orléans ils se rendent compte qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir éteint la lumière de la salle de bain (celle qui fait disjoncter le compteur) et à quoi bon sauver les éléphants si c'est pour tuer les baleines.
En revanche, ça égrène des situations d'amour, de désamour, de lutte, de sexe, de pintage, de rendez-vous à la con, de désillusion conjugale, le tout interprété avec les tripes les muscles et beaucoup de talent.
Je vous mets la bande annonce qui ne vous annonce pas grand-chose là:
Et je vous laisse réserver ici. Vous viendrez pas dire que je vous ai pas mâché le boulot, hein.
Allez, on éteint la télé et on sort s'ouvrir la tête.
Et puisque je suis dans la séquence pub, je vous recommande ce nouveau tumblr fort comique. Ta mère.
(Oui, c'est facile. Si, j'ai le droit de me moquer. Moi aussi, j'ai des problèmes de taille).
J'y suis allée aussi parce que je connais l'auteure de la pièce et qu'elle écrit magnifiquement des mots qui reflètent souvent ma pensée sauf que chez moi c'est du goubli-boulga et chez elle c'est juste simple. ("Ce qui se conçoit bien s'exprime clairement, et les mots pour le dire vous viennent aisément" m'a fait apprendre un sinistre prof de français en seconde. Tu parles. Ce qui se conçoit bien est une boule de sentiments obscurs et douloureux qui sort en bégayant dans le meilleur des cas et que tout le monde comprend de travers, oui. Sauf pour elle.) En plus elle est belle et drôle (oui c'est agaçant. Je suis sûre qu'elle a un vice caché. Genre elle a foutu son poisson rouge aux chiottes quand elle avait trois ans, ou elle pique des sacs de petites vieilles pendant ses loisirs, c'est pas possible autrement.)
Spoiler: la metteuse en scène est également de mes connaissances, on a été séparées à la naissance et on s'est retrouvées un peu tard on avait déjà fait nos vies, mais on finira dans la même maison de retraite à faire exprès sous nous pour faire chier les infirmières (ou nos gosses)--on se rattrapera à ce moment-là. En attendant elle défoule ses névroses en dirigeant comme une folle des acteurs qui sont bien inspirés de lui obéir au doigt et à l'oeil, sinon elle menace de péter du cerveau. Et elle en est capable.
Donc bon autant dire que j'y allais avec un a priori positif et BINGO c'était bien. Quand on est en couple, ça nous conforte dans l'idée qu'on serait mieux célibataire, mais que quand même on est bien content d'avoir quelqu'un contre qui se serrer les nuits de cauchemars. Quand on est seul, en sort en soupirant que ça doit être agréable d'avoir quelqu'un sur qui cracher sa hargne, mais que le chat fait quand même moins chier quand on le vire pour assouvir un soudain besoin de solitude. Quand on aime le cul ça tombe bien, yen a plein. Quand on aime les beaux genoux alors là, là c'est l'orgasme assuré: Audrey Dana joue merveilleusement bien mais on s'en rend à peine compte tant il est dur de quitter ses magnifiques creux poplités du regard. Quand à l'homme--oui ils sont deux--Sami Bouajila, il a les genoux parfaitement à la hauteur.
Ca ne raconte pas l'histoire d'un couple qui, déçu de la défaite électorale de François Bayrou, décide de détourner le métro pour partir sauver les éléphants d'Amazonie. Malheureusement arrivés porte d'Orléans ils se rendent compte qu'ils ne sont pas sûrs d'avoir éteint la lumière de la salle de bain (celle qui fait disjoncter le compteur) et à quoi bon sauver les éléphants si c'est pour tuer les baleines.
En revanche, ça égrène des situations d'amour, de désamour, de lutte, de sexe, de pintage, de rendez-vous à la con, de désillusion conjugale, le tout interprété avec les tripes les muscles et beaucoup de talent.
Je vous mets la bande annonce qui ne vous annonce pas grand-chose là:
Et je vous laisse réserver ici. Vous viendrez pas dire que je vous ai pas mâché le boulot, hein.
Allez, on éteint la télé et on sort s'ouvrir la tête.
Et puisque je suis dans la séquence pub, je vous recommande ce nouveau tumblr fort comique. Ta mère.
jeudi 19 septembre 2013
Oncle Sam in your pussy
On sait qu'il y a tout un tas de trucs que nos amis les Américains ne voient pas comme nous. Je ne parle pas de la bouffe, de la liberté d'inciter à la haine raciale, de brûler des croix en pleine campagne youkaïdi youkaïda, ou de produire des séries géniales en payant correctement des scénaristes créatifs...j'ai un grand respect pour l'Amérique qui a inventé Laura Ingalls, sans qui mon enfance eut été bien morne (je parle des livres bande d'ignares, pas de la série indigente du même nom).
Ce qui m'épate c'est leur tendance à traiter avec le plus grand sérieux des campagnes partisanes dont la bêtise ferait passer la culture de Sarah Palin pour celle d'une académicienne.
L'Obamacare est une mesure adoptée sous l'égide de comme son nom l'indique, et qui vise à couvrir un peu plus et un peu mieux la population américaine en termes de sécurité sociale (Wiki vous donne les détails si ça vous intéresse). Yen a toujours qui sont pas contents, notamment ceux qui y voient une fois de plus l'ingérence d'Oncle Sam, le Big Government, qui en les obligeant à payer moins cher le toubib les prive de la liberté individuelle de crever plus vite de leur obésité morbide (oui ben moi aussi je peux être de mauvaise foi si je veux).
Voici la jolie campagne de pub dont ces adorables conservateurs viennent d'accoucher (je pèse mes mots).
On y voit une jeune fille qui se rend pour la première fois dans une clinique gynécologique pour se faire examiner (routine on imagine). Lorsqu'elle confie à l'infirmière qu'elle a choisi l'ObamaCare, on sent la raideur de la praticienne (c'est vrai ça quelle idée, se faire soigner sans payer! Elle manque pas de toupet la morue. Ah ces jeunes. Je parie qu'elle ne se garde pas intacte pour le mariage en plus.)
Jetez-y un oeil, on en discute après:
Alors déjà on remarque dans la première scène que dans les cliniques américaines, l'intimité c'est pas ça hein. Ya la caméra de surveillance qui mate TOUTES les pièces. Bon, la machine à café je dis pas, les couloirs ok, on sait jamais au cas où yaurait des malades qui voleraient la moquette, mais ils filment aussi DANS LES CHAMBRES:
Là la pauvre nénette heureusement pour elle, elle dort mais imaginez si elle était en train de vider sa poche à caca ou de vérifier que son épisio n'a pas craqué, hein, joli travail, bonjour le droit à l'image.
Et comme les médecins américains sont vraiment de gros sadiques, ya aussi une caméra dans la salle d'auscultation:
Ca ça veut dire "Ma cocotte tu fais confiance à ce communiste d'Obama, t'es mal partie dans la vie".
Du coup l'infirmière lui montre négligemment la porte et lui dit de mettre une blouse, que le docteur va arriver bientôt.
Digression culturelle.
En France quand on va chez la/e gynéco on se met à poil. Pour celles qui n'y sont pas encore allées (c'est mal) et ceux qui n'auront jamais la chance de chausser d'autres étriers que ceux d'un étalon, en gros ça consiste:
- À poser ses fesses tout au bord tout au bord de l'espèce de lit obstétrical, les jambes en l'air et bien écartées (non c'est pas aussi sexy que ça en a l'air), avec entre son cul nu et le skaï un espèce de PQ géant dont les pointillés craquent forcément à tous les coups pour qu'on se retrouve le bas du dos bien collé.
