Il fait gris et moche, et dehors aussi, le carrelage du hall 5 avance à grand pas dans la mochitude, les voisins se livrent au hurlement automnal pour être bien prêts à crier cet hiver. Ca pèle dehors, ça pèle dedans. Dans ma cuisine, la ploquitude a vécu, maintenant c'est opération séchage.
Tant qu'il pleuvait dans l'évier, je croyais, grande naïve, que seul le plafond était atteint. Mais j'assiste hélas chaque jour à un effeuillage en règle de la peinture de la cuisine. Shocking.
Et mes pauvres petits n'en mènent pas large. Ils ont beau essayer de cacher de leur corps l'impudique déshabillage des murs de la cuisine, ils sentent bien que ça va leur tomber dessus à court terme. Et moi au lieu de voler à leur secours, je les prends en photo. En cela j'obéis aux normes morales de notre XXIe siècle: tu prends en photo d'abord, tu discutes ensuite.
Je vous laisse juge de leur désarroi et du mauvais traitement que je leur réserve. Mais je veux qu'on sache que j'ai toujours pris le plus grand soin d'eux, de la grande comme du petit, et ce dans les nombreux appartements où je les ai trimballés. J'en profite pour leur faire passer un message qui les fera, j'espère, réfléchir à deux fois avant de se lancer sans moi dans la banquise du vaste monde, découragés par leur conditions de vie et la mauvaise hygiène que bien malgré moi je leur impose : mes chéris, ça ne durera pas toujours. Un jour on habitera dans un endroit salubre à nouveau. Sans cafards qui vous marchent dessus, sans peinture écaillée, sans voisins hystérico-fouteurs de gueule pour vous tenir réveillés la nuit. Tenez bon. Et surtout, comme vous l'avez fait pour la photo, restez toujours solidaires et ne vous séparez pas: à deux, on est plus forts.