vendredi 15 février 2013

Plat de résistance

Je fais comme s'il n'y avait pas un cafard tout plat collé sur la tranche de mon placard.
J'ouvre mon placard, je prends une casserole, je rince la casserole (pour la débarrasser des éventuels œufs de cafards collés. Je veux bien manger du cheval 100% pur boeuf, mais des larves de cafard non, merci. J'ai déjà goûté des sauterelles en 1993, j'ai rempli mon contrat-insectes pour cette vie-là), et je referme la porte du placard. Comme si j'avais rien vu.


D'habitude les cafards je fais exprès de les tuer (et pas exprès de les rater) mais celui-là j'ai même pas fait exprès dites. Un jour il devait passer par là, tralalilalère, c'était son tour de terroriser la ménagère, ses potes lui ont dit "vas-y Roger, c'est à toi, fais-la crier et trépigner dans sa nuisette", il a dû répondre "rôô non les gars déconnez pas c'est pas mon tour c'est le tour à Fernand pis moi j'ai piscine ce soir dans le lave-vaisselle" mais ses potes ont rien voulu savoir, ils lui ont dit que s'il y allait pas c'était pas un vrai mâle, ils avaient un ptit coup dans le nez (j'avais renversé du Jurançon à côté de l'évier la veille) et il a dit bon c'est bon j'y vais d'accord zêtes lourds les gars et paf, le cafard. C'est à ce moment-là que j'ai pris la casserole, et refermé la porte avec ma violence coutumière d'énervée de la vie.

Les potes en sont restés coi et con, la veuve a bien pleuré, ses larves sont devenues pupilles de la nation, et moi j'ai rien vu.
Et pendant des jours et des jours, j'ai ouvert-refermé la porte du placard pour prendre des casseroles, aplatissant chaque fois un peu plus le macchabée ratatiné.

Et puis je l'ai repéré. J'ai poussé le cri de la mort, vite avorté quand j'ai constaté qu'il ne bougeait plus.
Sur la photo ya pas l'échelle mais je vous jure qu'il est très grand--parce que très plat. Mon cafard il est tellement plat on pourrait le faxer.

Je l'ai laissé une journée. En faisant comme s'il n'était pas là. Mais il était dans un coin de ma tête, alors j'ai pris mon courage et du sopalin à deux mains pour l'enlever.
Il était collé.

Collé grave. J'ai dû gratter, il partait par morceaux. On aurait dit un vieux reste de cendres au fond d'un pot à confiture dix ans après la crémation.

Mais haut les coeurs! La vie continue. les nouvelles générations prennent le relai, les larves éclosent, en ce moment ya plein de bébés cafards qui courent partout dans la cuisine et dans les chiottes. C'est trop mignon à écraser.




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