- A voir une dame (souvent) un monsieur (parfois) qu'on vouvoie, dont on ne connaît même pas le prénom ni les goûts musicaux, regarder notre abricot offert et mettre un paquet de trucs dedans (doigt/sonde/spéculum/gant en sac poubelle/grattoir (sisisi j'ai bien dit grattoir)) genre pour voir tout ce qu'on peut y coller sans que ça déborde.
- A subir la chouette expérience "une main dedans, une main dehors" où la dame (disons que c'est une dame) se touche les deux majeurs (et les index pendant qu'on y est, quand yen a pour un yen a pour deux) dont un est DEDANS ta chatte et l'autre SUR ton ventre. Magie!
- À s'assoir les mains derrière la tête, nue toujours (oui ça fait très Histoire d'O) et à se faire palper fermement les nichons tout en se demandant si la dame n'a rien oublié à l'intérieur.
- À se peser (le pire).
Quand on est passée par tous ces caps, autant dire que l'idée même de dignité ou de pudeur est comparable à celles de Jean-Marie Bigard après trois mojitos.
A priori aux États-Unis les filles sont faites comme nous (en gros nichons+minou = cancer du col de l'utérus à gogo) donc on leur fait tout pareil MAIS avec une blouse parce que faut pas déconner, je veux bien me faire racler le fond de la chatte mais je veux pas que le toubib me regarde le piercing.
(A moins que la gynéco ne touche à rien pour ne pas se faire taxer d'ingérence ou d'atteinte à la liberté individuelle de la moule.)
On retrouve la demoiselle en blouse et en tête à tête avec son toubib, qui après les questions d'usage (PAS: êtes vous réglée régulièrement? Ni vous avez mal quelque part? Ni avez-vous des rapport sexuels, et si oui est-ce que tout se passe bien? Mais "Des changements de régime ou d'activité sportive?" Parce que c'est vrai que c'est important, l'exercice et les big macs. Pas comme les pertes vaginales qui ne sont qu'un détail) lui dit "OK! On va regarder tout ça!" et SE TIRE. La laissant en plan, les jambes écartées. Et là BOUUUUUH qui c'est qui va regarder la jolie demoiselle entre les deuxcuisses yeux ? Le vilain Oncle Sam! (Comprendre l'horrible Obama, mais ils n'ont pas osé, curieusement, mettre sa tête). et là on atteint le sommet du ridicule avec un affreux pantin brandissant un spéculum (oui messieurs ça ressemble donc à ça) d'un air sadique (car c'est bien connu, le frottis de dépistage c'est le MAL).
Et le slogan qui tue:
"Ne laissez pas le gouvernement jouer au docteur".
Yaurait des pages et des pages à écrire sur le système de santé américain. Sur leur façon d'aborder la sexualité féminine, la contraception et le droit à l'avortement. Ici il ne s'agit pas de ça: il s'agit de prendre pour des connes les femmes qui connaissent l'importance de la surveillance médicale en tentant de faire passer le message que subventionner les dépistages est une mauvaise idée. Il s'agit de faire peur aux gamines qui n'y sont jamais allées et qui vont entamer leur vie sexuelle sans filet (mais avec papillomavirus). Et il s'agit de montrer à quel point le gouvernement est malfaisant (le plan final où on ne voit que les jambes de la jeune femme s'agiter a une petite connotation "viol" fort sympathique. D'un autre côté elle l'a bien cherché, tu vas payer tes soins en nature ma cocotte). Avec des images dont le ridicule tranche avec le sérieux du message. Un mélange de Muppet-show et de film d'horreur gynécologique.
Ce qui m'épate c'est leur tendance à traiter avec le plus grand sérieux des campagnes partisanes dont la bêtise ferait passer la culture de Sarah Palin pour celle d'une académicienne.
L'Obamacare est une mesure adoptée sous l'égide de comme son nom l'indique, et qui vise à couvrir un peu plus et un peu mieux la population américaine en termes de sécurité sociale (Wiki vous donne les détails si ça vous intéresse). Yen a toujours qui sont pas contents, notamment ceux qui y voient une fois de plus l'ingérence d'Oncle Sam, le Big Government, qui en les obligeant à payer moins cher le toubib les prive de la liberté individuelle de crever plus vite de leur obésité morbide (oui ben moi aussi je peux être de mauvaise foi si je veux).
Voici la jolie campagne de pub dont ces adorables conservateurs viennent d'accoucher (je pèse mes mots).
On y voit une jeune fille qui se rend pour la première fois dans une clinique gynécologique pour se faire examiner (routine on imagine). Lorsqu'elle confie à l'infirmière qu'elle a choisi l'ObamaCare, on sent la raideur de la praticienne (c'est vrai ça quelle idée, se faire soigner sans payer! Elle manque pas de toupet la morue. Ah ces jeunes. Je parie qu'elle ne se garde pas intacte pour le mariage en plus.)
Jetez-y un oeil, on en discute après:
Alors déjà on remarque dans la première scène que dans les cliniques américaines, l'intimité c'est pas ça hein. Ya la caméra de surveillance qui mate TOUTES les pièces. Bon, la machine à café je dis pas, les couloirs ok, on sait jamais au cas où yaurait des malades qui voleraient la moquette, mais ils filment aussi DANS LES CHAMBRES:
Là la pauvre nénette heureusement pour elle, elle dort mais imaginez si elle était en train de vider sa poche à caca ou de vérifier que son épisio n'a pas craqué, hein, joli travail, bonjour le droit à l'image.
Et comme les médecins américains sont vraiment de gros sadiques, ya aussi une caméra dans la salle d'auscultation:
Alors là on est en droit de se dire que le toubib palpe les glandes du jeune homme, encore une fois quelle chance, c'était pas aux couilles qu'il avait mal.
Donc c'est ambiance Big Brother à la clinique, déjà ça commence bien.
On fait ensuite la connaissance de la jeune innocente venue se faire examiner le minou et qui déjà suscite la désapprobation de l'infirmière chargée de son dossier (notez la mimique):
Du coup l'infirmière lui montre négligemment la porte et lui dit de mettre une blouse, que le docteur va arriver bientôt.
Digression culturelle.
En France quand on va chez la/e gynéco on se met à poil. Pour celles qui n'y sont pas encore allées (c'est mal) et ceux qui n'auront jamais la chance de chausser d'autres étriers que ceux d'un étalon, en gros ça consiste:
- À poser ses fesses tout au bord tout au bord de l'espèce de lit obstétrical, les jambes en l'air et bien écartées (non c'est pas aussi sexy que ça en a l'air), avec entre son cul nu et le skaï un espèce de PQ géant dont les pointillés craquent forcément à tous les coups pour qu'on se retrouve le bas du dos bien collé.
- A voir une dame (souvent) un monsieur (parfois) qu'on vouvoie, dont on ne connaît même pas le prénom ni les goûts musicaux, regarder notre abricot offert et mettre un paquet de trucs dedans (doigt/sonde/spéculum/gant en sac poubelle/grattoir (sisisi j'ai bien dit grattoir)) genre pour voir tout ce qu'on peut y coller sans que ça déborde.
- A subir la chouette expérience "une main dedans, une main dehors" où la dame (disons que c'est une dame) se touche les deux majeurs (et les index pendant qu'on y est, quand yen a pour un yen a pour deux) dont un est DEDANS ta chatte et l'autre SUR ton ventre. Magie!
- À s'assoir les mains derrière la tête, nue toujours (oui ça fait très Histoire d'O) et à se faire palper fermement les nichons tout en se demandant si la dame n'a rien oublié à l'intérieur.
- À se peser (le pire).
