mardi 9 mars 2010

A mains nues

Il est 23h52.Le HLM est endormi. Dans la poubelle repose le cadavre encore tiède d'un cafard sorti de sous le congélo. Pas de bol, celui-là souffrait d'une anomalie génétique: il n'était pas photophobe comme les copains. Du coup quand j'ai ouvert le congélateur pour dégommer l'iceberg qui en empêche la fermeture, il s'est taillé en courant dans la mauvaise direction.

Prise d'une rage folle et justement, vu que j'avais besoin de passer mes nerfs sur quelqu'un pour compenser le fait que j'allais devoir consacrer les vingt minutes qui suivraient à tailler un iceberg au pic à glace en plastique, c'est déjà pénible cette température qu'il fait dehors madame Michu, alors si c'est en plus pour se geler les miches dans le bac à glaçons à la maison où va-t-on, je me suis saisie - que dis-je, j'ai arraché d'un geste violent mais toujours élégant et féminin bien sûr - une feuille de sopalin, et je lui ai fait sa fête, à la bestiole. Deux fois. La première, je l'ai prise à la gorge pour tenter de l'asphyxier ou de le garotter à la Franco - mais j'ai dû me tromper de côté, ce que j'ai pris pour son cou devait être son cul, je sais pas, bref il a continué à courir en hurlant (sisi les miens ils hurlent) et j'ai dû opter pour la solution de secours: l'écrabouillage à la haïtienne.

J'aimerais pouvoir les filer en pâture au chat après, telle la cruelle Romaine jetant aux lions les restes de son gladiateur à la garantie périmée, mais mon fauve personnel s'en tamponne le coquillard et pour lui, hors des pâtées dégueu leader Price, point de salut.

Je me demande si c'est pas eux qui font exprès d'entrouvrir en douce, toutes les nuits, mon congélateur, pour que s'y forme cette calotte glaciaire énergivore et éjecteuse de porte et pouvoir se gaver de toutes les miettasses mouillées qui finiront tôt ou tard par en dégouliner - à moins qu'ils ne le fassent juste pour le plaisir de m'emmerder.

Gaffe les blattes, dans trois jours ya monsieur Paris-Habitat qui passera avec sa pipette mettre du vilain poison sous mon évier, et on va voir ce qu'on va voir.

Ben là ils ne hurlent plus. Je les entends qui rigolent.

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