mardi 6 octobre 2015

Tout a une fin, forcément.

Moi aussi, mais pas ce soir apparemment, puisque malgré une gorge en berne, un urticaire géant et un passage sur scène en bas résilles je suis encore debout et pas mal ingambe.
(Mais si, vous connaissez ce mot).

Il est donc temps de conclure, comme dirait Jean-Claude (j'ai de hautes références culturelles. Mais vous aussi alors ça va).

Le bouffon Rigoletto vient d'apprendre que sa fille s'était fait déshonorer par son patron. C'est agaçant. Subséquemment, il est agacé. Il décide, devinez quoi, de se venger. Gilda lui dit non quand même, abuse pas, je l'aime moi ce monsieur, il m'a vue nue et tout. Mais vous connaissez les pères, soit ils s'en foutent, soit ils sont surprotecteurs. Or, Rigoletto est en colère et ça va chier des bulles carrées.

Tout à coup et très soudainement, on retrouve Gilda et son bossu de papa près d'une auberge. Ils regardent par la fenêtre et il se trouve, hasard heureux, que c'est l'auberge de l'assassin (appelons-le Sparafucile puisqu'il s'appelle comme ça, et je vous invite à le prononcer sparafoutchilé, ça fait plus authentique). Et qui a réservé une chambre ce soir-là dans cette auberge??? Leduc!!!! Qui se met à chanter sa célèbre chanson "La donna e mobile", qui ne veut donc pas dire "tu me donnes ton portable" mais "les filles c'est rien que des pétasses interchangeables".

Là:



On se dit que Gilda, horrifiée, va rentrer à la maison en chouignant qu'on ne l'y reprendra plus mais pas du touuuuuuut. Elle reste. Elle en veut encore. Evidemment, elle va en avoir. Car la belle Maddalena, la soeur de l'assassin, qui a servi d'appât pour attirer Leduc à l'auberge, fait tout un tas de minauderies au vilain libertin et se le met dans la poche (ou plutôt dans le décolleté). Et Gilda la crétine, elle rentre en trombe et colle une branlée au gars?
Non, elle chouine à la fenêtre.

Rigoletto dit à Gilda maintenant tu te sapes en mec pour pas te faire harceler dans le métro, et tu te tires, loin. Puis il donne de la thune à Sparafucile: mon gars, tu trucides le salaud qui a poinçonné ma fille et je te file le reste à la livraison du macchabée. Deal? Deal.

Sparafucile retourne dans l'auberge, et là sa frangine qui est au parfum lui dit que finalement non, c'est pas une bonne idée, de fumer le gars. Pourquoi? Ben parce qu'elle L'AIME pardi!
(Je pense que Verdi utilisait beaucoup de drogue ou un truc comme ça. C'est pas naturel de concevoir un type pareil et de se dire qu'on va y croire.)
(Après c'est vrai qu'il y a certaines personnes, à peine je les vois j'ai envie de sauter dessus, mais c'est bien rare que ça fasse le même effet à tout le monde. Même Patrick Bruel a ses détracteurs. Bref).

Donc Maddalena dit au frangin écoute, t'as qu'à tuer le bouffon! Après tout il t'a déjà filé pas mal de blé. Et là c'est assez cocasse, parce que Spara pique une colère: Quoi!!!! Non mais tu me prends pour un VOLEUR ou quoi!!!! Je suis un assassin honnête moi, morue. J'ai été payé pour tuer, je tuerai.

Mais comme il aime bien sa petite soeur, il dit bon, ok, on tue quelqu'un d'autre, il faut qu'un voyageur se pointe avant minuit et on se l'envoie, on le colle dans le sac et on refile le tout au bossu, ni vu ni connu j't'embrouille (c'est pas beau l'amour fraternel?)

Gilda a tout entendu. Et comme elle a un ptit côté Jeanne d'Arc, genre laissez laissez j'y vais, elle se précipite dans l'auberge et vlan, elle reçoit un bon coup de poignard (ça fait beaucoup symboliquement pour une seule vierge en si peu de temps).


Et là tout le sadisme de l'opéra (hou que c'est bon). Rigoletto vient récupérer le cadavre dans un sac, le pose à côté de la flotte où il va le jeter, il fait sa petite danse de la joie, genre haha on fait moins le malin, tout mort dans un sac, hein,c 'est qui qui rigole maintenant???? C'est Rigoletto!

Et dans la nuit une voix s'élève...."La donna e mobile...."

Horreur. Le bouffon réalise que c'est quelqu'un d'autre, là, à ses pieds. Il regarde. Gilda!

Il a payé pour faire assassiner sa propre fille (déjà qu'il avait participé à son enlèvement au 2e acte, souvenez-vous). Comme elle est pas tout à fait morte, elle chantonne pardon papa, désolée, je pouvais pas faire autrement, je vais aller aider maman à faire les antipasti au ciel, on t'attend et au fait le bon numéro pour le loto ce soir c'est argh.

Et là Rigoletto n'a plus qu'à hurler à la mort, seul, dans la nuit. Putain de malédiction.



Sympa hein?

On notera en analyse de texte que les femmes sont soit des catins, soit des vierges (comme c'est original), que le méchant gagne à la fin (un peu de cynisme ne nuit pas) et que quand on naissait handicapé "à l'époque" (expression utilisée par mes enfants pour situer mon enfance, c'est-à-dire quelque part entre la découverte de l'Amérique et la mort d'Émile Zola) eh ben on en chiait du début à la fin sans la moindre exception.

Et au passage que Gilda est une cruche.

En revanche son rôle, musicalement, est une pure merveille, et si vous n'y étiez pas hier soir pour écouter Manon le chanter alors vous êtes passés à côté d'un orgasme auditif et tripal. Je vous plains...




(C'est absolument pas aussi réussi que quand c'est chanté par Manon Bautian et Frédéric Cornille mais ça donne une bonne idée de l'ambiance, et puis c'est dommage de passer à côté d'une jolie petite agonie musicale père-fille quand on peut s'en offrir une).


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