Quand on est passée par tous ces caps, autant dire que l'idée même de dignité ou de pudeur est comparable à celles de Jean-Marie Bigard après trois mojitos.
A priori aux États-Unis les filles sont faites comme nous (en gros nichons+minou = cancer du col de l'utérus à gogo) donc on leur fait tout pareil MAIS avec une blouse parce que faut pas déconner, je veux bien me faire racler le fond de la chatte mais je veux pas que le toubib me regarde le piercing.
(A moins que la gynéco ne touche à rien pour ne pas se faire taxer d'ingérence ou d'atteinte à la liberté individuelle de la moule.)
On retrouve la demoiselle en blouse et en tête à tête avec son toubib, qui après les questions d'usage (PAS: êtes vous réglée régulièrement? Ni vous avez mal quelque part? Ni avez-vous des rapport sexuels, et si oui est-ce que tout se passe bien? Mais "Des changements de régime ou d'activité sportive?" Parce que c'est vrai que c'est important, l'exercice et les big macs. Pas comme les pertes vaginales qui ne sont qu'un détail) lui dit "OK! On va regarder tout ça!" et SE TIRE. La laissant en plan, les jambes écartées. Et là BOUUUUUH qui c'est qui va regarder la jolie demoiselle entre les deux
Et le slogan qui tue:
"Ne laissez pas le gouvernement jouer au docteur".
Yaurait des pages et des pages à écrire sur le système de santé américain. Sur leur façon d'aborder la sexualité féminine, la contraception et le droit à l'avortement. Ici il ne s'agit pas de ça: il s'agit de prendre pour des connes les femmes qui connaissent l'importance de la surveillance médicale en tentant de faire passer le message que subventionner les dépistages est une mauvaise idée. Il s'agit de faire peur aux gamines qui n'y sont jamais allées et qui vont entamer leur vie sexuelle sans filet (mais avec papillomavirus). Et il s'agit de montrer à quel point le gouvernement est malfaisant (le plan final où on ne voit que les jambes de la jeune femme s'agiter a une petite connotation "viol" fort sympathique. D'un autre côté elle l'a bien cherché, tu vas payer tes soins en nature ma cocotte). Avec des images dont le ridicule tranche avec le sérieux du message. Un mélange de Muppet-show et de film d'horreur gynécologique.
Tout de suite, ça prend une autre saveur.
jeudi 12 septembre 2013
Si, moi.
Depuis six mois, tous les jours je me dis que je vais fermer ce blog. Et je retourne dans ma tête toutes les possibilités de post d'adieu.
Car un beau matin j'ai enfin reçu la lettre qui allait mettre fin à mon stage chez les fous. En gros elle disait: chère madame, voulez-vous retourner habiter dans un joli appartement à côté des écoles des mômes, dans un immeuble tout propre et sans cafard, plein de bourges dedans et encore plus de bourges autour? Ca ne vous coûtera que la modique somme de deux fois votre loyer actuel, mais un peu de prostitution occasionnelle n'a jamais tué personne, et puis votre fille a douze ans, que le temps passe vite, madame hier encore elle était si petite.
Bref s'est très rapidement imposé à moi ce non-choix: crever vieille et seule, chauve et égrotante (mais avec du vocabulaire) dans un appartement glauque dont les murs me jetaient à chaque instant leur haine et leur mépris moisi et bétonné à la gueule, en regardant des files de cafards hilares sortir des aérations au son des voisins assommant leurs enfants et en attendant une improbable aide-soignante morte de faim et de soif dans l'ascenseur en panne, la langue collée à l'écran de l'iPhone, après une vaine tentative de manger les bonbons de candycrush pour ne pas succomber
OU
vivre.
Donc je suis partie. En regrettant simplement que les quelques bons souvenirs que j'avais pu y fabriquer aient été gâchés par le cadre, et en priant pour ne pas emporter de sale bête dans les cartons.
(J'ai tellement vaporisé de produits chimiques dégueulasses que j'y ai perdu au moins six mois d'espérance de vie et que les cafards me surnommaient Bachar.)
J'en ai emporté deux.
La première nuit dans ma nouvelles maison, j'ai pas dormi. Comme la veille non plus (ce serait dommage de se fader un déménagement toute seule en forme faut dire, et puis mon ange gardien visiblement il est bourré du soir au matin), j'étais passablement hallucinée. Sur le coup de trois heures j'ai enjambé les cartons pour boire un verre d'eau dans la cuisine et Paf, la bestiole, par terre, sur le lino.
Comme j'étais très très fatiguée, qu'elle n'a pas crié tout de suite et qu'elle m'a semblé avoir une drôle de couleur, j'ai décrété que ce n'était pas un cafard mais un produit de mon imagination névrosée et proche du burnout et je l'ai tuée et chiottisée et je suis retournée au lit pas dormir.
Du coup la troisième nuit, j'ai pas dormi non plus (un jour j'ai traduit les mémoires d'un type qui avait été torturé à Guantanamo. Mon gars, je compatis.)
Du coup, le troisième jour, j'ai accroché ma clé au clou (c'est la première chose que je fais quand j'emménage: je fixe les crochets pour mettre les clés. Faut jamais jamais jamais perdre ses clés. Sinon on redevient petite fille avec un papa qui hurle QUI A TOUCHÉ MES CLÉS NOM DE DIEU DE PUTAIN DE BORDEL DE MERDE et qui balance des torgnoles verbales combien je vous dois docteur?) donc j'ai accroché ma putain de clé au clou disais-je, et je suis sortie de chez moi.
Et j'ai regardé mes mains. Vides. Ma porte. Fermée. Mon absence de clé. Mes yeux ont regardé l'intérieur de ma tête: tout le malheur des quatre dernières années était en train de remonter à la surface comme du vomi de vieux poivrot cirrhosé, en direct tout droit du coeur. J'ai entendu mon père mort ricaner. J'ai entendu tous les cafards morts par ma faute ricaner. Je suis allée au troquet d'en bas, je me suis enfermée dans les chiottes et j'ai pleuré.
Le lendemain, comme grâce à mon pote cambrioleur j'avais quand même pu sortir des chiottes et rentrer chez moi, j'ai défait des cartons, et là pouf, sortant d'un pouf justement, un cafard. Un vrai, nickel, pleine bourre, super content de lui, hé les gars zavez vu ma nouvelle maison??????
Il a pas couru longtemps car malgré l'épuisement j'avais encore du réflexe et pouf le cafard du pouf.
Du coup, j'avais déjà jeté mon lave-vaisselle et mon frigo pour cause de colonisation intense, j'ai bazardé tous mes poufs.
J'ai acheté des pièges à cafards qui collent, des qui empoisonnent, j'ai vaporisé partout, j'ai attendu.
Six mois.
Yen a PLUS.
Je viens de jeter les pièges. La Poste ne fait plus suivre mon courrier. Le Fisc m'écrit à ma nouvelle adresse. Moi je ne suis pas encore tout à fait arrivée, mais ce qui est certain c'est que je suis totalement partie.
Alors le blog? Il n'a plus de raison d'être.
Plus d'iguane, plus de cafard, plus de voisins atroces, plus de Ginette, plus de gérant débile, plus de rats.
Et puis une nuit j'ai pu constater que l'insonorisation de mon nouveau logement avait été assurée par un sourd manchot et cocaïnomane. Que j'avais un voisin somnambule qui jouait des claquettes en duo avec une chaise à 1h28 tous les MATINS. Que finalement le loyer, c'était trop cher. Que c'est pas possible d'avoir une vie d'agent secret (je suis agent secret) quand tout le quartier voit dans ton salon en emmenant les enfants à l'école (je suis au premier étage) que tu es en trainde faire une chorégraphie des demoiselles de Rochefort d'écrire à Poutine (agent secret je vous dis).
Bref, j'ai trouvé D'AUTRES raisons de me plaindre.
Et j'aime bien mon titre de blog.
Alors je ferme pas. Je continue. Je diversifie. Je reviens.
Bisous.
Car un beau matin j'ai enfin reçu la lettre qui allait mettre fin à mon stage chez les fous. En gros elle disait: chère madame, voulez-vous retourner habiter dans un joli appartement à côté des écoles des mômes, dans un immeuble tout propre et sans cafard, plein de bourges dedans et encore plus de bourges autour? Ca ne vous coûtera que la modique somme de deux fois votre loyer actuel, mais un peu de prostitution occasionnelle n'a jamais tué personne, et puis votre fille a douze ans, que le temps passe vite, madame hier encore elle était si petite.
Bref s'est très rapidement imposé à moi ce non-choix: crever vieille et seule, chauve et égrotante (mais avec du vocabulaire) dans un appartement glauque dont les murs me jetaient à chaque instant leur haine et leur mépris moisi et bétonné à la gueule, en regardant des files de cafards hilares sortir des aérations au son des voisins assommant leurs enfants et en attendant une improbable aide-soignante morte de faim et de soif dans l'ascenseur en panne, la langue collée à l'écran de l'iPhone, après une vaine tentative de manger les bonbons de candycrush pour ne pas succomber
OU
vivre.
Donc je suis partie. En regrettant simplement que les quelques bons souvenirs que j'avais pu y fabriquer aient été gâchés par le cadre, et en priant pour ne pas emporter de sale bête dans les cartons.
(J'ai tellement vaporisé de produits chimiques dégueulasses que j'y ai perdu au moins six mois d'espérance de vie et que les cafards me surnommaient Bachar.)
J'en ai emporté deux.
La première nuit dans ma nouvelles maison, j'ai pas dormi. Comme la veille non plus (ce serait dommage de se fader un déménagement toute seule en forme faut dire, et puis mon ange gardien visiblement il est bourré du soir au matin), j'étais passablement hallucinée. Sur le coup de trois heures j'ai enjambé les cartons pour boire un verre d'eau dans la cuisine et Paf, la bestiole, par terre, sur le lino.
Comme j'étais très très fatiguée, qu'elle n'a pas crié tout de suite et qu'elle m'a semblé avoir une drôle de couleur, j'ai décrété que ce n'était pas un cafard mais un produit de mon imagination névrosée et proche du burnout et je l'ai tuée et chiottisée et je suis retournée au lit pas dormir.
Du coup la troisième nuit, j'ai pas dormi non plus (un jour j'ai traduit les mémoires d'un type qui avait été torturé à Guantanamo. Mon gars, je compatis.)
Du coup, le troisième jour, j'ai accroché ma clé au clou (c'est la première chose que je fais quand j'emménage: je fixe les crochets pour mettre les clés. Faut jamais jamais jamais perdre ses clés. Sinon on redevient petite fille avec un papa qui hurle QUI A TOUCHÉ MES CLÉS NOM DE DIEU DE PUTAIN DE BORDEL DE MERDE et qui balance des torgnoles verbales combien je vous dois docteur?) donc j'ai accroché ma putain de clé au clou disais-je, et je suis sortie de chez moi.
Et j'ai regardé mes mains. Vides. Ma porte. Fermée. Mon absence de clé. Mes yeux ont regardé l'intérieur de ma tête: tout le malheur des quatre dernières années était en train de remonter à la surface comme du vomi de vieux poivrot cirrhosé, en direct tout droit du coeur. J'ai entendu mon père mort ricaner. J'ai entendu tous les cafards morts par ma faute ricaner. Je suis allée au troquet d'en bas, je me suis enfermée dans les chiottes et j'ai pleuré.
Le lendemain, comme grâce à mon pote cambrioleur j'avais quand même pu sortir des chiottes et rentrer chez moi, j'ai défait des cartons, et là pouf, sortant d'un pouf justement, un cafard. Un vrai, nickel, pleine bourre, super content de lui, hé les gars zavez vu ma nouvelle maison??????
Il a pas couru longtemps car malgré l'épuisement j'avais encore du réflexe et pouf le cafard du pouf.
Du coup, j'avais déjà jeté mon lave-vaisselle et mon frigo pour cause de colonisation intense, j'ai bazardé tous mes poufs.
J'ai acheté des pièges à cafards qui collent, des qui empoisonnent, j'ai vaporisé partout, j'ai attendu.
Six mois.
Yen a PLUS.
Je viens de jeter les pièges. La Poste ne fait plus suivre mon courrier. Le Fisc m'écrit à ma nouvelle adresse. Moi je ne suis pas encore tout à fait arrivée, mais ce qui est certain c'est que je suis totalement partie.
Alors le blog? Il n'a plus de raison d'être.
Plus d'iguane, plus de cafard, plus de voisins atroces, plus de Ginette, plus de gérant débile, plus de rats.
Et puis une nuit j'ai pu constater que l'insonorisation de mon nouveau logement avait été assurée par un sourd manchot et cocaïnomane. Que j'avais un voisin somnambule qui jouait des claquettes en duo avec une chaise à 1h28 tous les MATINS. Que finalement le loyer, c'était trop cher. Que c'est pas possible d'avoir une vie d'agent secret (je suis agent secret) quand tout le quartier voit dans ton salon en emmenant les enfants à l'école (je suis au premier étage) que tu es en train
Bref, j'ai trouvé D'AUTRES raisons de me plaindre.
Et j'aime bien mon titre de blog.
Alors je ferme pas. Je continue. Je diversifie. Je reviens.
Bisous.
dimanche 4 août 2013
Tête de mue
Avec les grande chaleurs, le cerveau de l'iguane commence à faire des bulles saumâtres.
Ne l'avez-vous pas eu, vous, ce sentiment que la vie n'est qu'une longue série de mues, l'une après l'autre, de plus en plus grandes les peaux qu'on abandonne, et puis, après l'apogée de la croissance, de nouveau de plus en plus petites et fines, tellement fine, transparentes mêmes, qu'on ne les voit plus tomber, jusqu'au jour où devant le miroir un vieil iguane vous contemple en ricanant. Jaune.
Qu'as-tu fait de ta vie de reptile? Tu as pondu des œufs? Tu as creusé ton trou? Tu as pris, dépris, repris, tu t'es laissé prendre, tu as laissé partir, couru derrière mais oh, trop tard, et puis las tu t'es arrêté de tenter de t'éprendre?
Tu as peut-être construit de quoi fasciner les autres reptiles, ou peut-être t'es-tu contenté d'être de ceux qui restent bouche bée devant la mue des autres? Tu as assuré ad vitam le confort de ta descendance, ou tu vis au jour le jour avec au ventre l'angoisse de leur lendemain? Tu es resté avec ton co-iguane, par habitude, par tendresse, parce que tu as oublié de le quitter, parce seul, ce n'est vraiment pas possible, et puis je ne vais pas lui faire ça? Tu t'es laissé envahir par les cafards, un seul d'abord, en plein jour, sur le mur de la cuisine, et puis deux, trois, cent et mille, grouillant toutes les nuits sous ton lit et dans ta tête, et toutes les bombes insecticides du monde, tous les déménagements ne les tueront pas, parce que leurs œufs sont en toi depuis tout petit, et que c'est là, maintenant, à l'aube de ta pente descendante, qu'ils choisissent d'éclore--parce que tu es juste rafistolé à la colle, que la colle a vieilli, et que ça y est, les fissures réapparaissent.
Bref je vais avoir 40 ans et j'aime pas l'idée.
Ne l'avez-vous pas eu, vous, ce sentiment que la vie n'est qu'une longue série de mues, l'une après l'autre, de plus en plus grandes les peaux qu'on abandonne, et puis, après l'apogée de la croissance, de nouveau de plus en plus petites et fines, tellement fine, transparentes mêmes, qu'on ne les voit plus tomber, jusqu'au jour où devant le miroir un vieil iguane vous contemple en ricanant. Jaune.
Qu'as-tu fait de ta vie de reptile? Tu as pondu des œufs? Tu as creusé ton trou? Tu as pris, dépris, repris, tu t'es laissé prendre, tu as laissé partir, couru derrière mais oh, trop tard, et puis las tu t'es arrêté de tenter de t'éprendre?
Tu as peut-être construit de quoi fasciner les autres reptiles, ou peut-être t'es-tu contenté d'être de ceux qui restent bouche bée devant la mue des autres? Tu as assuré ad vitam le confort de ta descendance, ou tu vis au jour le jour avec au ventre l'angoisse de leur lendemain? Tu es resté avec ton co-iguane, par habitude, par tendresse, parce que tu as oublié de le quitter, parce seul, ce n'est vraiment pas possible, et puis je ne vais pas lui faire ça? Tu t'es laissé envahir par les cafards, un seul d'abord, en plein jour, sur le mur de la cuisine, et puis deux, trois, cent et mille, grouillant toutes les nuits sous ton lit et dans ta tête, et toutes les bombes insecticides du monde, tous les déménagements ne les tueront pas, parce que leurs œufs sont en toi depuis tout petit, et que c'est là, maintenant, à l'aube de ta pente descendante, qu'ils choisissent d'éclore--parce que tu es juste rafistolé à la colle, que la colle a vieilli, et que ça y est, les fissures réapparaissent.
Bref je vais avoir 40 ans et j'aime pas l'idée.
dimanche 23 juin 2013
Moment de crasse
(merci à Magnus pour l'idée)
Je me sens moins seule en voyant ça (et puis je me sens plus propre aussi, moi pour qui le ménage a une fréquence plutôt menstruelle. Un peu comme mes post d'ailleurs tiens. Oui bon mensuelle si vous voulez, c'est pareil d'ailleurs, alors pourquoi avoir inventé deux mots, hein? Un seul ce serait bien suffisant et tellement plus savoureux sur les factures et les papiers officiels.
Cher monsieur Edf, vous aurez la bonté de me menstrualiser mes prélèvements.
Monsieur Guéant, vous n'allez pas nous dire que votre salaire menstruel ne suffisait pas à subvenir à vos besoin? Il fallait que vous substituassiez les 10000 euros menstruels de la police?
Abonnez-vous à Nous Deux, le bi-menstruel pour hétéros pas bi!)
Fin de la divergence.
Donc je me sens moins seule car celui/celle/ceux qui ont réalisé ce film (je ne vous en ai mis qu'un bout, je n'ai pas tout vu, ce n'est pas forcément un chef d'œuvre mais il a le mérite de mettre en image des morceaux de l'intérieur de ma tête et ça c'est FORT) ont forcément cohabité avec les bestioles à un moment ou à un autre--sinon comment expliquer qu'ils fassent aussi bien passer l'évidente jubilation de la meute de cafard qui est chez elle, alors que vous, vous vous croyez chez vous.
PS: tu as trouvé l'imparfait du subjonctif qui se cache dans ce post autrement sans intérêt? Tu as gagné un bisou.
PPS: tu crois que tu peux recevoir un bisou sur Internet? Mais bien sûr. Pour le récupérer, tape youporn.com. (Tu as moins de 18 ans? N'oublie pas d'activer le mode navigation cachée. Sinon tu peux dire au revoir à ton argent de poche menstruel).
lundi 27 mai 2013
C'est dans la tête
Allongée sur le dos la tête dans la machine. Dans mon bras le tentacule pénètre ma veine. Je suis prévenue: je vais avoir chaud. Ben pour l'instant j'ai plutôt froid dans ce troisième sous-sol à la lumière de salle d'autopsie, ça tombe bien. Pas de panique, je suis tranxénisée à mort, donc détendue du système nerveux central, périphérique et orbital. Je ferme les yeux, ziiiim, bouuuum, ouiiiiz, ça bruisse, je sens rien, ça va on va pas en faire un plat. Et puis tout d'un coup le micro se déclenche, ici Houston madame, j'injecte hein, ça va bien se passer. Et là mon bras explose. Je sais que je dois pas bouger et je m'étais promis d'être sage, mais la douleur dans le bras me laisse échapper un aïe. Parce que ça fait mal, certes, mais aussi, un peu, pour prévenir qu'au cas où le fait d'avoir mal dès le départ était un signe que mon bras allait tomber, ou moi devenir vert anis, me mettre à braire ou à baver de la mousse radioactive, ben c'était le moment de se mettre à paniquer.
En fait le robot du micro ne dit rien, j'en déduis pendant un quart de seconde qu'il s'en fout/qu'il est mort /qu'il rigole/qu'il me trouve douillette. Voire tout à la fois (qu'un mec meure en rigolant et en me trouvant douillette, je suis quand même un tantinet humiliée, là). Et un quart de seconde plus tard, ma tête se met à cuire, je sens mon cerveau qui fait des bulles, c'est très chaud, trop chaud.... C'est un film d'horreur et de science-fiction à la fois. Il m'a injecté des cafards dans le bras, ils courent dans mes veines jusqu'à ma tête, il font un feu de joie, ils sont tout fous. Et puis à la vitesse de l'éclair il se ruent le long de ma colonne et sortent par la fouffe, en un nuage chaud et liquide. Mon corps entier bout et se tend, je ne suis pas attachée mais je suis immobile, ils m'ont eue, les vaches. C'est fini madame dit le robot du micro. Ta mère c'est fini! J'ouvre les yeux, je vois un jeune homme à l'air soucieux, qui me ça-va-madamise en boucle, parce que non, je çavamadamise pas du tout. Il reste deux petits cafards derrière mes paupières qui les ferment de force et qui éteignent mon cerveau. Madaaaaaaameçàavamadaaaaaaame vous arrivez à respirer madaaaaaaame.......fermez pas les yeuuuux....
Suit une lutte acharnée entre le cafard de ma tête et le monsieur. Je ne suis que l'instrument de leur communication, l'enjeu de leur affrontement. Ca va madame? Non. Vous arrivez à respirer? Oui. Je lui réponds dans ma tête, ma bouche refusant obstinément de s'ouvrir. Je vais secouer la tête à la place, tiens. Ah ben non je peux pas non plus, je vais plutôt fermer les yeux et dormir en vomissant, ça me paraît vachement plus attractif soudain comme option. Madâââââme.
Et puis mes yeux s'ouvrent, ma bouche aussi, mon menton se met à trembler et une petite cohorte de cafards sortent de mes lèvres entrouvertes et de mes yeux qui luttent pour pas pleurer. De leurs petites pattes ils descendent de mon visage à la queue-leu-leu, dégringolent de la machine en ricanant, on l'a bien eue, prennent la porte et vont coloniser une autre poche d'iode, pour la prochaine qui viendra s'allonger là.
En fait le robot du micro ne dit rien, j'en déduis pendant un quart de seconde qu'il s'en fout/qu'il est mort /qu'il rigole/qu'il me trouve douillette. Voire tout à la fois (qu'un mec meure en rigolant et en me trouvant douillette, je suis quand même un tantinet humiliée, là). Et un quart de seconde plus tard, ma tête se met à cuire, je sens mon cerveau qui fait des bulles, c'est très chaud, trop chaud.... C'est un film d'horreur et de science-fiction à la fois. Il m'a injecté des cafards dans le bras, ils courent dans mes veines jusqu'à ma tête, il font un feu de joie, ils sont tout fous. Et puis à la vitesse de l'éclair il se ruent le long de ma colonne et sortent par la fouffe, en un nuage chaud et liquide. Mon corps entier bout et se tend, je ne suis pas attachée mais je suis immobile, ils m'ont eue, les vaches. C'est fini madame dit le robot du micro. Ta mère c'est fini! J'ouvre les yeux, je vois un jeune homme à l'air soucieux, qui me ça-va-madamise en boucle, parce que non, je çavamadamise pas du tout. Il reste deux petits cafards derrière mes paupières qui les ferment de force et qui éteignent mon cerveau. Madaaaaaaameçàavamadaaaaaaame vous arrivez à respirer madaaaaaaame.......fermez pas les yeuuuux....
Suit une lutte acharnée entre le cafard de ma tête et le monsieur. Je ne suis que l'instrument de leur communication, l'enjeu de leur affrontement. Ca va madame? Non. Vous arrivez à respirer? Oui. Je lui réponds dans ma tête, ma bouche refusant obstinément de s'ouvrir. Je vais secouer la tête à la place, tiens. Ah ben non je peux pas non plus, je vais plutôt fermer les yeux et dormir en vomissant, ça me paraît vachement plus attractif soudain comme option. Madâââââme.
Et puis mes yeux s'ouvrent, ma bouche aussi, mon menton se met à trembler et une petite cohorte de cafards sortent de mes lèvres entrouvertes et de mes yeux qui luttent pour pas pleurer. De leurs petites pattes ils descendent de mon visage à la queue-leu-leu, dégringolent de la machine en ricanant, on l'a bien eue, prennent la porte et vont coloniser une autre poche d'iode, pour la prochaine qui viendra s'allonger là.
dimanche 5 mai 2013
Rêve ordinaire
Maman ya des bêtes dans ma chambre.
(photo Walter Beasley, NG) (Ben oui vous croyez que je prends mes cauchemars en photo? Alors qu'ya des gens qui font ça si bien à ma place?)
mercredi 27 mars 2013
lundi 4 mars 2013
Lavage
Debout dans la douche, je regarde le sang qui coule le long de mes jambes. Rouge vif, il se dilue grenadine avec l'eau et disparaît dans le trou en longs sillons gore. Ca gicle comme si à l'intérieur quelqu'un pressait des mains mon utérus à intervalle régulier. C'est joli et ça donne le vertige à la fois.
Dans le sillon rouge clair, un caillot tombe. Un autre.
Ils s'étirent, vrillent et se tortillent, emportés par l'eau qui coule sur moi. Ils sont petit, oblongs, petits haricots rouge foncé qui tombent de moi.
Tout d'un coup des pattes leurs poussent. Des antennes surgissent. Ils prennent pied au fond de la baignoire, et c'est en courant qu'il se jettent dans le drain pour rejoindre la horde.
Un par un, de mon sexe nu, tombent des milliers de cafards.
Et je hurle.
Dans le sillon rouge clair, un caillot tombe. Un autre.
Ils s'étirent, vrillent et se tortillent, emportés par l'eau qui coule sur moi. Ils sont petit, oblongs, petits haricots rouge foncé qui tombent de moi.
Tout d'un coup des pattes leurs poussent. Des antennes surgissent. Ils prennent pied au fond de la baignoire, et c'est en courant qu'il se jettent dans le drain pour rejoindre la horde.
Un par un, de mon sexe nu, tombent des milliers de cafards.
Et je hurle.
lundi 25 février 2013
Miam
Cafard
Amer
Fatigue
Assez
Ras le bol
Débarras
Ils ont envahi le placard à bouffe pourtant quasi-désertique. Il faut agir ou craquer.
Ou les deux.
Premièrement, la capture.
(Oui, au barbecue, c'est mieux).
Ya plus qu'à déguster.
Not convinced?
Amer
Fatigue
Assez
Ras le bol
Débarras
Ils ont envahi le placard à bouffe pourtant quasi-désertique. Il faut agir ou craquer.
Ou les deux.
Premièrement, la capture.
Deuxièmement, la cuisson.
Ya plus qu'à déguster.
Not convinced?
vendredi 15 février 2013
Plat de résistance
Je fais comme s'il n'y avait pas un cafard tout plat collé sur la tranche de mon placard.
J'ouvre mon placard, je prends une casserole, je rince la casserole (pour la débarrasser des éventuels œufs de cafards collés. Je veux bien manger du cheval 100% pur boeuf, mais des larves de cafard non, merci. J'ai déjà goûté des sauterelles en 1993, j'ai rempli mon contrat-insectes pour cette vie-là), et je referme la porte du placard. Comme si j'avais rien vu.
D'habitude les cafards je fais exprès de les tuer (et pas exprès de les rater) mais celui-là j'ai même pas fait exprès dites. Un jour il devait passer par là, tralalilalère, c'était son tour de terroriser la ménagère, ses potes lui ont dit "vas-y Roger, c'est à toi, fais-la crier et trépigner dans sa nuisette", il a dû répondre "rôô non les gars déconnez pas c'est pas mon tour c'est le tour à Fernand pis moi j'ai piscine ce soir dans le lave-vaisselle" mais ses potes ont rien voulu savoir, ils lui ont dit que s'il y allait pas c'était pas un vrai mâle, ils avaient un ptit coup dans le nez (j'avais renversé du Jurançon à côté de l'évier la veille) et il a dit bon c'est bon j'y vais d'accord zêtes lourds les gars et paf, le cafard. C'est à ce moment-là que j'ai pris la casserole, et refermé la porte avec ma violence coutumière d'énervée de la vie.
Les potes en sont restés coi et con, la veuve a bien pleuré, ses larves sont devenues pupilles de la nation, et moi j'ai rien vu.
Et pendant des jours et des jours, j'ai ouvert-refermé la porte du placard pour prendre des casseroles, aplatissant chaque fois un peu plus le macchabée ratatiné.
Et puis je l'ai repéré. J'ai poussé le cri de la mort, vite avorté quand j'ai constaté qu'il ne bougeait plus.
Sur la photo ya pas l'échelle mais je vous jure qu'il est très grand--parce que très plat. Mon cafard il est tellement plat on pourrait le faxer.
Je l'ai laissé une journée. En faisant comme s'il n'était pas là. Mais il était dans un coin de ma tête, alors j'ai pris mon courage et du sopalin à deux mains pour l'enlever.
Il était collé.
Collé grave. J'ai dû gratter, il partait par morceaux. On aurait dit un vieux reste de cendres au fond d'un pot à confiture dix ans après la crémation.
Mais haut les coeurs! La vie continue. les nouvelles générations prennent le relai, les larves éclosent, en ce moment ya plein de bébés cafards qui courent partout dans la cuisine et dans les chiottes. C'est trop mignon à écraser.
J'ouvre mon placard, je prends une casserole, je rince la casserole (pour la débarrasser des éventuels œufs de cafards collés. Je veux bien manger du cheval 100% pur boeuf, mais des larves de cafard non, merci. J'ai déjà goûté des sauterelles en 1993, j'ai rempli mon contrat-insectes pour cette vie-là), et je referme la porte du placard. Comme si j'avais rien vu.
D'habitude les cafards je fais exprès de les tuer (et pas exprès de les rater) mais celui-là j'ai même pas fait exprès dites. Un jour il devait passer par là, tralalilalère, c'était son tour de terroriser la ménagère, ses potes lui ont dit "vas-y Roger, c'est à toi, fais-la crier et trépigner dans sa nuisette", il a dû répondre "rôô non les gars déconnez pas c'est pas mon tour c'est le tour à Fernand pis moi j'ai piscine ce soir dans le lave-vaisselle" mais ses potes ont rien voulu savoir, ils lui ont dit que s'il y allait pas c'était pas un vrai mâle, ils avaient un ptit coup dans le nez (j'avais renversé du Jurançon à côté de l'évier la veille) et il a dit bon c'est bon j'y vais d'accord zêtes lourds les gars et paf, le cafard. C'est à ce moment-là que j'ai pris la casserole, et refermé la porte avec ma violence coutumière d'énervée de la vie.
Les potes en sont restés coi et con, la veuve a bien pleuré, ses larves sont devenues pupilles de la nation, et moi j'ai rien vu.
Et pendant des jours et des jours, j'ai ouvert-refermé la porte du placard pour prendre des casseroles, aplatissant chaque fois un peu plus le macchabée ratatiné.
Et puis je l'ai repéré. J'ai poussé le cri de la mort, vite avorté quand j'ai constaté qu'il ne bougeait plus.
Sur la photo ya pas l'échelle mais je vous jure qu'il est très grand--parce que très plat. Mon cafard il est tellement plat on pourrait le faxer.
Je l'ai laissé une journée. En faisant comme s'il n'était pas là. Mais il était dans un coin de ma tête, alors j'ai pris mon courage et du sopalin à deux mains pour l'enlever.
Il était collé.
Collé grave. J'ai dû gratter, il partait par morceaux. On aurait dit un vieux reste de cendres au fond d'un pot à confiture dix ans après la crémation.
Mais haut les coeurs! La vie continue. les nouvelles générations prennent le relai, les larves éclosent, en ce moment ya plein de bébés cafards qui courent partout dans la cuisine et dans les chiottes. C'est trop mignon à écraser.
dimanche 20 janvier 2013
2013, année de la chaise.
Les voisins sont bruyants. Tous. Sauf la Mamie d'en dessous, qui est un fossile silencieux à la vie moquetée, et dont je n'entends parler que quand l'un des mes diaboliques appareils ménagers déborde, inonde et fait pleuvoir chez elle. Ou quand j'arrose mon basilic, que ça coule sur sa fenêtre et qu'elle est pas contente (ça doit mouiller la moquette). Le basilic ests tombé lors de la dernière tempête, donc nos rapports sont plutôt neutres.
En revanche la voisine d'à côté hurle en polonais environ tout le temps. Sur son fils ou sur personne. Comme notre cloison commune est celle du salon, ça ne m'empêche pas de dormir.
Les voisins du dessus crient beaucoup, et font tomber pas mal de trucs. C'est surtout le père qui gueule, éventuellement le fils aîné, qui doit avoir dans les 15 ans. Parfois des meubles tombent. Les chaises doivent voler bas. La mère je l'entends moins, et la fille, qui a onze ans, je ne l'entends pas. Sauf lorsqu'elle pleure.
Un soir de janvier, vers 22heures et des brouettes, moi je travaillais à mon bureau, Mozart dans les oreilles. Et la petite du dessus s'est mise à hurler. Elle a l'âge de la mienne, mes tripes maternelles ne peuvent s'empêcher de faire des comparaisons. Sauf que la mienne, elle n'a jamais hurlé comme ça. Une fois peut-être quand un bout de son doigt est resté dans l'encadrement de la porte et que la porte a claqué, elle a passé le mur du son. Ya longtemps.
La petite se met à hurler, mon coeur se serre, la fonction culpabilité de mon cerveau se met sur "on," je dis à Mozart de jouer plus fort, je bosse. Ce n'est pas la première fois. Qu'est-ce que je peux faire? Monter avec mon costume de justicière bien-pensante occidentale, tambouriner à la porte et leur hurler qu'on n'assomme pas une gamine de onze ans à l'heure où les braves gens dorment, quoi qu'elle ait fait? Je le prendrais comment, moi, si la voisine d'à côté venait me faire la morale quand je hurle sur mon fils ou qu'il se prend une fessée?
Mais elle ne s'arrête pas. Elle hurle et elle proteste. Pas comme quand on se prend une paire de baffes, que le choc est violent et soudain s'arrête, non, comme si on lui faisait quelque chose.
Je ne travaille plus. J'ai étouffé Mozart. La boule de mon ventre est montée à la gorge.
Elle ne s'arrête pas. Ca doit faire quoi, une minute? C'est long, une branlée d'une minute non?
Qu'est-ce qu'ils lui font?
Brusquement je passe en mode "extinction cérébrale." c'est insupportable d'entendre cette gamine hurler, et tant pis pour ce qui pourrait m'arriver à moi, si je monte, seule, femme, nuitamment, chez ces gens.
Parce qu'aussi lâche et indigne que cela paraisse, c'est bien pour protéger notre peau que le plus souvent, on ne défend pas celle des autres, fussent-ils des enfants. Pour agir, il faut neutraliser son côté pensant, celui qui dit mais tu vas t'en prendre une aussi!!! Que ce soit pour la gamine du dessus, le clodo qui se fait emmerder, souvent, trop souvent, le cerveau a raison des tripes et trouve la bonne excuse pour pas y aller.
Bon là mes tripes me sont montées à la gorge, et moi je suis montée au cinquième après avoir enfilé des sabots et attrapé mes clés au passage.
Je suis devant leur porte, la petite hurle toujours. Je mets le doigt sur l'oeilleton, et je sonne. Les hurlements s'arrêtent immédiatement. On chuchote. On approche. On n'ouvre pas. Je sonne. je re-sonne. Je re-re-re-sonne. Je laisse le doigt sur la sonnette. Ils m'énervent. Ils peuvent quand meme pas faire semblant de pas être là, non seulement ils tapent leur gamine mais en plus ils me prennent pour une conne.
La porte s'ouvre, c'est le grand ado de 15 ans. "Elle va bien ta soeur? Je l'entends crier qu'est-ce qu'il se passe?"
Et là, la réponse qui tue:
"Elle est tombée de sa chaise".
Ah ouf. J'ai eu peur, à un moment j'ai cru qu'ils la tabassaient dites-donc. Mais si elle est juste tombée de sa chaise, c'est normal qu'à onze ans elle hurle comme si on lui arrachait une dent sans anesthésie. C'est vrai, yen a qui en sont morts il paraît.
"Je peux la voir?"
J'avance dans le couloir, la petite est là, dans l'encadrement de la porte d'une chambre, en larmes, la tête basse.
"Ca va? Qu'est-ce qui t'est arrivé?"
"..tombée de la chaise."
"Quelle chaise? Où ça?"
Elle me désigne la direction du salon du bout du menton. Le grand frère a disparu, les parents ne jugent pas intéressant d'être là, ils restent dans le salon. Ca doit être normal qu'une parfaite inconnue rentre chez vous le soir poser des question à votre gamine.
"T'as mal où?"
Elle me désigne le milieu de son dos. Je le touche, elle ne réagit pas. Je lui prends le bras, lui montre une cicatrice bizarre, qui pourrait être une brûlure--ou une tache de naissance un peu croûteuse. "C'est quoi ça ma puce?" "Je sais pas."
"Alors t'es tombée de ta chaise? Mais ça t'arrive souvent de tomber d'une chaise comme ça?"
Elle garde la tête baissée. Murmure.
"Oui."
Je lui dis que je suis en dessous. Qu'elle peut venir quand elle veut. Si elle a un problème. Ou pas. Je repars, le fils qui m'entends ouvrir la porte vient la refermer derrière moi.
Je rentre chez moi, les vannes s'ouvrent, je chiale dix minutes et..j'appelle le 119. Où une dame m'explique après que je lui ai tout raconté que chaque famille a ses méthodes d'éducation. Que tant qu'il n'y a pas de violence conjugale (sic) manifeste, et étant donné qu'ils m'ont laissée entrer, tout va pour le mieux. Sinon ils ne m'auraient pas laissée pénétrer chez eux. Pas moyen de lui faire comprendre qu'à 11 ans on ne se fait pas mal en tombant d'une chaise au point de hurler de douleur pendant des plombes, que j'ai une fille de onze ans, j'ai une vague idée du fonctionnement de la machine, et que je vois bien que quelque chose ne va pas. Mais non; elle m'assure que tant que je n'ai rien vu, il ne s'est rien passé. Alors quels sont les signes, lui demandé-je? Quels indices justifient qu'on appelle ce fameux 119? Eh ben c'est trèèèèèès simple: "Si vous voyez des parents être violents en public, par exemple".
Ah ben oui suis-je bête. Si la mère lui colle un coup de ceinture devant l'école ou que son père la viole dans l'ascenseur devant moi, je rappelle.
Il paraît qu'on ne peut rien faire.
En revanche la voisine d'à côté hurle en polonais environ tout le temps. Sur son fils ou sur personne. Comme notre cloison commune est celle du salon, ça ne m'empêche pas de dormir.
Les voisins du dessus crient beaucoup, et font tomber pas mal de trucs. C'est surtout le père qui gueule, éventuellement le fils aîné, qui doit avoir dans les 15 ans. Parfois des meubles tombent. Les chaises doivent voler bas. La mère je l'entends moins, et la fille, qui a onze ans, je ne l'entends pas. Sauf lorsqu'elle pleure.
Un soir de janvier, vers 22heures et des brouettes, moi je travaillais à mon bureau, Mozart dans les oreilles. Et la petite du dessus s'est mise à hurler. Elle a l'âge de la mienne, mes tripes maternelles ne peuvent s'empêcher de faire des comparaisons. Sauf que la mienne, elle n'a jamais hurlé comme ça. Une fois peut-être quand un bout de son doigt est resté dans l'encadrement de la porte et que la porte a claqué, elle a passé le mur du son. Ya longtemps.
La petite se met à hurler, mon coeur se serre, la fonction culpabilité de mon cerveau se met sur "on," je dis à Mozart de jouer plus fort, je bosse. Ce n'est pas la première fois. Qu'est-ce que je peux faire? Monter avec mon costume de justicière bien-pensante occidentale, tambouriner à la porte et leur hurler qu'on n'assomme pas une gamine de onze ans à l'heure où les braves gens dorment, quoi qu'elle ait fait? Je le prendrais comment, moi, si la voisine d'à côté venait me faire la morale quand je hurle sur mon fils ou qu'il se prend une fessée?
Mais elle ne s'arrête pas. Elle hurle et elle proteste. Pas comme quand on se prend une paire de baffes, que le choc est violent et soudain s'arrête, non, comme si on lui faisait quelque chose.
Je ne travaille plus. J'ai étouffé Mozart. La boule de mon ventre est montée à la gorge.
Elle ne s'arrête pas. Ca doit faire quoi, une minute? C'est long, une branlée d'une minute non?
Qu'est-ce qu'ils lui font?
Brusquement je passe en mode "extinction cérébrale." c'est insupportable d'entendre cette gamine hurler, et tant pis pour ce qui pourrait m'arriver à moi, si je monte, seule, femme, nuitamment, chez ces gens.
Parce qu'aussi lâche et indigne que cela paraisse, c'est bien pour protéger notre peau que le plus souvent, on ne défend pas celle des autres, fussent-ils des enfants. Pour agir, il faut neutraliser son côté pensant, celui qui dit mais tu vas t'en prendre une aussi!!! Que ce soit pour la gamine du dessus, le clodo qui se fait emmerder, souvent, trop souvent, le cerveau a raison des tripes et trouve la bonne excuse pour pas y aller.
Bon là mes tripes me sont montées à la gorge, et moi je suis montée au cinquième après avoir enfilé des sabots et attrapé mes clés au passage.
Je suis devant leur porte, la petite hurle toujours. Je mets le doigt sur l'oeilleton, et je sonne. Les hurlements s'arrêtent immédiatement. On chuchote. On approche. On n'ouvre pas. Je sonne. je re-sonne. Je re-re-re-sonne. Je laisse le doigt sur la sonnette. Ils m'énervent. Ils peuvent quand meme pas faire semblant de pas être là, non seulement ils tapent leur gamine mais en plus ils me prennent pour une conne.
La porte s'ouvre, c'est le grand ado de 15 ans. "Elle va bien ta soeur? Je l'entends crier qu'est-ce qu'il se passe?"
Et là, la réponse qui tue:
"Elle est tombée de sa chaise".
Ah ouf. J'ai eu peur, à un moment j'ai cru qu'ils la tabassaient dites-donc. Mais si elle est juste tombée de sa chaise, c'est normal qu'à onze ans elle hurle comme si on lui arrachait une dent sans anesthésie. C'est vrai, yen a qui en sont morts il paraît.
"Je peux la voir?"
J'avance dans le couloir, la petite est là, dans l'encadrement de la porte d'une chambre, en larmes, la tête basse.
"Ca va? Qu'est-ce qui t'est arrivé?"
"..tombée de la chaise."
"Quelle chaise? Où ça?"
Elle me désigne la direction du salon du bout du menton. Le grand frère a disparu, les parents ne jugent pas intéressant d'être là, ils restent dans le salon. Ca doit être normal qu'une parfaite inconnue rentre chez vous le soir poser des question à votre gamine.
"T'as mal où?"
Elle me désigne le milieu de son dos. Je le touche, elle ne réagit pas. Je lui prends le bras, lui montre une cicatrice bizarre, qui pourrait être une brûlure--ou une tache de naissance un peu croûteuse. "C'est quoi ça ma puce?" "Je sais pas."
"Alors t'es tombée de ta chaise? Mais ça t'arrive souvent de tomber d'une chaise comme ça?"
Elle garde la tête baissée. Murmure.
"Oui."
Je lui dis que je suis en dessous. Qu'elle peut venir quand elle veut. Si elle a un problème. Ou pas. Je repars, le fils qui m'entends ouvrir la porte vient la refermer derrière moi.
Je rentre chez moi, les vannes s'ouvrent, je chiale dix minutes et..j'appelle le 119. Où une dame m'explique après que je lui ai tout raconté que chaque famille a ses méthodes d'éducation. Que tant qu'il n'y a pas de violence conjugale (sic) manifeste, et étant donné qu'ils m'ont laissée entrer, tout va pour le mieux. Sinon ils ne m'auraient pas laissée pénétrer chez eux. Pas moyen de lui faire comprendre qu'à 11 ans on ne se fait pas mal en tombant d'une chaise au point de hurler de douleur pendant des plombes, que j'ai une fille de onze ans, j'ai une vague idée du fonctionnement de la machine, et que je vois bien que quelque chose ne va pas. Mais non; elle m'assure que tant que je n'ai rien vu, il ne s'est rien passé. Alors quels sont les signes, lui demandé-je? Quels indices justifient qu'on appelle ce fameux 119? Eh ben c'est trèèèèèès simple: "Si vous voyez des parents être violents en public, par exemple".
Ah ben oui suis-je bête. Si la mère lui colle un coup de ceinture devant l'école ou que son père la viole dans l'ascenseur devant moi, je rappelle.
Il paraît qu'on ne peut rien faire.
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